Budget: cure d’austérité à Pôle emploi

Budget: cure d’austérité à Pôle emploi

Malgré le démenti de Muriel Pénicaud,  le syndicat SNU s’inquiète d’une privatisation prochaine de Pôle emploi et annonce la tenue d’une grève imminente.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Se dirige-t-on vers une privatisation de Pôle emploi ? Selon les informations du Parisien, la piste serait à l’étude.  Signe avant-coureur, la suppression  de « plusieurs milliers de postes de cadres du service public de l’emploi serait dans le viseur de Bercy » révèle le quotidien. Invitée de franceinfo, la ministre de du Travail, Muriel Pénicaud a démenti la baisse de 2 milliards du budget de son ministère pour l’année prochaine. Une baisse  qui participerait au plan d’économies de 16 milliards au lieu de 20 annoncées que l’exécutif entend mettre en œuvre en 2018 (voir notre article).

Au sujet de Pôle emploi, Muriel Pénicaud s’est bornée à affirmer que seules quelques centaines d’emplois seraient « en évolution », « comme chaque année », sur « un peu plus de 50 000 postes ». « C’est normal, il faut savoir que la croissance repart. Donc, c’est normal, c’est proportionnel » a-t-elle justifié avant de renvoyer les annonces à la semaine prochaine.

SNU-Pôle Emploi menace de faire grève

Des mots qui n’ont pas vraiment rassuré les syndicats du service public de l’emploi. « C’est une bombe qui vient d’arriver ce matin » (…) On ne nous l’a pas dit. On l’apprend par les médias. Sur la forme, c’est absolument malpropre d’agir comme ça » juge Jean-Charles Steyger, secrétaire général du syndicat SNU-Pôle Emploi. Il met en avant « des charges de travail qui explosent » et des effectifs « qui n’augmentent pas depuis la première année du quinquennat de François Hollande ». « Aujourd’hui, je le dis très tranquillement aux dirigeants. Les personnels vont se mettre en phase 2 et vont bloquer les affaires. Ce sera la grève » prévient-il.

« Un système de front office et de back-office »

Pour Hervé Chapron, ancien directeur adjoint de pôle emploi et coauteur en 2014 de « Pôle emploi : autopsie d’un naufrage » (ed. Opportun), le problème est structurel. Il faut pour cela remonter aux origines de Pôle emploi, crée en 2008, suite à la fusion de l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) et de l'Assedic (organisme chargé des allocations-chômage). « Dès la création de Pôle emploi on s’est retrouvé avec trop de salariés dans le back-office, par exemple, des contrôleurs de gestion, comptables, conseillers marketing… Et pas assez dans le front office, c'est-à-dire les conseillers. Or, il existe à Pôle emploi une convention collective qui conditionne la mobilité professionnelle au consentement du salarié » explique Hervé Chapron. Selon les informations révélées dans la presse, les « cadres avec de gros salaires » du back-office seraient dans le collimateur de Bercy.

Auditionné au Sénat en 2011, Christian Charpy, alors directeur général de Pôle emploi, reconnaissait que la fusion entre l’ANPE et les Assedic n’avait pas été une « chose facile ». « De fait, il a fallu absorber le choc du rapprochement de deux établissements aux statuts, missions, comptabilité et personnels différents (…) L’affaire a été complexe avec un système de front office et de back-office » expliquait-il. Actuellement, pôle emploi compte 54 000 salariés, dont 90% sont des contrats de droits privés, pour plus 6 millions de chômeurs toutes catégories.

Bruno Le Maire favorable à la privatisation de Pôle emploi

Ce que craignent les syndicats, c’est bien une privatisation prochaine de tout ou partie des missions de Pôle emploi. « La vision du service public du président de la République, c’est la mise en concurrence, c’est faire du chiffre. Que vous soyez chômeur, malade ou retraité, vous devez rapporter de l’argent »  s’emporte Jean-Charles Steyger. Et ses inquiétudes peuvent être confortées par l’ancienne proposition du candidat Bruno Le Maire, lors de la primaire des Républicains. L’actuel ministre de l’Économie se disait favorable à la privatisation de Pôle emploi. « Aujourd'hui, avec Pôle Emploi, cela ne marche pas. Regardez l'efficacité d'un site comme Le Bon coin, je pense que c'est une bonne illustration de ce qu'aujourd'hui beaucoup de demandeurs d’emploi passent par des organismes privés pour retrouver un travail » expliquait-il, il y a un an.

Sujet vidéo: Samia Déchir

Dans la même thématique

Budget: cure d’austérité à Pôle emploi
3min

Politique

« C’est Jordan le mythomane ! » : Clément Beaune tacle la tête de liste du RN sur sa maîtrise des questions européennes

Un peu plus d’un mois avant les élections européennes, Clément Beaune, député de Paris et porte-parole de Valérie Hayer, était l’invité de la matinale de Public Sénat. L’élu macroniste a tenté de rassurer, alors même que la majorité présidentielle n’a ni annoncé son programme, ni dévoilé l’intégralité de sa liste.

Le

Budget: cure d’austérité à Pôle emploi
4min

Politique

Mobilisations propalestiniennes à Sciences Po : Sylvie Retailleau annonce réunir les présidents d'université jeudi matin

Interrogée dans le cadre des questions au gouvernement au Sénat sur les mobilisations propalestiniennes à Sciences Po, la ministre de l’enseignement supérieur a défendu la nécessité de « veiller au respect du cadre républicain », tout en permettant un espace « pour avoir du vrai débat et de la controverse ». A ce titre, elle annonce réunir les présidents d’université ce jeudi 2 mai, afin de bâtir un calendrier.

Le