Présidentielle 2022 : le camp Bertrand « ouvre la porte » à sa participation à un congrès LR

Présidentielle 2022 : le camp Bertrand « ouvre la porte » à sa participation à un congrès LR

Selon la grande étude commandée par Les Républicains, Xavier Bertrand devance Valérie Pécresse sur de nombreux sujets, sans pour autant plier le match. Si les militants LR décident samedi de désigner le candidat lors d’un congrès, il n’est pas exclu que le président des Hauts-de-France y participe. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il soit prêt à un vote interne face à Valérie Pécresse…
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A droite, on aime faire durer le plaisir. Les LR étaient réunis en bureau politique ce mercredi soir pour trancher l’épineuse question qui sera soumise aux militants, lors d’un congrès en ligne, ce samedi 25 septembre. A eux de décider comment le ou la candidate du parti pour 2022 sera désigné : soit par une primaire semi-ouverte, soit par un congrès du parti.

Pas de participation des partis alliés

Après un comité stratégique la semaine dernière, où le sujet de la participation au congrès des partis amis comme les centristes de l’UDI, a fait débat, le bureau politique a tranché. Ce ne sera pas le cas. Les deux options soumises aux adhérents LR sont donc : une « désignation par un processus ouvert à l’ensemble des sympathisants que se reconnaissent de la droite et du centre, avec une préinscription et le fichier sera la propriété du mouvement, et mis à disposition du candidat », a expliqué Christian Jacob, après le bureau. Soit le candidat sera désigné par « un vote en congrès réservé aux seuls militants ».

Un débat s’est instauré entre les défenseurs d’un vote fermé aux seuls LR, et un congrès ouvert aux partis alliés, ligne qu’a défendue le président du Sénat, Gérard Larcher, Bruno Retailleau ou Roger Karoutchi. Mais Christian Jacob y voit « un certain nombre de problèmes ». « Tous nos militants sont identifiés clairement », mais les autres partis « ne sont pas tous dans le même système, certains ont même un système d’adhésion par clic et gratuit », note le président des LR. C’est le cas de Libres ! et de La Manufacture, les mouvements de Valérie Pécresse. Les membres du bureau ont voté sur cette question. Les défenseurs d’un congrès ouvert sont restés minoritaires, avec un peu plus de 20 voix. La semaine dernière, la question avait donné une égalité en comité stratégique.

« La porte est grande ouverte » à Xavier Bertrand, rappelle Christian Jacob

Durant ce bureau, le camp Bertrand, par la voix de l’une de ses porte-parole, la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, a fait un nouveau pas vers le parti. « Ce qui a été dit par Dominique Estrosi Sassone, c’est que Xavier Bertrand, dans la formulation congrès, était prêt à s’y soumettre », rapporte Christian Jacob, qui rappelle que « la porte est grande ouverte »…

L’idée d’une participation de Xavier Bertrand à un congrès LR, évoquée depuis quelques jours, changerait la donne. Il ne faut pas oublier que le candidat a besoin de l’appui, et surtout des finances des LR, s’il veut aller plus loin. D’une manière ou d’une autre, il devra retrouver sa famille d’origine.

« C’est vrai que Xavier Bertrand serait plus ouvert à un congrès »

« Il faut bien trouver une issue à cette situation de blocage », explique après le bureau la sénatrice de Paris, Céline Boulay-Espéronnier, autre porte-parole de Xavier Bertrand. Elle ajoute :

On va attendre samedi et le vote des militants. Mais c’est vrai que Xavier Bertrand serait plus ouvert à un congrès. On ouvre la porte.

Xavier Bertrand, opposé depuis le début à la primaire, est donc prêt à se soumettre au vote des militants face à Valérie Pécresse ? C’est aller un peu vite en besogne. « Lui dit, que s’il en ressort un congrès, il en appellera à LR en disant « je souhaite le soutien de la famille LR pour me présenter en son nom » », explique le sénateur Jean-François Rapin, l’un de ses soutiens. Mais aux yeux du sénateur du Pas-de-Calais, il faudra encore déterminer, « après le vote du 25 », les règles d’organisation de ce congrès, si c’est l’option retenue par les adhérents. « Je ne sais pas si ce sera un vote, une décision du bureau ou si le candidat sera adoubé par les militants », lâche Jean-François Rapin…

« En fait, Xavier Bertrand est prêt à recevoir l’onction d’un congrès, mais avec un seul nom, le sien… »

« En fait, Xavier Bertrand est prêt à recevoir l’onction d’un congrès, mais avec un seul nom, le sien… » décrypte un responsable LR, qui ne pense pas que Xavier Bertrand participera « à une primaire fermée ». Ce membre du bureau craint qu’en réalité, « l’appareil roule largement pour Xavier Bertrand. Ils entretiennent le flou ».

