Aides à l’agriculture biologique : un député LREM s’oppose à Stéphane Travert

Aides à l’agriculture biologique : un député LREM s’oppose à Stéphane Travert

Sur Public Sénat, jeudi, Stéphane Travert a assuré qu’il n’avait pas supprimé des aides en faveur de l’agriculture biologique. « Ce n’est pas clair » lui répond le député LREM, Éric Alauzet qui a fait passer en commission un amendement  de soutien à l’agriculture biologique jusqu’en 2019.
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Invité de Public Sénat, jeudi, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a été catégorique. L’engagement du gouvernement  en faveur de l’agriculture est intact. « Aujourd’hui, je n’ai rien supprimé, nous continuons à soutenir la mise en bio, la conversion. Nous avons adopté dans le projet de loi de finances rectificative un crédit d’impôt qui permet aux agriculteurs bios de pouvoir financer leur activité ».

Agriculture bio : « Ces aides, je ne les ai pas supprimées », dément Stéphane Travert
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« Ces aides, je ne les ai pas supprimées», dément Stéphane Travert  

Et pourtant, l'État avait annoncé fin septembre qu'il allait cesser à partir de 2018 de verser des « aides au maintien » des agriculteurs biologiques, pour se « recentrer » sur les « aides à la conversion » limitées aux trois premières années d’activité des agriculteurs qui se sont lancés dans le bio. Mais en commission, jeudi, les députés n’ont pas voté dans ce sens. Le député LREM et ex-écologiste Éric Alauzet a fait passer un amendement prolongeant ces aides au maintien de l’agriculture biologique jusqu’en 2019, en dépit de l’avis défavorable du rapporteur général, Joël Giraud, député La République en marche, lui aussi.

« Je ne demande pas mieux qu’il me démontre qu’il ne les a pas supprimées » répond Éric Alauzet

« Ces aides je n’ai pas à les rétablir, puisque je ne les ai pas supprimées. » a martelé Stéphane Travert, dans l’émission L’Épreuve de vérité. Contacté par publicsenat.fr, Éric Alauzet confesse qu’il ne « comprend pas » l’argumentation du ministre. « Ce n’est pas clair. Mais je ne demande pas mieux qu’il me démontre qu’il ne les a pas supprimées ».

 « C’est au marché de soutenir le maintien de l'agriculture biologique car la demande est là et il faut que nous soyons collectivement en capacité d'y répondre », avait justifié, il y a quelque temps, le ministre de l'Agriculture. « Si on raisonne comme ça, on va faire beaucoup d’économies parce que l’agriculture conventionnelle bénéficie également d’aides » lui répond Éric Alauzet.

Une question sera posée au ministre par un sénateur mardi prochain

Au Sénat, l’écologiste, Joël Labbé se félicite du vote de cet amendement en commission. « À l’Assemblée comme au Sénat, il n’y a plus de groupe écolo mais Éric Alauzet est comme moi, il reste écologiste. Il ne faut pas opposer l’aide à la conversion et l’aide au maintien de l’agriculture bio, les deux sont complémentaires et essentielles car le marché est faussé par rapport à l’agriculture conventionnelle » explique-t-il. Joël Labbé annonce aussi qu’il interrogera  Stéphane Travert sur ce sujet lors des questions d’actualité au gouvernement du mardi 14 novembre.

« Je n’ai pas déposé cet amendement dans un esprit de fronde » précise Éric Alauzet. « J’ai vraiment envie que ce gouvernement réussisse mais je l’ai fait pour le bien commun. L’agriculture biologique reste fragile. Au bout de trois ans, l’exploitant s’en sort à peine et ses produits restent chers ».

C’est le lobby du bio qui a poussé Éric Alauzet à déposer cet amendement »

Pour le sénateur LR de Haute-Saône, Michel Raison, « il faut une aide assez forte à la conversion biologique. Parce que les trois premières années vous baissez vos rendements mais  le prix de vos produits est toujours celui de l’agriculture traditionnelle ». Toutefois,  Michel Raison soutient le gouvernement sur la fin des aides au maintien de l’agriculture biologique, car selon lui, « les aides de la PAC ne doivent concerner que les agriculteurs qui ont des handicaps. Comme par exemple, ceux qui sont dans des régions où les hivers sont longs. Pour moi le biologique, c’est un mode de production mais ce n’est pas un gage de qualité. C’est le lobby du bio qui a poussé Éric Alauzet à déposer cet amendement ».

Cet amendement devra être voté en séance à la fin de la semaine lors de l’examen du budget pour être adopté.

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