« De l’esbroufe ». Les critiques de David Lisnard, le président de l’Association des maires de France, sur l’augmentation de la dotation globale de fonctionnement des communes (DGF), porté à 320 millions d’euros dans le budget 2023, ont du mal à passer du côté de l’exécutif. « Je trouve que c’est un peu indécent », s’est agacée ce mardi 22 novembre, en marge de sa visite au 104e Congrès des maires, Caroline Cayeux, la ministre déléguée chargée aux Collectivités territoriales.
La veille, sur le plateau de la matinale de Public Sénat, David Lisnard a estimé que la hausse de la DGF ne valait pas une réindexation sur l’inflation, réclamée depuis des années par les élus locaux, dans la mesure où l’explosion des charges continue de grignoter le pouvoir d’achat des collectivités. « L’augmentation de la DGF, vous me permettrez de dire que c’est de l’esbroufe communicationnelle ou, comme disait Emmanuel Macron, de la poudre de perlimpinpin ! » a-t-il taclé, tout en se montrant particulièrement agacé par la rhétorique déployée depuis plusieurs semaines par le gouvernement autour de cette hausse, vantée comme la plus importante depuis 13 ans. « Je pense que le gouvernement à tort de répéter ces éléments de langage parce que cela énerve les maires. »
Pas de réindexation de la DGF
« La DGF n’a pas bougé pendant le premier quinquennat, et les gouvernements précédents (sous François Hollande), l’avait baissée d’au moins 11 milliards d’euros », a tenu a rappelé Caroline Cayeux, également interrogée par Public Sénat. « Aujourd’hui, c’est un plus, ce qui veut dire que toutes les communes pourront être équilibrées ou augmentées », fait-elle valoir.
En revanche, la réindexation de la DGF « n’est pas possible budgétairement parlant », explique cette responsable gouvernementale. Elle invoque toutefois les différents mécanismes mis en place pour aider les élus locaux à faire face à la situation économique. « Il y a, pour lutter contre la fracture énergétique, un certain nombre de dispositifs : le bouclier tarifaire pour les plus petites communes, l’amortisseur sur l’électricité pour toutes les communes, ce qui veut dire que l’Etat prendra à sa charge 50 % (du prix) au-delà d’un seuil fixé à 325 mégawatts de l’heure, et puis, le filet de sécurité sera prolongé en 2023. Il y a une véritable attention portée aux collectivités pour les aider et les accompagner », insiste-t-elle.
À travers les mailles du filet
Un argumentaire qui peine toujours à convaincre dans les rangs de l’AMF. « On parle beaucoup de grands chiffres, 300 millions par-ci, 400 millions par-là… Je suis maire d’une ville de 60 000 habitants, le budget c’est 120 millions d’euros chaque année. Lorsque les chiffres annoncés sont rapportés à l’échelle de la nation, c’est un effort qui peut paraître modeste », réagit Thierry Repentin, le maire de Chambéry, membre du bureau de l’AMF. Et d’ajouter : « J’ai la charge d’administrer une commune qui malheureusement ne bénéficiera d’aucun des dispositifs annoncés, parce qu’il y a énormément de filtres qui ont été mis en place. »