Avec la boussole stratégique, les Européens veulent prendre leur défense en main

Avec la boussole stratégique, les Européens veulent prendre leur défense en main

Les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense ont voté lundi l’adoption du premier livre blanc de la défense de l’Union Européenne. Le texte prévoit notamment la création d’une force « de déploiement rapide » commune, constituée de 5000 militaires.
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Par Pierre Louis Boucé

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« L’Europe est en danger », avait affirmé en novembre le chef de la diplomatie de l’Union Européenne Josep Borrell en présentant sa « boussole stratégique ». Lundi 21 mars, les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense ont approuvé la version finale de ce texte, sorte de livre blanc de la sécurité de l’UE. « C’est certainement un tournant pour l’UE en tant que pourvoyeuse de sécurité », s’est réjoui Josep Borrell, alors que la présidence française de l’Union européenne et le conflit ukrainien ont porté la défense commune à l’ordre du jour.

 

5000 soldats sous bannière européenne

 

La mesure phare de ce livre concerne la création d’une « Capacité de déploiement rapide de l’Union européenne », qui regroupera 5000 militaires mobilisables en cas d’urgence sécuritaire et agissant sous l’autorité de l’UE. Cette capacité devrait voir le jour en 2025, et comprendra des « composantes terrestres, aériennes et maritimes ».

Le document désigne, de manière plus globale, un ensemble de défis divers que l’Union entend prendre à bras-le-corps d’ici 2030. Le texte mentionne notamment le changement climatique, les risques de cyberattaques, les tensions sécuritaires en Afrique ainsi que « l’agression injustifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine ».

Une décision des 27 que Gérard Longuet, sénateur LR de la Meuse et ancien ministre de la Défense sous Nicolas Sarkozy « salue naturellement ». « En tant que partisan de la construction européenne, je salue naturellement cette boussole stratégique, qui nous permet, en concertation, de définir les menaces et d’envisager les réponses générales à y apporter ».

 

Le budget, question centrale de l’accord

 

La « boussole stratégique » entend également « investir plus et mieux », « combler les lacunes stratégiques » et « réduire les dépendances technologiques » en matière de sécurité européenne. L’Union consacre actuellement 1,5 % de son PIB annuel à son budget de défense, ce qui représente 200 milliards d’euros. Le texte ne mentionne aucun chiffre, mais le conflit en Ukraine a remis en avant l’objectif de l’OTAN, que la France respecte, de porter ce chiffre à 2 % du PIB pour l’ensemble des alliés européens.

Sur ce sujet, Gérard Longuet pense qu’une plus haute dépense de Paris dans ce domaine serait « souhaitable ». « Passer à 2,5 % est une option, qui pourrait nous permettre de donner de la souplesse à la programmation militaire en vigueur ». La sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret, membre également de la commission de la défense, estime que ces budgets sont déjà très élevés : « Les dépenses combinées pour la défense atteignent 200 milliards d’euros. Cela nous place au-dessus du budget russe [61,4 milliards en 2021 selon l’institut international de recherche sur la paix de Stockholm, ndlr] ». « Si nous en avons la volonté politique, nous serons également en mesure de mettre sur pied une industrie commune de l’armement, qui construira et vendra à l’échelle européenne. » ajoute la parlementaire.

L’adoption de ce texte devra être finalisée lors des sommets de l’OTAN et de l’Union Européenne du 23 au 25 mars à Bruxelles. A ce sujet, Josep Borrell a assuré que la boussole stratégique sera « complémentaire » à l’organisation atlantiste de défense. Un avis que partage Hélène Conway-Mouret : « Si la défense européenne est une assurance vie, l’OTAN reste la mutuelle ».

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