Des scoops pour la reprise des travaux de la commission du Sénat enquêtant sur l'affaire Alexandre Benalla: le directeur de cabinet d'Emmanuel...
Benalla a usé largement de ses passeports diplomatiques après l’Elysée
Des scoops pour la reprise des travaux de la commission du Sénat enquêtant sur l'affaire Alexandre Benalla: le directeur de cabinet d'Emmanuel...
Par Véronique MARTINACHE
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Des scoops pour la reprise des travaux de la commission du Sénat enquêtant sur l'affaire Alexandre Benalla: le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a révélé mercredi que l'ex-collaborateur de l'Elysée avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement, et l'a soupçonné de faux.
"M. Benalla a utilisé presque une vingtaine de fois ses passeports entre le 1er août 2018 et le 31 décembre 2018", a déclaré M. Strzoda devant la commission, en précisant que la première utilisation de ces documents avait été faite du 1er au 7 août.
La presse avait révélé peu avant Noël que l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron disposait toujours de passeports diplomatiques et qu'il effectuait des voyages d'affaires auprès de dirigeants africains.
La déclaration du directeur de cabinet mercredi contredit directement l'affirmation, faite par Alexandre Benalla lors de sa propre audition le 19 septembre, selon laquelle il avait laissé dans son bureau de l'Elysée les passeports diplomatiques qu'il avait utilisés dans le cadre de ses fonctions de chargé de mission à la présidence de la République.
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda devant la commission du Sénat enquêtant sur l'affaire Benalla, le 16 janvier 2019 à Paris
AFP
Patrick Strzoda a expliqué mercredi qu'un inventaire du bureau de M. Benalla avait été effectué le 2 août, au lendemain de son départ de l'Elysée, et que les passeports ne s'y trouvaient pas. Il a également affirmé que les affaires personnelles de l'ex-collaborateur avaient été déposées dans un carton fermé qu'il n'est jamais venu chercher, malgré plusieurs sollicitations.
"On est confrontés à un comportement fautif d'un individu qui a peut-être profité de failles du système", a-t-il dit.
M. Strzoda a également souligné que M. Benalla avait été en possession de deux passeports de service, le premier délivré en 2016 "bien avant" son arrivée à l'Elysée, le deuxième le 28 juin 2018.
Les démarches pour invalider ces passeports "ont été faites la veille de son départ" de l'Elysée et ils ont été invalidés le 31 juillet 2018, a ajouté M. Strzoda.
Il a affirmé au passage que la demande de l'un des deux passeports de service avait été faite par Alexandre Benalla le 28 juin au ministère de l'Intérieur par une lettre à en-tête du chef de cabinet de l'Elysée, mais "dactylographiée" et non signée. En clair, a-t-il dit, "nous soupçonnons une falsification faite par M. Benalla", et l'Elysée en a saisi la justice.
Face à des précisions selon lui insuffisantes, le sénateur PS Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur de la commission a lancé "Vous ne savez pas grand chose" au directeur de cabinet, s'attirant une réplique cinglante: "Si vous retenez de mes interventions que la maison n'est pas tenue, je peux vous assurer que c'est faux".
Éléments biographiques d'Alexandre Benalla, ex-collaborateur de l'Elysée mis en examen pour avoir frappé des manifestants lors du 1er mai 2018
AFP
Outre M. Strzoda, la commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla entend mercredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, ainsi que pour la première fois le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, après de nouvelles révélations sur l'utilisation par Alexandre Benalla de passeports diplomatiques.
La commission des lois du Sénat s'est vu attribuer les prérogatives de commission d'enquête pour six mois le 23 juillet dernier, soit jusqu'au 24 janvier. Après 28 auditions entre juillet et octobre, elle était en veilleuse depuis deux mois.
Christophe Castaner, à l'époque délégué général du parti présidentiel LREM, et Patrick Strzoda avaient déjà été auditionnés en juillet. M. Castaner sera cette fois entendu en sa qualité de ministre de l'Intérieur.
Sont également programmées pour lundi de nouvelles auditions de M. Benalla, l'ex-chargé de mission de l'Elysée, et de son acolyte Vincent Crase, ex-employé de LREM et chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie.
Les deux hommes avaient été mis en examen pour violence en réunion après des images montrant M. Benalla frapper un manifestant en marge des défilés du 1er-Mai à Paris. Très vite, M. Benalla était apparu comme un élément central du dispositif sécuritaire autour du couple présidentiel et l'affaire avait empoisonné l'été d'Emmanuel Macron.
L'affaire se poursuit aussi sur le terrain judiciaire. Outre l'enquête ouverte cet été sur les violences du 1er mai, le parquet a ouvert le 29 décembre une seconde enquête, cette fois sur les passeports diplomatiques, pour "abus de confiance", et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle".
M. Strzoda a été interrogé la semaine dernière par la police judiciaire dans le cadre de cette nouvelle enquête.
Ce jeudi, Laurent Berger, directeur de l’Institut Mutualiste de l’Environnement et de la Solidarité de Crédit Mutuel Alliance et Benoit Bazin, PDG du groupe Saint Gobain, étaient les invités de la matinale de Public Sénat. Auteurs du livre « Voies de passage », ils sont revenus sur le conclave sur les retraites qui s’est achevé la semaine dernière.
Dans la foulée de l’adoption de la proposition visant à lever les contraintes de l’exercice du métier d’agriculteur », les socialistes au Sénat veulent contester devant les Sages les dispositions du texte, contraires selon eux aux principes de la Charte de l’environnement et à l’intérêt général.
Alors que la France connaît une vague de chaleur historique, le nombre de décès liés à la canicule reste incertain. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas estime qu’il est trop tôt pour faire un bilan et défend l’action du gouvernement pour s’adapter au réchauffement climatique.
Le sénateur PS Jean-Claude Tissot s’est étonné, lors des questions au gouvernement ce 2 juillet, de l’absence de prise de position du ministre de la Santé sur la proposition de loi visant à lever des contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur.