Au lendemain de la présentation du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla, la majorité présidentielle se défend et contre-attaque. On attendait une réponse de l’Elysée au rapport accablant de la Haute assemblée (voir notre article pour plus de détails). Jeudi, en fin de matinée, c’est le premier ministre Edouard Philippe qui a pris la parole dans la cour de l’hôtel de Matignon. Regardez :
Affaire Benalla : Edouard Philippe dénonce le rapport « très politique » du Sénat
En évitant de répondre sur le fond du travail mené par Philippe Bas (LR) et les rapporteurs Jean-Pierre Sueur (PS) et Muriel Jourda (LR), Edouard Philippe a dénoncé les « appréciations très politiques » des sénateurs. « Je n’en suis pas surpris ». « Comme je suis attaché au principe de la séparation des pouvoirs, j’en suis un peu déçu » ajoute le premier ministre, reprenant des attaques déjà portées il y a quelques mois par la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
Edouard Philippe exprime aussi son « incompréhension » face aux 13 recommandations, « souvent injustes ». « Je peux témoigner que le secrétaire général de l’Elysée est un grand serviteur de l’Etat » ajoute Edouard Philippe, qui n’a « pas très bien saisi la portée des remarques ».
« L’exécutif, le Parlement, doivent respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire » a-t-il encore ajouté, alors que des procédures judiciaires sont en cours à l’encontre d’Alexandre Benalla. Les sénateurs assurent de leur côté n’avoir pas empiété sur ces procédures.
« Il n'y a pas de milice privée à l'Elysée »
Hier, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a dénoncé « beaucoup de contre-vérités » dans le rapport. Le chef de file des députés LREM, Gilles Le Gendre, a estimé de son côté que le rapport de la commission d'enquête avait été rédigé « pour être accablant et pour être sévère. C'est-à-dire que la finalité initiale de la commission d'enquête était probablement d'essayer de révéler une vérité. En cours de route, s'est ajouté à cet objectif un autre objectif qui était à l'évidence politique », a déclaré Gilles Le Gendre dans les couloirs de l'Assemblée.
« Je pense que nous sommes dans une phase différente de celle qui avait justifié cette commission d'enquête. Pour moi, l'affaire Benalla n'est plus l'affaire politique qu'elle pouvait être ou qu'elle pouvait paraître être au début au mois de juillet. Elle est maintenant du registre exclusif de la justice », qui est saisie et sur laquelle « le gouvernement n'a évidemment aucune influence », a-t-il affirmé. L'affaire Benalla était « l'illustration d'un dysfonctionnement » mais il a été « corrigé » par « la réorganisation des services de l'Élysée » et le licenciement du collaborateur du président.
Sur le fond, pour la porte-parole de LREM, Aurore Bergé, « non, il n'y a pas de milice privée à l'Elysée ! La sécurité est assurée par des gendarmes et policiers. Non, il n'y a pas de collaborateurs officieux ! Le Sénat fait de la politique avec ce rapport et est très largement hors du champ qu'il s'est lui-même fixé » a-t-elle attaqué sur BFM-TV. Le bras de fer continue.