Abus sexuels dans l’Église: rejet d’une demande de commission d’enquête sénatoriale

Abus sexuels dans l’Église: rejet d’une demande de commission d’enquête sénatoriale

La commission des Lois du Sénat a jugé "irrecevable" mercredi la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les abus...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La commission des Lois du Sénat a jugé "irrecevable" mercredi la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les abus sexuels dans l'Église demandée par les sénateurs socialistes.

Elle a proposé à la place la création d'une "mission d'information commune", avec les commissions des Affaires sociales et de l'Education, sur "la prévention, la détection et l’organisation des signalements des infractions sexuelles susceptibles d’être commises par des personnes en contact avec des mineurs dans le cadre de l’exercice de leur métier ou de leurs fonctions".

Une idée immédiatement dénoncée par le groupe socialiste: "Une mission d'information n'a pas du tout les mêmes prérogatives qu'une commission d'enquête". Elle n'a "aucun pouvoir", a déploré le vice-président PS de la commission des Lois Jean-Pierre Sueur.

La mission d'information "est un rideau de fumée", a aussi estimé Pierre-Yves Collombat (CRCE, à majorité communiste), tandis que pour Esther Benbassa (CRCE), "les conservateurs ont mis le couvercle sur la commission d'enquête".

Le rejet de la commission d'enquête a été adopté par 24 sénateurs contre 14 (quatre abstentions), selon M. Sueur.

"En vertu du principe de séparation des pouvoirs (...) une commission d’enquête ne peut porter sur des faits dont la justice est saisie", a justifié la commission des Lois dans un communiqué. Or la garde des Sceaux Nicole Belloubet a confirmé mardi que "des poursuites judiciaires étaient en cours" sur les faits ayant motivé le dépôt de la demande de commission d'enquête.

"On nous a opposé des arguments juridiques", a expliqué à l'AFP Patrick Kanner, le chef de file des sénateurs PS à l'origine de la demande de commission d'enquête, dénonçant "une réponse politicienne". "La droite sénatoriale, sur un sujet aussi sensible, semble rester sur ses principes", a-t-il regretté, soulignant que le groupe PS "n'est pas sur une logique anticléricale", mais au contraire "dans une logique d'aider l'Église".

"Cette commission d'enquête demandée par de nombreux citoyens, croyants ou non, aurait permis de faire enfin la lumière sur le fonctionnement et les dysfonctionnements qui ont empêché qu'un certain nombre d'affaires soient portées devant la Justice", a affirmé le groupe socialiste dans un communiqué.

Un groupe de personnalités réunissant des religieux, d'ex-ministres, des avocats et des victimes avait lancé récemment un appel, publié dans Témoignage chrétien, réclamant une enquête parlementaire sur les abus sexuels dans l'Église en France.

88% des Français (87% des catholiques, 90% des pratiquants) se sont déclarés favorables à une commission parlementaire "enquêtant sur les crimes pédophiles et leur dissimulation dans l'Église catholique", selon un récent sondage publié dans Témoignage chrétien.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le