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Calais: le Conseil d’État valide des mesures d’aide aux migrants
Par Gregory DANEL, avec Benjamin MASSOT à Lille
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Huit mois après le démantèlement de la "Jungle", le Conseil d’État a validé lundi, contre le souhait du ministère de l'Intérieur, des mesures d'aide aux migrants exposés à des "traitements inhumains et dégradants" à Calais (Pas-de-Calais).
"C'est une décision satisfaisante, de sagesse. (...) Il était difficilement pensable qu'on puisse empêcher la mise en place de points d'eau pour des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants", a réagi auprès de l'AFP Didier Degrémont, président départemental du Secours catholique.
La plus haute juridiction administrative a donné son feu vert à l'ordonnance du tribunal administratif de Lille qui, s'il avait écarté le 26 juin la création d'un nouveau centre d'accueil d'urgence pour migrants à Calais, avait ordonné à l’État et à la commune la mise en place de mesures pour leur venir en aide, comme la création de points d'eau et de sanitaires.
Saisi par onze associations et une cinquantaine de migrants, le tribunal avait également enjoint au préfet d'organiser, à destination des migrants qui le souhaitent, des départs depuis la commune de Calais vers les centres d'accueil et d'orientation ouverts sur le territoire français, dans lesquels des places sont disponibles.
Alors que le Calaisis fait face à un nouvel afflux de candidats à l'exil en Angleterre, dont une centaine de mineurs, le ministère de l'Intérieur et la ville de Calais avaient fait appel de cette décision.
Ils redoutent la réinstallation de campements sauvages, à l'image de la "Jungle", immense bidonville qui avait compté des milliers de migrants jusqu'à son démantèlement fin octobre 2016.
"La commune a tout essayé: centres ouverts, campements, bâtiments modulables, lieux de distribution de repas, mais rien n'a fonctionné", avait plaidé l'avocat de Calais lors de l'audience, en priant les juges d'épargner à la ville "la situation d'épouvante qu'elle a déjà subie".
- Gale et impétigos -
Pour le Conseil d’État, "la prise en compte par les autorités publiques des besoins élémentaires des migrants qui se trouvent présents à Calais en ce qui concerne leur hygiène et leur alimentation en eau potable demeure manifestement insuffisante et révèle une carence de nature à exposer ces personnes, de manière caractérisée, à des traitements inhumains ou dégradants, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale".
Ils ont dressé un constat alarmant des conditions de vie des migrants, "qui se trouvent dans un état de dénuement et d'épuisement, n'ont accès à aucun point d'eau ou de douche ni à des toilettes et ne peuvent ainsi, notamment, ni se laver ni laver leurs vêtements". Ils "souffrent en conséquence de pathologies telles que la gale ou des impétigos, de divers troubles liés à une mauvaise hygiène ou encore de plaies infectées ainsi que de graves souffrances psychiques résultant de cette situation".
La décision du Conseil d’État, "c'est mieux que rien", a jugé François Guennoc, porte-parole de l'association L'Auberge des migrants.
"La mairie a normalement 48 heures, mais ce n'est pas aussi simple que cela. (...) On va proposer à l’État, au préfet et à la ville de dialoguer sur la façon d'installer ces points d'eau et ces douches. On est dans une démarche de travail en commun. Ce n'est pas parce qu'on ouvre un point d'eau que demain il y aura un camp", a insisté le responsable associatif.
Le président Emmanuel Macron avait assuré jeudi dernier qu'il n'y aurait plus de campement de rue en France "d'ici à la fin de l'année". Avant lui, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait affirmé que Calais ne devait plus être "un abcès de fixation".
M. Collomb doit s'exprimer sur la décision du Conseil d’État, à 14H30, lors d'une conférence de presse.