Selon certains, l’issue du vote du congrès en ligne ne fait pas de doute. « Vous allez demander aux militants s’ils sont importants pour déterminer le candidat… Je connais d’avance le résultat. Vous aurez un vote des militants pour les militants, car ils veulent peser », craint un partisan de l’ouverture. Autrement dit, c’est l’option vote en congrès qui l’emporterait. Réponse samedi.

Bertrand mieux placé que Pécresse dans le sondage commandé par LR mais sans plier le match

Eléments de plus : pour aider les sympathisants de droite à choisir leur champion, le parti de Christian Jacob a commandé à l’Ifop une grande enquête d’opinion, auprès de 15.000 personnes, présentée au bureau politique. Selon les éléments de ce sondage, c’est Xavier Bertrand qui s’en sort le mieux, devant Valérie Pécresse et Michel Barnier.

L’étude porte plus sur les qualités des candidats que des intentions de vote. Le « mieux placé pour accéder au second tour de la présidentielle de 2022 » est ainsi Xavier Bertrand (71 %), suivi de Valérie Pécresse (58 %), de Michel Barnier (37 %), d’Eric Ciotti (20 %) et de Philippe Juvin (13 %). En termes de notoriété, Xavier Bertrand ressort comme le plus connu (81 %), à peine devant Valérie Pécresse (79 %), puis Michel Barnier (58 %). Mais les deux premiers sont à égalité chez les sympathisants LR. En termes de popularité en revanche, Valérie Pécresse le devance légèrement chez les sympathisants (81 % contre 79 %).

Les questions posées sont multiples. Qui est le mieux « capable de bien représenter la France à l’étranger », de « gérer une crise », de « rassembler la droite et le centre », qui est « proche des préoccupations des Français ». Le président des Hauts-de-France ressort presque à chaque fois devant celle de l’Ile-de-France, souligne Le Parisien.

« Xavier Bertrand arrive en tête sur la plupart des items »

Les sondés sont aussi interrogés sur la question qui sera soumise aux militants. L’idée d’une primaire n’est soutenue qu’à hauteur de 50 %, contre environ 60 % pour une désignation lors d’un congrès du parti… La première option à la préférence de Valérie Pécresse.

Si cette étude donne une indication, elle ne clarifie pas tout. Christian Jacob rêvait de voir un candidat plier le match. Selon ce sondage, il n’en est rien. Xavier Bertrand confirme une légère avance sur Valérie Pécresse, à l’image des sondages d’intention de vote, mais il ne bénéficie pas d’une avance irrattrapable. Michel Barnier apparaît bien, lui, comme le troisième homme.

« Xavier Bertrand arrive en tête sur la plupart des items, mais on voit que les écarts sont serrés sauf sur le deuxième tour et la capacité à battre Le Pen ou Macron », commente Christian Jacob, qui reconnaît qu’il n’y a cependant toujours pas de « candidat naturel ». Mais pour Jean-François Rapin, il n’y a pas photo d’après ce sondage : « Il est loin devant. La marge d’erreur est très minime sur ce type de sondage. Le premier dans une classe, il est peut-être premier à deux points du deuxième, mais il reste premier. C’est le résultat qui compte ».

Last but not least, « une procédure d'impeachment » du candidat a été décidée, c’est-à-dire un système de destitution. Soit une forme de clause Fillon. « Si pour une raison ou une autre, le candidat ne pouvait plus être porteur du choix établi, le parti se garde la possibilité de revenir dessus », explique le président des LR.

« Vous vous rendez compte, ça fait six mois qu’on parle de savoir s’il faut avoir une primaire ou pas »

Les LR ont encore quelques épisodes devant eux avant de connaître la fin de l’histoire. Ce qui énerve passablement plusieurs élus, comme le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, qui a préféré ne pas se rendre au bureau.

« C’est un film. Il y a des rebondissements. Mais est-ce qu’à un moment donné, on va sortir de notre ego, nos problèmes d’organisation interne, pour parler aux gens ? Vous vous rendez compte, ça fait six mois qu’on parle de savoir s’il faut avoir une primaire ou pas… A un moment donné, il faut en finir », exhorte le député, favorable à « une primaire ouverte ». Pour la conclusion, il faudra attendre encore un peu.

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