Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
« Accélérer » la vaccination ? Les sénateurs ont l’impression d’être pris « pour des billes »
Par Pierre Maurer
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« La campagne de vaccination suscite des attentes et des interrogations ». Ce jeudi soir en conférence de presse, Jean Castex a démontré son art de la litote, à écouter les sénateurs. Fustigé par une bonne partie de la classe politique et au-delà depuis la fin du mois de décembre pour la « lenteur » de la stratégie de vaccination, le gouvernement veut accélérer. Le premier ministre et son ministre de la Santé, Olivier Véran, sont donc revenus longuement sur la politique vaccinale française, pour tenter de jouer la transparence et d’apaiser le feu nourri.
Avec près de « 45 000 » personnes vaccinées à ce jour, le gouvernement a pris des mesures pour tenter de rattraper son retard sur les autres pays européens. Ainsi, les plus de 75 ans pourront se faire vacciner « à partir de lundi 18 janvier ». En sus, la vaccination va être ouverte aux personnes handicapées hébergées dans des établissements spécialisés. Les centres de vaccination vont quant à eux, passer de 100 actuellement à 300 à partir de lundi, puis « 600 progressivement jusqu’à la fin du mois de janvier ». Une montée en puissance qui permettra d’atteindre un million de vaccinations fin janvier, a répété Olivier Véran, expliquant que la France avait commandé 78 millions de doses d’ici avant l’été, pour les cinq vaccins les plus avancés. Objectif : 12 à 14 millions de Français vaccinés « à la mi-avril ».
Mais méthode comme mesures ne rassurent pas les sénateurs. Vice-président de la commission d’enquête Covid du Sénat, René-Paul Savary s’inquiète particulièrement de l’une des annonces d’Olivier Véran. « Il est possible sans risque et sans perte d’efficacité de différer la 2e injection du vaccin Pfizer-BioNTech contre le covid-19 jusqu’à six semaines au lieu de trois », a assuré le ministre de la Santé. Cette recommandation provient d’un avis que l’Agence du médicament (ANSM) vient de mettre en ligne jeudi sur son site internet. « Cela nous permet de disposer de davantage de doses disponibles tout de suite » pour réaliser la première injection du vaccin chez plus de patients, a souligné Olivier Véran. « En tant que médecin, cela m’a fortement surpris, les laboratoires ne garantissent pas la même immunité en cas de décalage de la deuxième injection. Cela traduit bien une pénurie de doses », estime René-Paul Savary. « Et puis on nous dit qu’on prend toutes les protections, qu’on va lentement à cause de ça, en faisant bien attention de respecter tous les process de validation… Et au final on n’est pas prudent en décalant cette phase de deuxième injection ? » Le sénateur les Républicains « craignait » ce décalage à six semaines et le regrette. « On va avoir des anticorps quelques semaines… et d’autres problèmes. »
« Qu’ont-ils fichu pendant tout le mois de décembre ? »
Du reste, il trouve que le gouvernement « reste fidèle à lui-même et nous prend pour des billes ». Les livraisons importantes de vaccins annoncées par Véran ? « On n’aura pas des centaines de milliers de doses comme annoncé. C’est une communication qui masque une tension. Il n’y a pas assez de vaccins, c’est trop peu et trop tard, comme pour les masques et les tests », tacle-t-il. « Qu’on nous dise la vérité ! ».
« Je suis quand même assez atterrée par le manque d’anticipation du gouvernement », réagit quant à elle Laurence Cohen (CRCE). « On avait l’impression que tout était sous contrôle, et finalement, quand arrive le moment de vacciner massivement, on voit que la France a un métro de retard… », déplore-t-elle. La sénatrice communiste critique la communication du gouvernement – « un manque de transparence à tous les niveaux » - et le manque de consultations, motif, selon elle, de la crise de confiance des Français face au vaccin. « La conférence de Castex c’est : on a décidé et on vous dit ! Qu’ont-ils fichu pendant tout le mois de décembre ? Après le fiasco des tests et des masques, ce gouvernement semble toujours agir le dos au mur. Les seules choses que l’on voit apparaître ce sont des restrictions à nos libertés. Ce sont des menaces, du chantage et de la peur… »
Membre de la commission des affaires sociales du Sénat, elle aimerait observer plus de consultations des élus locaux. « Quid des concertations avec les élus locaux ? Il faut qu’ils soient associés pour trouver des solutions sur le terrain. » Jean Castex a annoncé que les préfets seraient en pole position pour piloter la campagne de vaccination dans les départements. « C’est la solution, on ne peut pas contourner les territoires. On devrait laisser s’organiser les élus locaux. Il faut responsabiliser davantage », remarque René-Paul Savary. Car « la logistique avec Santé publique France ne me semble pas du tout au point ». Et de s’exclamer : « Cette centralisation est inouïe ! ».