Asile et immigration : incidents en cascade après l’absence des sénateurs LR

Asile et immigration : incidents en cascade après l’absence des sénateurs LR

Par son manque de mobilisation, la majorité sénatoriale s’est retrouvée en minorité sur certains votes du projet de loi asile et immigration. Ce vendredi, la gauche s’indigne des conditions dans lesquelles se déroulent les débats, du fait de l'absence de la droite. Elle met aussi en cause le gouvernement dans l’organisation de l'ordre du jour. Le Sénat devrait poursuivre les débats lundi.
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Ambiance morose ce vendredi matin au Sénat, au quatrième jour de l’examen du projet de loi asile et immigration. Les sénateurs présents ont encore à l’esprit la fin de séance difficile de la veille (relire notre article), où les débats ont été ralentis par la multiplication des scrutins publics. Peu représenté, le groupe LR a même perdu certains votes, ce qui a poussé le président de la commission des Lois à demander l’interruption des débats, sans succès.

« Une séance un peu complexe », euphémise la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie. « Le débat n’a pas pu se dérouler dans de bonnes conditions, c’est regrettable, au regard de l’importance du texte », dénonce-t-elle au cours d’un rappel au règlement. L’élue parisienne demande que le texte soit renvoyé en commission :

« L’absence de la majorité sénatoriale semble traduire une difficulté de cette majorité pour soutenir ce texte tel qu’il est en tout cas sorti de la commission des Lois, sinon bien évidemment, leur effectif eut permis qu’ils soient majoritaires par rapport aux effectifs bien moins importants de l’opposition. »

« C’est devenu un problème pour le Sénat tout entier »

Comme d’autres de ses collègues de son groupe, elle estime que ce manque de mobilisation n’est pas anodin et traduit sans doute un malaise au sein de LR. « Interrogeons-nous sur le sens politique de l’absence de la majorité sénatoriale sur ce texte », déclare-t-elle.

« Les problèmes de sous-représentation de la majorité sénatoriale restent vivaces [...] C'est devenu un problème pour le Sénat tout entier », qui empêche de travailler dans des « conditions correctes ».

Le sénateur LR Roger Karoutchi, présent hier soir, fait son mea culpa, au nom du groupe. « Hier soir, il y a eu ce phénomène absolument extravagant d’une majorité insuffisamment mobilisée et d’un groupe socialiste plus nombreux, d’où la cascade de scrutins publics, d’où les interruptions. Je le regrette infiniment. »

Loin de se laisser déstabiliser, le sénateur des Hauts-de-Seine a mis en cause les « comparaisons plus ou moins oiseuses » qui ont visé la droite au cours des débats cette semaine, et les allusions aux années 30. « On n’a pas franchement donné un spectacle digne du Sénat », regrette-t-il. Sur le manque de mobilisation de son camp, il contre-attaque, en affirmant que cela aurait pu toucher n’importe quel groupe :

« C’est un problème que l’on devra régler en interne dans le groupe LR. Pardon de vous dire que ça peut arriver à tous les groupes [...] Quand vous dites que ce matin on n’est pas nombreux… vous non plus ! »

« Nous sommes majoritaires, nous allons le prouver »

Et de défendre l’utilisation des scrutins publics, ces procédures plus lourdes que les votes à main levée, mais qui permettent aux sénateurs de voter pour leurs collègues non présents. « Nous sommes majoritaires, nous allons le prouver. Le règlement du Sénat autorise que je sache les scrutins publics, jusqu’à preuve du contraire, on n’a pas changé le règlement du Sénat là-dessus que je sache », poursuit Roger Karoutchi.

Éliane Assassi réclame la poursuite des débats lundi

Présidente du groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste), Éliane Assassi refuse d’être mise en cause sur les débats vifs qui ont émaillé l’hémicycle. « Convenez quand même que ce qui a retardé nos débats, c’est la multiplication des scrutins publics », réplique-t-elle.

Plus largement, la sénatrice communiste considère que c’est l’ordre du jour du gouvernement qui est en cause. Il devient, selon elle, un « problème politique ». « Rappelez-vous que sur un texte d’une importance politique comme celui-ci, auparavant nous avions deux semaines de débat », insiste-t-elle.

Alors que la Haute assemblée doit étudier encore 301 amendements ce vendredi, c’est-à-dire autant que sur les trois premiers jours de débats, Éliane Assassi demande à prolonger la séance lundi après-midi, et de mettre fin aux débats aujourd’hui à 20h00 ou 20H30.

Le président de séance, David Assouline, précise que le Sénat suivra probablement cette voie.

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