Affaire Bygmalion : décision jeudi sur les recours de Sarkozy contre un procès

Affaire Bygmalion : décision jeudi sur les recours de Sarkozy contre un procès

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy saura jeudi si la cour d'appel de Paris confirme ou non son renvoi devant le...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy saura jeudi si la cour d'appel de Paris confirme ou non son renvoi devant le tribunal correctionnel dans l'affaire des dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, dite "Bygmalion".

Il s'agit d'une étape cruciale pour l'avenir de l'ancien chef de l'Etat, retraité politique, qui a vu d'autres menaces judiciaires se concrétiser en mars: après sa mise en examen pour les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, il a été renvoyé pour un autre procès dans l'affaire des "écoutes".

Dans l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy avait saisi la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris pour contester l'ordonnance du juge Serge Tournaire, qui l'a renvoyé en février 2017 sur les bancs de la correctionnelle pour "financement illégal de campagne électorale". Dans ses réquisitions, l'avocat général a demandé à la cour de confirmer intégralement les poursuites.

Mais la décision attendue jeudi peut encore faire l'objet d'un pourvoi en cassation, une hypothèse susceptible de repousser la tenue d'un éventuel procès.

M. Sarkozy est poursuivi pour avoir dépassé le plafond autorisé des dépenses électorales de plus de 20 millions d'euros alors qu'il avait été informé d'un risque de dérapage, ce qu'il conteste.

La facture totale s'était envolée à plus de 42,8 millions d'euros, soit près du double du seuil légal fixé à 22,5 millions: la conséquence d'une "stratégie" d'"occupation maximale de l'espace médiatique et télévisuel, avec la multiplication de meetings souvent spectaculaires", avait estimé le magistrat.

Treize autres protagonistes ont été renvoyés notamment pour complicité de "financement illégal de campagne électorale" et douze d'entre eux ont fait appel.

- Désaccord des juges -

A l'audience en mai, l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, suivi par d'autres confrères, a tenté à nouveau d'affaiblir l'enquête du magistrat. Le fait qu'il a été seul à signer l'ordonnance de renvoi, tandis que son collègue cosaisi, Renaud Van Ruymbeke, s'était abstenu, avait ouvert la voie à ces appels, exceptionnels pour ce type de décision.

"Ce désaccord manifeste (entre les juges, ndlr), fait rarissime pour être souligné, illustre l'inanité de cette décision", avait affirmé Me Herzog au moment du renvoi de son client, trois mois après sa défaite à la primaire de la droite pour la présidentielle, en novembre 2016.

Depuis, l'avocat historique de Nicolas Sarkozy a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au motif que l'ancien président a déjà été condamné définitivement en 2013 par le Conseil constitutionnel pour ce dépassement du plafond. Cette sanction était toutefois intervenue avant la révélation des fausses factures de l'agence de communication Bygmalion et portait sur un dérapage, bien moindre, de 363.615 euros. Jeudi, la cour d'appel dira aussi si elle transmet ou non à la Cour de cassation cette QPC, en vue d'une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel.

Le scandale avait éclaté en 2014 avec la découverte d'un vaste système de fausses factures, destiné à masquer l'emballement des dépenses de meetings, alors organisés par Bygmalion, en profitant de la faiblesse des contrôles. Des cadres de Bygmalion et le directeur adjoint de la campagne, Jérôme Lavrilleux, avaient reconnu l'existence de cette fraude ayant permis de déplacer vers l'UMP quelque 16,2 millions d'euros de dépenses alors qu'ils auraient dû figurer au compte de campagne du candidat.

D'anciens cadres de l'ex-UMP ainsi que des responsables de la campagne, dont Guillaume Lambert ou Jérôme Lavrilleux, des dirigeants de Bygmalion et des experts-comptables sont également poursuivis pour faux, escroquerie ou complicité, abus de confiance ou recel. Des faits pour lesquels Nicolas Sarkozy n'a pas été poursuivi.

Le juge estimait qu'il avait "incontestablement bénéficié des fraudes" pour disposer de moyens de campagne conséquents mais l'enquête n'a pas permis d'établir qu'il les avait ordonnées ou qu'il avait été informé de ce système.

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Affaire Bygmalion : décision jeudi sur les recours de Sarkozy contre un procès
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le