Antilles : « Le ministre joue avec l’unité de la Nation en pleine crise », dénonce Julien Bayou

Antilles : « Le ministre joue avec l’unité de la Nation en pleine crise », dénonce Julien Bayou

Invité de la matinale de Public Sénat, Julien Bayou est revenu sur la situation en Martinique et en Guadeloupe, déplorant notamment l’arrivée tardive de Sébastien Lecornu aux Antilles. D’après le secrétaire national d’EELV, avant de lancer un débat sur l’autonomie de la Guadeloupe, il faut déjà régler les problèmes de « respect » : accès à l’eau, la santé et la lutte contre la vie chère.
Louis Mollier-Sabet

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« Il était temps », coupe Julien Bayou dès que l’on évoque l’arrivée de Sébastien Lecornu en Guadeloupe. « Si ces scènes terribles de pillage, d’empêchement des soignants d’aller jusqu’à l’hôpital, ou de vols d’armes avaient eu lieu à Rennes, à Toulouse ou à Nice, tout le monde sait ce qu’il se serait passé » déplore le secrétaire national d’EELV. D’après lui, cette absence tranche avec l’omniprésence de Gérald Darmanin « dès qu’il y a un fait divers » en métropole, jusqu’à même se tromper et réagir à des faits qui n’ont pas eu lieu : « Le ministre de l’Intérieur fait le kéké chaque fois qu’il y a un fait divers, à Grenoble il avait même confondu le tournage d’un clip de rap avec de vrais crimes, sans annoncer d’ailleurs les renforts de police que la mairie réclamait. » Julien Bayou n’en démord pas, le ministre des Outre-mer a eu tort d’attendre pour se rendre dans les Antilles : « Il faudrait que les choses soient réglées pour qu’il puisse venir comme un prince ? »

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« On a longtemps normalisé l’inacceptable »

Et sur le fond, la gestion du dossier par Sébastien Lecornu ne rencontre pas beaucoup plus d’adhésion aux yeux de Julien Bayou que sur la forme. Lancer un débat sur l’autonomie de la Guadeloupe « en pleine crise » est « une folie » pour le secrétaire national d’EELV : « Le débat sur l’autonomie est parfaitement légitime, mais encore faut-il pouvoir développer des arguments dans un contexte serein. Je suis pour le droit à l’autodétermination des peuples, nous sommes des régionalistes, je n’ai pas de problème particulier avec ce débat. Mais le ministre des Outre-mer joue avec l’unité de la Nation en pleine crise. » Pour Julien Bayou, la réponse politique n’est pas la réponse qu’attendent les Guadeloupéens et les Martiniquais : « Les Antilles demandent le respect. Cette réponse est à mille lieues de tout ce dont elles ont besoin : la même égalité d’accès à la santé, l’eau potable et la lutte contre la vie chère. Les Antillais ont moins de revenus et souffrent de prix de base beaucoup plus chers. Dans ces conditions, comment un débat serein peut-il se lancer sur l’autonomie ? J’y vois une diversion. »

En toile de fond, deux sujets majeurs qui ont durablement endommagé les relations entre la Guadeloupe, notamment, et la métropole : le chlordécone et l’accès à l’eau potable. « Le chlordécone a été utilisé de manière dérogatoire, on a en fait, dit que c’était dangereux pour la métropole, mais que ça irait en Guadeloupe. Le résultat ce sont des sols pollués pendant 700 ans et des records de cancer de la prostate », développe Julien Bayou, qui dénonce un aveuglement du gouvernement : « Emmanuel Macron était dans le déni il y a encore deux ans. » L’autre gros dossier, c’est l’accès à l’eau potable. Une proposition de loi de la majorité présidentielle avait tenté de réformer le système de gestion du système de distribution de l’eau, mais faisait le constat qu’environ ¼ des Guadeloupéens étaient confrontés à des pénuries d’eau potable. « Au CHU, vous venez avec votre propre eau potable, c’est la réalité de la Guadeloupe » explique Julien Bayou, qui ajoute : « On a longtemps normalisé l’inacceptable, les Antilles demandent simplement le respect. »

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