Benjamin Griveaux : « François Baroin ferait mieux de parler aux Français plutôt qu’à son parti »

Benjamin Griveaux : « François Baroin ferait mieux de parler aux Français plutôt qu’à son parti »

Invité de l’émission « L’épreuve de vérité », le porte-parole de la République en Marche,Benjamin Griveaux, a demandé à François Baroin de « parler aux Français, plutôt qu’à son parti » après les attaques du chef de file du parti LR. Il a également esquissé le style présidentiel d’Emmanuel Macron « pas là pour faire le commentaire de l’actualité chaque jour » contrairement à ses prédécesseurs. 
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A la veille de l’annonce du nouveau gouvernement et alors que les Français sont appelés à voter aux élections législatives les 11 et 18 juin, on ne parle plus que de recomposition politique et de décomposition des partis. Face au contre-appel que préparent les Républicains, en réponse aux membres de leur troupe qui ont accepté la main tendue d’Emmanuel Macron, Benjamin Griveaux, le porte-parole de la République en Marche demande au chef de file du parti LR pour les élections législatives, de balayer devant sa porte :

« Je dis à François Baroin qu’il ferait mieux de parler aux Français plutôt qu’à son parti. Et qu’il faut toujours préférer défendre ses idées que son parti (…) Finalement, là, ils sont en train de se regarder le nombril. Je leur dis « Mais parlez aux Français ! [Ils] vous ont adressé un message très clair dans le cadre de ces élections ». Et je comprends leur malaise, je comprends qu’ils ne font que de parler de leurs affaires internes. (….) Ils ont désossé la totalité du projet porté par François Fillon (….) Donc cela veut dire qu’eux-mêmes, ne croyaient pas au projet qu’ils ont porté. Comment voulez-vous avoir un exercice de sincérité que les Français appellent de leurs voeux ardemment (…) quand vous abandonnez en rase campagne un projet que vous défendiez il y a encore trois semaines ? Donc ils feraient mieux de travailler sur le fond et de parler aux Français plutôt que d’essayer des recompositions, du bricolage et des rabibochages qui n’auront d’intérêt que pour les membres de l’appareil Les Républicains ».

Et si certains parlent d’explosion de la droite et de la gauche, la faute pour Benjamin Griveaux en incombe aux partis : « Ils se sont piégés eux-mêmes. Et à gauche et à droite. La leçon de ces deux primaires est qu’elles ont fait émerger, non pas un leader, mais une incohérence idéologique profonde.  Parce que ces gens-là ne pensaient pas la même chose et qu’ils restaient dans un parti par habitude et puis par arrangement électoral ».

 

Interrogé sur la raison du report de 24 h de l’annonce du gouvernement, le porte-parole de la République en Marche y voit, pour « l’essentiel » la vérification des situations fiscales et des possibles conflits d’intérêt des futurs membres, notamment pour les personnes issues de la société civile, les personnalités issues du monde politique ayant déjà fait l’objet de ces vérifications par la Haute autorité dans le cadre de leur mandat. Ces mêmes ministres qui, une fois nommés, seront « responsabilisés dans l’exercice de leur champ ministériel » rappelle Benjamin Griveaux. L’idée d’Emmanuel Macron étant de chaque année faire un bilan « un reporting », concernant l’action de chaque ministre, « pour voir si les objectifs ont été atteints ».

Alors que le leader de la France insoumise candidat aux législatives à Marseille, Jean-Luc Mélenchon, très critique concernant la présidence Macron, s’est rendu en Creuse pour apporter son soutien aux salariés de l’équipementier automobile GM&S, Benjamin Griveaux y voit une instrumentalisation : « En campagne électorale, c’est facile d’aller voir les gens et de leur dire qu’on va interdire les fermetures d’usine (…) Marine Le Pen l’a fait avec les salariés de Whirlpool (…) C’est de l’instrumentalisation de la misère et de la souffrance des gens. Et je trouve que c’est très irrespectueux de faire ça ».

Benjamin Griveaux développe le sens de l'expression "présidence jupitérienne"
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Pour conclure, Benjamin Griveaux a développé le sens de l’expression « présidence jupitérienne », présidence que souhaite mettre en place Emmanuel Macron : « C’est une présidence où la parole présidentielle est plus rare que celle qui a été [précédemment] » : « Les deux prédécesseurs ont beaucoup parlé, ont beaucoup échangé de sms. Parfois on dit sans doute trop de choses à des journalistes. Et je pense qu’il faut retrouver une forme de distance. D’abord qui vous préserve de la dictature de l’urgence dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Et puis qui vous permet aussi de réinscrire votre action dans un temps plus long. Et c’est sans doute cela aussi le style présidentiel qui sera le sien (…) Donner du sens et donner un horizon. C’est le rôle du président de la République. Il n’est pas là pour faire le commentaire de l’actualité chaque jour ».

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