Bassines : les députés qui ont participé à la manifestation de Sainte-Soline « ont fait défaut à leur mandat », selon Marc Fesneau

Bassines : les députés qui ont participé à la manifestation de Sainte-Soline « ont fait défaut à leur mandat », selon Marc Fesneau

Invité ce mardi de la matinale de Public Sénat, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a condamné le comportement des parlementaires qui ont participé à la manifestation interdite de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, contre la construction de bassines de rétention d’eau. Il rappelle l’enjeu agricole et alimentaire derrière la mise en place de ces structures controversées.
Romain David

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Trente-six députés de la majorité ont écrit à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour lui demander des sanctions à l’encontre des élus de l’opposition qui ont participé à la manifestation de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Il est reproché à ces parlementaires, en l’occurrence les écologistes Sandrine Rousseau, Lisa Belluco et Charles Fournier, d’avoir participé le 29 octobre à un rassemblement interdit pour marquer leur opposition à la construction de super-bassines, des réserves d’eau de substitution destinées à pourvoir l’irrigation agricole. « Il ne m’appartient pas d’interférer dans les décisions disciplinaires de l’Assemblée, mais je pense que ça n’est pas la seule voie. On peut aussi essayer de faire entendre raisons aux uns et aux autres », a réagi ce mardi matin, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture.

« Quand vous êtes parlementaire, vous votez la loi, et vous vous attendez à ce que la loi soit respectée. Lorsque vous êtes parlementaire, et que vous allez sur le site d’une manifestation interdite, contre un projet qui lui a respecté l’ensemble des critères de la loi, épuisé tous les recours possibles, je trouve que l’on fait défaut à son mandat de député », tacle néanmoins celui qui a été ministre des Relations avec le Parlement sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. « La loi n’est pas à deux vitesses, j’en appelle à la raison de chacun. En démocratie, si on se met dans la philosophie de ne pas respecter la loi, et d’inciter à ne pas respecter la loi dans une manifestation à risques, au fond, vous accréditez malgré vous les phénomènes violents », relève-t-il.

« Il faut que ce projet reprenne », martèle Marc Fesneau. « Il a été validé, y compris par des associations de protection de l’environnement. Sinon, on donnerait raison aux casseurs, à ceux qui, comme seuls moyens d’action, après avoir purgé les moyens légaux, utilisent des moyens illégaux. Cela ne peut pas se passer comme ça en démocratie », ajoute notre invité.

« On a besoin de retenir cette eau »

Les opposants aux bassines reprochent notamment à ces structures, qui doivent permettre aux agriculteurs de mieux traverser les périodes de sécheresse, de perturber le cycle de l’eau et de participer à la réduction des nappes phréatiques. « Quand il n’y a pas d’eau pendant quatre mois, il n’y a pas d’agriculture, quel que soit le type culture. On assiste à une arythmie de la pluviométrie. […] On a donc besoin, dans les périodes où il y a beaucoup de pluie, de la retenir, sinon elle va à l’océan, et l’océan n’a pas besoin de ces quantités d’eau là », explique notre invité. « On a besoin de retenir cette eau pour que dans les périodes de basses eaux l’on puisse la restituer pour l’irrigation, mais cette question se pose aussi pour le soutien des étiages de cours d’eau, l’alimentation en eau potable et la lutte contre les incendies. »

« Ce sont des projets qui, par ailleurs, portent des exigences pour les agriculteurs, en particulier une réduction de la consommation en eau », poursuit notre invité. Concernant le territoire de Sainte-Soline, « il y avait plus de 20 millions de m3 d’eau pris sur ce territoire pour l’irrigation », selon les chiffres du ministre. Avec les bassines, « nous ne sommes plus qu’à 12 millions et sur ces 12 millions, seuls 6 millions seront pris en période estivale », plaide-t-il. « Il y a des contreparties, elles sont sur la table, signées, font partie des protocoles mais les opposants les plus virulents, et de mauvaise foi, disent qu’elles ne seront pas respectées », soupire Marc Fesneau.

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