Avant sa reconstruction, le PS se jette dans la bataille contre le FN

Avant sa reconstruction, le PS se jette dans la bataille contre le FN

Le bureau politique du Parti socialiste appelle à voter Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen. Un combat qui permet de préserver la cohésion du parti, menacée par les législatives et la refondation à venir.
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Au lendemain de l’élimination de Benoît Hamon de l’élection présidentielle, l’heure n’est encore à s’interroger sur l’avenir et à tirer des leçons au siège du Parti socialiste, mais plutôt à la campagne à mener durant l’entre-deux-tours. La qualification de Marine Le Pen est au centre des inquiétudes.

Réuni ce lundi à 10h30, un bureau politique décide à l’unanimité d’appeler à voter en faveur d’Emmanuel Macron pour faire barrage au Front national. «L’extrême droite a mis un pied dans la porte du pouvoir», annonce le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, « en conséquence, le 7 mai, je voterai, nous voterons pour Emmanuel Macron ».

Cambadélis:« Ce résultat marque la fin d’une époque »
07:51

Cet appel rejoint celui déjà exprimé le soir du premier tour par Benoît Hamon. Cet après-midi, c’était au tour de François Hollande d’avertir sur le « risque » que constitue la « présence de l’extrême droite ». Dans une allocution en direct de l’Élysée à 16h, le chef de l’État annonce qu’il votera à titre personnel pour le candidat d’En Marche.

« La bataille de France vient de débuter »

À Solférino, le ton de Jean-Christophe Cambadélis est grave. « L’extrême droite a mis un pied dans la porte du pouvoir en progressant de plus d’un million de voix ». Le premier secrétaire annonce une campagne contre le Front national. Tract émis à quatre millions d’exemplaires. Des « milliers » de porte-à-porte et des « centaines » de réunions publiques. « La bataille de France vient de débuter. Elle sera longue. Le PS y jouera tout son rôle et il sera à sa place : la première. »

Des représentants du gouvernement, à commencer par le porte-parole Stéphane Le Foll, étaient présents et insistent sur la clarté de la position des socialistes. « Les choses sont simples. Il faut être capable de se placer à la hauteur des enjeux », déclare-t-il à la sortie.

« Ne pas sous-estimer Marine Le Pen »

Car en filigrane, c’est aussi l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, qui a choisi de ne pas donner de consigne de vote, qui est commentée. « Face à Marine Le Pen, ceux qui hésitent, c’est incompréhensible ou irresponsable », dénonce la sénatrice Frédérique Espagnac.

Plusieurs socialistes avertissent : les jeux sont loin d’être faits pour le second tour. « Ceux qui pensent que l’on peut enjamber le deuxième tour de la présidentielle se trompent lourdement », met en garde Jérôme Guedj, le porte-parole de Benoît Hamon. Frédérique Espagnac signale qu’il ne « faut pas sous-estimer Marine Le Pen » :

Frédérique Espagnac : « Il ne faut pas sous-estimer Marine Le Pen »
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Images : Héloïse Grégoire

Sa collègue Marie-Noëlle Lienemann critique le discours victorieux d’Emmanuel Macron, sans le nommer. « Certains ne voyaient déjà élus au deuxième tour de manière évidente. Je pense que ce n’est pas ce qu’attendent les Français qui mesurent la gravité de la situation ».

Si la stratégie du front républicain semble entérinée chez la famille socialiste, y-compris chez Gérard Filoche qui « appelera à voter Macron en se bouchant le nez », beaucoup avertissent qu’il ne s’aurait s’agir d’un blanc-seing pour En Marche. « C’est une attitude vigilante, exigeante, certainement pas un alignement », résume Jérôme Guedj. « Soutenir un candidat, ce n’est pas faire alliance avec lui, je ne suis pas favorable à une alliance avec Emmanuel Macron », lâche Marie-Noëlle Lienemann.

Marie-Noëlle Lienemann : « Je ne suis pas favorable à une alliance avec Emmanuel Macron »
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Images : Héloïse Grégoire

L’unité réclamée pour les législatives

Elles n’étaient pas à l’ordre du jour, mais la question des législatives qui auront lieu dans sept semaines, se posera vite pour le Parti socialiste. Même si Stéphane Le Foll appelle à ne pas griller les étapes. « Ce n’est pas le sujet aujourd’hui ». L’unité comme mot d’ordre est répétée par plusieurs d’entre eux. « Si on veut préserver nos fondamentaux, c’est ensemble, pas divisés », déclare Frédérique Espagnac. « Je ne sais pas quelles seront les majorités demain. Pour l’instant, on se bat pour rassembler », répond le patron des députés socialistes Olivier Faure.

Le rassemblement du PS, la cause est entendue. L’élargir, également. Mais vers où ? Les représentants de l’aile gauche espèrent eux un rassemblement des « gauches ». Christian Paul rêve d’un « projet qui rassemble les gauches, et pas seulement le Parti socialiste ». « Sans unité de la gauche, il n’y a aucune possibilité de victoire, c’est la grande leçon du scrutin d’hier », explique Gérard Filoche, qui encourage à « aller voir Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Pierre Laurent » pour un « partage des circonscriptions » dans le but de « sauver un maximum de députés de gauche ».

Après  les « priorités » que représentent le second tour de la présidentielle et les législatives, l’enjeu de la suite est abordée à demi-mots. « Ces résultats marquent la fin d'une époque et appellent un profond renouvellement [...] L'introspection viendra [...] Mais pas maintenant. Car le temps de l'explication n'est pas venu », prévient Jean-Christophe Cambadélis.

« C’est ce qui nous attend pour le mois de juillet »

Tous assurent être « concentrés sur les échéances à venir », mais anticipent aussi la suite pour le Parti socialiste. « On est allé un peu plus loin que ce qui était prévu, on s’est un peu lancé dans le bilan », avoue Gérard Filoche. Jérôme Guedj prévient qu’il y « aura une invitation collective à ce que chacun balaye devant sa porte » et estime que « cette fois-ci », il ne faudra pas « refaire les mêmes erreurs, en essayant de poser un édredon sur les sujets qui font déjà à l’intérieur de la gauche ».

Jérôme Guedj : « Il y aura une invitation collective à ce chacun balaye devant sa porte »
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Images : Héloïse Grégoire

Jean-Marc Germain, le directeur de campagne de Benoit Hamon, annonce que cette phase de reconstruction pour le PS s’annoncera dès le début de l’été :

« On a une longue histoire, qui va se poursuivre encore pendant longtemps, à condition qu’après cette élection présidentielle et après avoir battu Marine Le Pen, après avoir mené cette campagne des législatives, le Parti socialiste soit capable de se renouveler, de se refonder, de s’ouvrir sur la société, de faire émerger des têtes nouvelles. Ça, c’est ce qui nous attend. Mais c’est pour le mois de juillet. »

Jean-Marc Germain : « On a une longue histoire qui va se poursuivre »
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Images : Héloïse Grégoire

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