Arbitrage Tapie: le parquet de Paris a fait appel de la relaxe générale
Le parquet de Paris, qui avait requis cinq ans ferme contre Bernard Tapie lors du procès de son arbitrage controversé lui ayant...

Arbitrage Tapie: le parquet de Paris a fait appel de la relaxe générale

Le parquet de Paris, qui avait requis cinq ans ferme contre Bernard Tapie lors du procès de son arbitrage controversé lui ayant...
Public Sénat

Par Eléonore DERMY et Mehdi CHERIFIA

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le parquet de Paris, qui avait requis cinq ans ferme contre Bernard Tapie lors du procès de son arbitrage controversé lui ayant octroyé 403 millions d'euros en 2008, a fait appel mardi de la relaxe générale prononcée par le tribunal correctionnel.

Les juges avaient relaxé le 9 juillet le patron du groupe de médias La Provence, le PDG d'Orange Stéphane Richard et quatre autres prévenus, estimant qu'"aucun élément du dossier" ne permettait d'affirmer que cet arbitrage, destiné à solder le litige de l'homme d'affaires avec le Crédit Lyonnais, ait fait l'objet de "manœuvres frauduleuses" ou d'une quelconque "fraude".

Ils n'avaient pas retenu le "détournement de fonds publics" ou la complicité de ce délit reprochés aux prévenus et estimé que l'escroquerie n'était pas caractérisée.

Mais, pour le parquet, l'ancien ministre, qui subit à 76 ans une récidive de son double cancer de l’œsophage et de l'estomac, a "truqué" cet arbitrage qui lui avait notamment accordé 45 millions d'euros au titre du seul préjudice moral, en réparation d'une "faute" du Crédit Lyonnais lors de la revente de l'équipementier sportif Adidas.

Cette sentence rendue par un tribunal arbitral privé avait été définitivement annulée en 2015 au civil pour "fraude" et l'ex-patron de l'Olympique de Marseille -en faillite personnelle depuis décembre 1994- a été condamné à restituer les millions perçus, dont le montant et les délais de remboursement sont encore débattus. Lui a toujours nié avoir "volé le contribuable".

"Je ne crains en rien cet appel", a réagi Me Hervé Temime, avocat de M. Tapie, interrogé par l'AFP. "Je regrette que le parquet n'ait pas saisi l'occasion de s'incliner devant un jugement qui me paraît inattaquable, et prolonge encore une procédure totalement artificielle", a-t-il déclaré, dénonçant un "acharnement" à l'encontre de son client.

- "Suite logique" -

De son côté, Me Jean-Pierre Martel, avocat du Consortium de réalisation (CDR) qui est l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais, a considéré que cet appel du parquet ne pouvait "surprendre personne" car il s'agit de "la suite logique des conclusions de l'instruction et des réquisitions qu'il avait prises".

Lors du procès, le parquet avait demandé des peines d'emprisonnement contre cinq des six prévenus. Contre Bernard Tapie, jugé pour "escroquerie" et "détournement de fonds publics", il avait requis cinq ans de prison ferme.

Contre Stéphane Richard, poursuivi pour "complicité" en tant qu'ancien directeur de cabinet de l'ex-ministre de l'Economie Christine Lagarde, le ministère public avait demandé trois ans de prison, dont 18 mois ferme.

Mme Lagarde avait pour sa part été condamnée fin 2016 pour "négligence" par la Cour de justice de la République mais dispensée de peine.

Au lendemain du jugement, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, avait estimé qu'un appel du parquet n'était "pas forcément logique".

"Il peut y avoir une cohérence" entre "deux jugements différents, l'un au civil, qui a condamné Bernard Tapie parce qu'on avait à l'époque considéré que la manière dont l'arbitrage avait été rendue n'était pas régulière" et "au pénal qui a considéré qu'il n'y avait pas d'escroquerie", avait-elle déclaré.

Le ministère public a pris sa décision à l'issue d'une réunion qui s'est tenue lundi, en l'absence du procureur de Paris, Rémy Heitz. Comme l'avait révélé Mediapart, ce dernier s'est déporté du dossier dès son arrivée à la tête du parquet, en raison de ses liens familiaux avec l'un des prévenus, Jean-François Rocchi, ancien dirigeant du CDR.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le

Paris: Questions au gouvernement Senat
8min

Politique

Budget : les sénateurs LR et le gouvernement Lecornu se renvoient la responsabilité de l’échec

Face à l’incapacité des députés et sénateurs à trouver un accord en commission mixte paritaire, le gouvernement fait porter l’échec sur le dos de la droite sénatoriale. Le PS lui emboîte le pas et dénonce le « dogmatisme » de LR. « Pitoyable », rétorque-t-on à droite, où on accuse le gouvernement d’avoir voulu provoquer « l’échec de la CMP ».

Le