A son procès, Mélenchon ciblé par les parties civiles avant les réquisitions

A son procès, Mélenchon ciblé par les parties civiles avant les réquisitions

Au deuxième et dernier jour de son procès à Bobigny, Jean-Luc Mélenchon a été la cible vendredi des parties civiles, qui l'ont appelé à cesser...
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Par Baptiste BECQUART et Wafaa ESSALHI

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Au deuxième et dernier jour de son procès à Bobigny, Jean-Luc Mélenchon a été la cible vendredi des parties civiles, qui l'ont appelé à cesser son "cirque", avant de connaître les réquisitions du parquet pour les incidents ayant émaillé la perquisition d'octobre 2018 au siège de LFI.

Au lendemain d'une longue journée d'audience, l'audience a repris à 09H30 avec les plaidoiries des avocats des douze parties civiles. "De grâce, arrêtez votre cirque!", s'est exclamé Me Eric Dupond-Moretti, avocat de plusieurs policiers, dénonçant l'argumentaire de défense des six prévenus Insoumis qui dénoncent un "procès politique".

"On n'est pas au Venezuela ici. On est en France et quand on outrage un policier on est condamné", a ajouté l'avocat.

Les Insoumis "ont diffusé à l'excès une image de la justice instrumentalisée par la politique qui ne correspond pas à la réalité", a abondé Me Saint-Pierre, avocat d'autres parties civiles.

A midi, le ministère public avait commencé son réquisitoire. Suivront cet après-midi les plaidoiries de la défense. Le jugement sera mis en délibéré.

Manifestation de soutien à Jean-Luc Melenchon aux abords du tribunal de Bobigny, le 19 septembre 2019
Manifestation de soutien à Jean-Luc Melenchon aux abords du tribunal de Bobigny, le 19 septembre 2019
AFP

Poursuivi pour "actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation", M. Mélenchon et ses cinq co-prévenus, qui martèlent être victimes d'un "procès politique", encourt jusqu'à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans d'inéligibilité.

Comme la veille, quelque dizaines de personnes étaient présentes devant le TGI de Bobigny pour apporter leur soutien aux prévenus.

A l'AFP, l'entourage de Jean-Luc Mélenchon s'est dit "très content" de la première journée d'audience, qui aurait "montré le vide du dossier".

Pendant cette première journée, M. Mélenchon avait raconté son "sentiment d'humiliation" au moment de la perquisition ce 16 octobre, et expliqué sa véhémence d'alors, notamment sa phrase "La République, c'est moi", criée à la figure d'un policier en faction.

Il avait affirmé n'avoir pas voulu s'opposer à la perquisition mais simplement avoir tenté d'y assister pour s'assurer que le fichier des inscrits à LFI ne soit pas emporté. "J'ai eu l'attitude que j'estimais politiquement nécessaire, car je pensais être la cible d'une attaque politique", a expliqué le patron des députés LFI, qui s'est défendu de toute violence physique.

Jean-Luc Melenchon devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) le 19 septembre 2019
Jean-Luc Melenchon devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) le 19 septembre 2019
AFP

La perquisition au cœur du procès avait été menée au siège parisien de LFI dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de LFI, confiées depuis à des juges d'instruction.

- Un policier "marqué" -

Filmant en direct sur Facebook une première perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d'abord dénoncé une "énorme opération de police politique" avant de se rendre avec des proches au siège du mouvement. Devant des caméras, il avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux. On le voyait également bousculer un représentant du parquet, ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer.

"Vous n'avez pas tous les droits en tant que personne publique", avait reproché à l'Insoumis le représentant du ministère public. "Ici, on est dans une enceinte judiciaire, pas devant le tribunal avec des pancartes", avait aussi tonné Me Dupond-Moretti, se référant aux dizaines de militants qui avaient manifester le matin devant le bâtiment.

Les cinq autres prévenus, dont les députés LFI Alexis Corbière et Bastien Lachaud et l'eurodéputé Manuel Bompard, ont ensuite été entendus, présentant une défense dans la lignée de celle de leur chef de file. Alexis Corbière a ainsi assumé son attitude lors de la perquisition: "Cette manière de monter le ton peut être apaisante", a-t-il plaidé.

La journée s'était achevée sur le récit des parties civiles. Un policier a ainsi relaté avoir été "marqué par cet événement", après lequel plusieurs agents ont obtenu jusqu'à sept jours d'ITT (incapacité temporaire de travail).

Visiblement fatigué à la sortie de l'audience jeudi, Jean-Luc Mélenchon avait affirmé sortir "abîmé (d'une) pantalonnade pareille".

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