Allègement des mesures sanitaires : « Le gouvernement fait sa communication politique sur l’épidémie », selon le socialiste Bernard Jomier

Allègement des mesures sanitaires : « Le gouvernement fait sa communication politique sur l’épidémie », selon le socialiste Bernard Jomier

Le premier ministre Jean Castex annonce la fin du télétravail obligatoire et des jauges le 2 février, puis le retour des concerts et consommations debout dans les bars le 16 février, et la réouverture des discothèques. Il lie ces mesures au passe vaccinal. Mais selon le sénateur Bernard Jomier, « le passe n’a aucun effet sur la circulation du virus dans cette vague omicron ».
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« Dresser des perspectives ». Le premier ministre Jean Castex a présenté, aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran, le calendrier d’allégement des mesures prises pour freiner la vague Omicron. Un allègement qui peut sembler étonnant, tant le nombre de contaminations continue de progresser à des niveaux vertigineux, avec un nouveau record de 525.527 contaminations lundi dernier.

« Omicron a déjà touché plus de 5 millions d’entre nous, et probablement au moins le double »

« Omicron a déjà touché plus de 5 millions d’entre nous, et probablement au moins le double », si on ajoute ceux qui ne se sont pas fait tester, a d’ailleurs souligné le premier ministre. Cependant « la situation commence à évoluer plus favorablement », a ajouté Jean Castex. Le gouvernement s’appuie sur « le nombre de malades, qui se réduit enfin légèrement depuis une semaine » en France. Il observe aussi les chiffres à l’étranger, où la vague Omicron diminue, comme en Grande-Bretagne, où elle est en net recul.

Ces chiffres permettent donc « d’envisager un allègement des contraintes dès les premiers jours de février. Nous pouvons l’envisager, car nous disposerons très bientôt d’un nouvel outil, le passe vaccinal, qui entrera en vigueur le 24 janvier, sous réserve bien sûr de la décision du Conseil constitutionnel, attendue demain », soutient Jean Castex. Pour rappel, le passe s’appliquera à partir de l’âge de 16 ans. Il faudra justifier d’un schéma vaccinal complet pour aller « au restaurant, au cinéma, au théâtre, dans un stade ou prendre le TGV ».

Première série d’allègements le 2 février : fin du télétravail obligatoire et des jauges

Une fois le passe mis en place, l’allègement des mesures se fera « en deux étapes ». D’abord, à compter du 2 février, tous les « équipements, notamment sportifs et culturels qui accueillent du public assis, pourront retrouver un fonctionnement en pleine capacité, sans jauge », annonce le premier ministre. Mais le port du masque sera toujours obligatoire.

Dans les entreprises, « le télétravail ne sera plus obligatoire, mais restera recommandé, en laissant aux entreprises le soin de maintenir le bon niveau ». Enfin, le port du masque en extérieur ne sera plus exigé. Le tribunal avait cependant fait tomber la décision prise en ce sens par la préfecture de police en Ile-de-France.

Nouveaux allègements le 16 février : consommation debout et réouverture des clubs

Deuxième série d’allègements, le 16 février : la consommation dans les stades, les cinémas ou les transports sera à nouveau autorisée. « Les concerts debout et les consommations debout pourront reprendre, et les discothèques pourront rouvrir », annonce Jean Castex.

Cette décision était attendue. Les clubs et discothèques sont les établissements qui ont été les plus fermés depuis le début de la pandémie. Le gouvernement leur avait imposé une nouvelle fermeture depuis le 10 décembre.

Protocole scolaire allégé après les vacances de février ?

Pour ce qui est du protocole scolaire, Jean Castex reste prudent. Cependant, « nous pourrons envisager au retour des vacances scolaires de février un allègement sur la levée du port du masque à l’école ou sur le nombre de tests ou d’autotests ». Le point est sensible, alors que le protocole et l’attitude de son ministre Jean-Michel Blanquer ont été pointés du doigt.

Quant au passe vaccinal, « il pourrait tout à fait être suspendu si la pression épidémique, et surtout hospitalière, venait à se réduire fortement et durablement, si nos services de réanimation ne voyaient plus arriver de nouveaux malades, s’il n’y avait plus de déprogrammations de soins ». Mais contrairement à ce que demande le Sénat, il ne veut pas fixer de seuil précis. Olivier Véran évoque juste la situation du mois « d’août » dernier, où « nous étions passés en dessous de 1.000 patients covid ». Mais « la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain », met en garde le ministre, qui ne veut pas de seuil. Les sénateurs voulaient fixer eux un seuil à 10.000 patients.

« Ce sont des annonces très politiques »

Pour le sénateur PS Bernard Jomier, « rien de bien nouveau » à tout cela. « Ce sont des annonces très politiques », réagit le sénateur de Paris. « Il veut donner des perspectives, alors que la vague omicron est très élevée, il veut donner des perspectives d’allègement. C’est en ce sens que ce sont des annonces très politiques, venant après la catastrophique gestion de l’épidémie dans les écoles, et après une vague omicron quasiment la pire, comparée aux autres pays européens ».

« Personne ne doutait que ça allait mieux. Bien sûr qu’on allait vers des allègements des mesures », ajoute Bernard Jomier, par ailleurs conseiller santé pour la campagne d’Anne Hidalgo. Il s’étonne aussi que le premier ministre affirme que l’allègement est possible grâce au passe : « Le passe vaccinal n’a aucun effet sur la circulation du virus dans cette vague omicron, en particulier. Ça n’a aucun lien avec la réalité ».

D’après le président de la mission d’information du Sénat sur les effets des mesures sanitaires, « la communication politique du premier ministre, c’est de dire aux Français, ne vous inquiétez pas, ça va aller mieux. Le gouvernement fait sa communication politique sur l’épidémie ».

Ce médecin de profession souligne qu’« on ne sait pas le scénario » pour la suite, en réalité. C’est pourquoi « en février, on va mener des travaux sur le thème, « omicron, et après ? », pour savoir si c’est la dernière vague et si les protections sont suffisantes, ou s’il faut se préparer à d’autres scenarii ». Le Sénat a par ailleurs décidé ce jeudi la mise en place d’une commission d’enquête pour examiner « l’adéquation du passe vaccinal à l’évolution de l’épidémie de covid-19 ».

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