A Montpellier, des divisions et encore des divisions avant les municipales

A Montpellier, des divisions et encore des divisions avant les municipales

Neuf ans après la mort du socialiste Georges Frêche, figure dominante qui dirigea Montpellier pendant près de trois décennies, la division règne...
Public Sénat

Par Isabelle LIGNER

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Neuf ans après la mort du socialiste Georges Frêche, figure dominante qui dirigea Montpellier pendant près de trois décennies, la division règne dans la ville languedocienne à l'approche des municipales.

Le paysage politique de la septième ville de France est "inhabituellement fragmenté", souligne le politologue Emmanuel Négrier.

"Elu par surprise dans le cadre d'une quadrangulaire" en 2014 après être entré en dissidence du Parti socialiste, Philippe Saurel (DVG, soutien du président Emmanuel Macron) "ne bénéficie pas de la position hégémonique du maire sortant", analyse M. Négrier.

M. Saurel n'annoncera sa décision de se représenter ou pas que fin 2019/début 2020. Mais il semble en campagne depuis des mois, notamment sur des thématiques environnementales.

Localement, les conséquences du réchauffement climatique sont déjà réelles, avec une température historique en France de 46 degrés enregistrée le 28 juin dans l'Hérault.

"Chacun a intérêt à défendre sa fibre écologiste, puisqu'elle semble être l'affiche politique qui marche dans un contexte où les affiliations partisanes fonctionnent difficilement", commente le chercheur en sciences politiques.

En revanche, le soutien de la première heure manifesté par Philippe Saurel à l'égard de M. Macron peut sembler "délicat dans une ville sociologiquement marquée à gauche", juge-t-il.

Portée par une croissance démographique parmi les plus fortes de France, Montpellier, 282.140 habitants, est un pôle universitaire réputé accueillant quelque 70.000 étudiants. Mais au-delà de son image d'eldorado ensoleillé, la situation sociale de la ville est marquée par des taux de chômage (13%) et de pauvreté (19%) élevés.

- Flou -

Le maire sortant ne revendique pas l'étiquette La République en marche (LREM) mais table sur le fait que le parti présidentiel ne présente personne face à lui.

Le milliardaire franco-syrien Mohed Altrad, candidat à la mairie de Montpellier, le 16 septembre 2019 à Montpellier
Le milliardaire franco-syrien Mohed Altrad, candidat à la mairie de Montpellier, le 16 septembre 2019 à Montpellier
AFP/Archives

Pourtant, deux autres prétendants briguent l'investiture En Marche: le député LREM de l'Hérault Patrick Vignal (ex-PS), qui a axé jeudi sa campagne sur la sécurité, et le milliardaire franco-syrien Mohed Altrad.

Le fondateur d'un groupe international basé à Montpellier et président du club de rugby de la ville, s'est lancé en politique le 16 septembre.

Sa candidature "repose sur l'idée que sur une légitimité économique, on peut construire une légitimité politique", selon M. Négrier. Mais "tout est flou dans ce paysage, y compris les perspectives de ralliement".

Chaque force politique a son lot de divisions.

"Dans la famille socialiste d'origine, de l'ancienne hégémonie", il existe la tendance Vignal, Saurel et Michaël Delafosse, candidat d'un PS en chute vertigineuse qui appelle pourtant à une union autour de lui.

Du côté de la France Insoumise, alors que Jean-Luc Mélenchon était arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle en 2017 à Montpellier avec 31,46%, la possibilité de peser sur l'issue des prochaines municipales se heurte aussi à de profondes dissensions internes.

La victoire à la primaire locale d'Europe Ecologie les Verts (EELV) de Clothilde Ollier, une infirmière urgentiste incarnant une ligne proche de la gauche et des "gilets jaunes", avait fait naître l'espoir d'une large "confluence".

Dans un texte commun, deux figures nationales de LFI - François Ruffin et Clémentine Autain, le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle et la députée LFI de Montpellier Muriel Ressiguier ont espéré qu'à Montpellier, "le vert, le rouge et le jaune... s'épousent" pour conquérir la ville, un des bastions du mouvement des "gilets jaunes".

Mais le comité électoral national de LFI a apporté mardi son soutien au mouvement citoyen montpelliérain "Nous sommes". Un choix rejeté par des militants locaux et qui a engendré une nouvelle division.

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