La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».
Bernard Cazeneuve raconte ses 150 jours à Matignon
Par Priscillia Abereko
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L’échec de François Hollande
En décembre 2016, Bernard Cazeneuve est nommé Premier ministre. Une décision présidentielle qui ne se refuse pas, bien qu'il estime « n’avoir rien fait pour avoir ces responsabilités ». Pour l’ancien Premier ministre, « ceux qui restaient aux côtés de François Hollande à ce moment-là, savaient puisqu’il avait décidé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, qu’en restant avec lui jusqu’au bout dans la loyauté, ils se condamnaient ». Une inquiétude qui n'a pas empêché Bernard Cazeneuve d'être aux côtés de François Hollande.
Interrogé sur les divisions au sein du Parti socialiste à la fin du quinquennat, l'ancien Premier ministre est surtout revenu sur les primaires perçues par Bernard Cazeneuve comme une anomalie. « J’ai je l'ai dit au Président Hollande. Je ne comprenais pas pourquoi on organisait des primaires alors qu’il était sortant » avoue-t-il. Un choix que regrette amèrement l’ancien Premier ministre et qui a favorisé selon lui l’émergence d'opposants, soucieux de se frayer leur propre chemin. Pour Bernard Cazeneuve, François Hollande aurait dû réagir. L’ancien premier ministre regrette ce manque de fermeté dont à fait preuve François Hollande. À l’encontre d’Emmanuel Macron, notamment, l’ancien Premier ministre fustige « On n’organise pas une réunion publique le 14 juillet, le jour où le Président de la République doit faire sa déclaration devant les Français. Ça, ce n’est pas possible ».
Au final Bernard Cazeneuve, juge trop sévères les critiques faites sur la gestion de François Hollande. « Le regard porté sur cette période n’est pas un regard juste : parce que nous avons, sur le plan des comptes publics, procédé à la diminution des déficits et rétabli les conditions de la croissance mais également celles des marges des entreprises ».
À propos de Jean-Luc Mélenchon : il n'est pas « un rouge épris de romantisme, mais d’avantage comme un pur populiste, prompt à toutes les mises en cause y compris par le truchement de la violence »
Jean-Luc Mélenchon dans le collimateur
Dans son ouvrage, Bernard Cazeneuve dresse le portrait de ses ex-collègues, tantôt léger, tantôt virulent. Mais les piques les plus dures sont adressées à Jean-Luc Mélenchon. Des propos mérités selon Bernard Cazeneuve, qui dans son livre n'hésite pas à dire qu'il n’a jamais considéré le leader de la France Insoumise comme « un rouge épris de romantisme, mais d’avantage comme un pur populiste, prompt à toutes les mises en cause y compris par le truchement de la violence ». Une querelle qui remonte aux élections législatives lorsque Jean-Luc Mélenchon évoque Bernard Cazeneuve comme étant l’homme qui aurait assassiné Rémi Fraisse. Des accusations infondées pour Bernard Cazeneuve, qui n’hésite pas à remettre en cause l’étiquette politique de Jean-Luc Mélenchon : « Quand on est à gauche et qu’on se bat parce qu’on est indigné, qu’on recherche la vérité, on ne fait pas ce que Jean-Luc Mélenchon a fait, mais plutôt ce que Zola a fait (...) avec J’Accuse. On est dans la mise en cause mensongère (...) avec une volonté d'atteindre l'autre. C’est le contraire de la gauche, la vraie gauche, la gauche humaniste, s’interdit ce genre de propos ». La retenue serait une vertu en politique.
La présidence d’Emmanuel Macron
Au sujet d’Emmanuel Macron, l’ancien Premier ministre est plus nuancé. Très vite, il admet avoir senti que l’actuel Président de la République pouvait le devenir. Au fil des années, une relation de confiance et de sincérité s’est construite entre les deux hommes. Aujourd’hui, il n’hésite pas à relever les défauts d’Emmanuel Macron. Un président qui s’exprime beaucoup, trop peut-être pour un président. Face aux critiques contre l’actuel Président, qualifié de « Président des riches », Bernard Cazeneuve répond que « sur le plan de la politique fiscale, il y a des injustices qui se préparent ». Malgré tout, Bernard Cazeneuve reconnaît « Emmanuel Macron à une volonté de moderniser l’économie française et ça… c’est une bonne chose ».
Sur le PS : c'est « une tristesse de ce qui est advenu de notre famille politique et j'ai la conviction que cela doit et va renaître ».
150 jours, et après ?
Après avoir passé 150 jours à Matignon, Bernard Cazeneuve déclare : « c’est une fierté d’avoir servi son pays, une tristesse de ce qui est advenu de notre famille politique et j'ai la conviction que cela doit et va renaître ». Aujourd’hui avocat, il n’exclut pas l’idée de participer à la reconstruction de la gauche avec cette nouvelle génération et prépare actuellement la sortie de son deuxième livre, dédié cette fois, à la lutte contre le terrorisme.
Bibliographie :
- Chaque jour compte - 150 jours sous tension à Matignon, de Bernard Cazeneuve, éd Stock.
Retrouvez l'intégralité de l'émission présentée par Jean-Pierre Elkabbach, vendredi à 22h.