Après la défaite, le PS va vite retrouver ses divisions internes

Après la défaite, le PS va vite retrouver ses divisions internes

Le vote de confiance au gouvernement va à nouveau diviser les socialistes, qui subissent une très lourde défaite aux législatives. L’aile gauche demande une clarification. « On ne peut plus être dans cette ambiguïté qui nous a tués » selon Marie-Noëlle Lienemann. Mais seuls deux frondeurs ont été réélus à l’Assemblée.
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Tout est à refaire, tout est à reconstruire. Au lendemain du second tour des législatives, le PS se retrouve laminé. La déroute est légèrement moins grave que le premier tour ne le laissait croire. Mais le groupe de l’Assemblée nationale est décimé. Solférino voit au final 29 députés élus (3 PRG et 12 divers gauche l’ont aussi emporté). Devant cette « déroute sans appel », le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a annoncé dimanche soir qu’il quitterait la tête du PS. « Une direction collective » va rapidement prendre le relais.

Le long travail qui s’annonce pour les socialistes commence dès demain, par un bureau national spécial, sous forme de séminaire toute la matinée, suivi samedi d’un conseil national. Mais très vite, les socialistes risquent de retrouver leurs querelles intestines dont ils ne sortent pas depuis des années. Ce sera lors du vote de confiance. Il définit habituellement qui est membre ou pas de la majorité. Il jouera le rôle de juge de paix pour les socialistes.

Rapport de force

Le rapport de force parmi les députés PS élus ou réélus est pour le moins intéressant pour la suite. Seuls deux frondeurs, Régis Juanico et Laurence Dumont, sont réélus. D’autres, comme l’ex-sénateur Luc Carvounas, qui vient de l’emporter dans le Val-de-Marne, ont déjà prévenu qu’ils ne voteraient pas la confiance.

Mais quid d’un Stéphane Le Foll, qui n’avait pas de candidat LREM en face, ou d’Olivier Dussopt, réélu dans la Drôme ? Ce proche de Manuel Valls ne sait pas encore ce qu’il fera le jour du vote de confiance. Mais il ne veut pas se priver de soutenir Macron, s’il le faut. « Il faut réfléchir, savoir ce qu’on est, assumer qu’on est un parti social-démocrate, le fait qu’on n’est pas un parti d’opposition systématique. On peut à la fois concourir à la réussite de ce quinquennat et porter le débat d’opposition sur tel ou tel sujet » explique Olivier Dussopt à publicsenat.fr. Il ajoute :

« A deux exceptions près, toutes celles et ceux qui défendaient une ligne d’opposition systématique ont été balayés. Dans cette espèce d’ouragan qui nous a tous emportés, ceux qui ont le plus résisté sont ceux qui n’étaient pas dans l’opposition systématique ».

Rossignol : « Je suis pour que le gouvernement de Macron réussisse, mais ça ne peut pas se faire dans le déni des valeurs de la gauche »

Qui va se retrouver dans la nouvelle direction collective ? « Des personnes sages » souhaite Laurence Rossignol, ancienne ministre qui vient de retrouver son poste de sénatrice PS. « Ce sont des gens qui ne sont pas candidats à la présidentielle et qui ne le seront pas, qui n’ont pas vocation à construire un courant. (…) Il suffit qu’on se mette autour d’une table » affirme la sénatrice de l’Oise au micro de Public Sénat (voir la vidéo).

Laurence Rossignol défend également un PS qui ne tourne pas le dos à Macron par principe. « Je suis attachée à construire une gauche positive dans son rapport au gouvernement et extrêmement vigilante sur les valeurs de la gauche », « je suis pour que le gouvernement d’Emmanuel Macron réussisse, (…) mais ça ne peut pas se faire dans le déni des valeurs de la gauche ».

« S’il faut être un faux nez d’En marche, autant être à En marche ! »

Une position d’équilibre intenable, selon Marie-Noëlle Lienemann. La sénatrice, membre de l’aile gauche du parti, appelle à « une clarification ». « Il faut dire clairement que nous sommes dans l’opposition à Emmanuel Macron, donc il ne faut pas voter la confiance. Il faut repartir sur une base saine et claire. S’il faut être un faux nez d’En marche, autant être à En marche ! On ne peut plus être dans cette ambiguïté qui nous a tués » lance Marie-Noëlle Lienemann, qui attend du conseil national de samedi qu’il prenne position contre la confiance au gouvernement.

« Si le PS doit penser sa rénovation, il doit le faire dans une vision de recomposition à gauche, et donc d’ouverture. Il ne faut pas croire qu’il suffit d’avoir un congrès en notre sein » selon la sénatrice, qui imagine « des états généraux, des rencontres, des débats avec les citoyens ». Gérard Filoche, figure de l’aile gauche,  imagine ainsi un groupe rose-rouge-vert élargi à l’Assemblée.

« La dynamique à venir ne sera pas dans le soutien à Macron » croit Marie-Noëlle Lienemann, « tout ça est très fragile ». Elle ajoute : « Si certains ont envie d’aller là, qu’ils y aillent. Mais je ne crois pas qu’on s’appelle encore socialiste dans ce cas ». « Ce ne sont pas les mecs qui ont fait 8% qui vont nous faire la leçon » s’irrite de son côté un socialiste Macron compatible. La reconstruction du PS s’annonce encore longue.

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