Carrières longues : Olivier Dussopt refuse la proposition d’Aurélien Pradié

Carrières longues : Olivier Dussopt refuse la proposition d’Aurélien Pradié

Invité de notre matinale, Olivier Dussopt est revenu sur l’extension du dispositif « carrière longue » à ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans, et refuse la proposition d’Aurélien Pradié de l’étendre à ceux qui ont cotisé un seul trimestre. La mesure coûterait d’après lui 10 milliards d’euros et « remettrait en cause » les équilibres budgétaires visés par la réforme.
Louis Mollier-Sabet

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Alors qu’Élisabeth Borne a lâché sur l’extension du dispositif « carrières longues » à ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans, quelles autres concessions peuvent être faites à LR par le gouvernement, alors que les votes de la droite seront cruciaux si le gouvernement veut éviter de recourir au 49-3 ? A priori, rien n’est exclu, d’après Olivier Dussopt : « Oui, si des amendements du groupe LR vont dans le bon sens, et si des amendements de la Nupes vont dans le bon sens, oui aussi. » Sur les carrières longues et ceux qui ont commencé à travailler tôt, le ministre du Travail reste sur la position développée par Élisabeth Borne dans le JDD ce dimanche. L’intégration de ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans au dispositif « carrières longues » est possible car « elle ne remet pas en cause les équilibres budgétaires en 2030. »

« Nous consacrons deux tiers des économies à la résorption du déficit et un tiers à des mesures nouvelles »

La mesure coûte en effet entre 600 millions et 1 milliard d’euros d’après la Première ministre, et est financée par l’augmentation de l’âge légal de départ, l’accélération de la réforme Touraine (18 milliards d’euros), et le transfert de cotisations de la caisse des accidents du travail – excédentaire – à la caisse d’assurance vieillesse (1 milliard), assure Olivier Dussopt. « Les deux mesures d’âge que nous avons c’est 18 milliards de recettes en 2030. L’augmentation des cotisations à la caisse vieillesse, c’est 1 milliard, compensé par des baisses de cotisations à la caisse accidents du travail, qui est excédentaire, donc c’est neutre pour l’entreprise. Cela fait 19 milliards, nous consacrons deux tiers à la résorption du déficit et un tiers à des mesures nouvelles », explique ainsi le ministre chargé de porter cette réforme des retraites.

Ce qui remettrait en revanche en cause les équilibres budgétaires visés par cette réforme, et qui n’est donc pas « raisonnable », c’est la proposition d’Aurélien Pradié – un « amendement individuel », précise bien Olivier Dussopt – de supprimer l’âge légal pour toute personne ayant cotisé au moins un trimestre avant 21 ans. « C’est une dizaine de milliards d’euros induits. Pour cotiser un trimestre, il faut cotiser l’équivalent de 150 heures au SMIC horaire, donc tout étudiant ou toute personne ayant travaillé avant 21 ans, même un job d’été, pourrait bénéficier d’une carrière longue. C’est ça qui coûterait 10 milliards. Ce que nous faisons, c’est étendre le dispositif à ceux qui ont commencé avant 21 ans. »

Le « dispositif » carrières longues est en effet plus restrictif et prévoit qu’il faut cotiser 4 ou 5 trimestres – selon sa date de naissance – avant la fin de l’année civile de son anniversaire pour en bénéficier. Une position qui a valu au député du Lot d’être rappelé à l’ordre par son président de parti, Éric Ciotti, et le groupe LR du Sénat. « Nous avons trois interlocuteurs chez LR », a aussi rappelé Olivier Dussopt : « Ils s’appellent Éric Ciotti, le président du parti, Olivier Marleix, le président du groupe à l’Assemblée, et Bruno Retailleau, le président du groupe au Sénat. »

« Nous devrons repenser ce système dans le budget de la Sécu de 2024 »

Autre point d’achoppement sur cette réforme des retraites : l’impact différencié des mesures d’âge sur les femmes et les hommes. Les inégalités sur le marché du travail et le caractère plus haché de la carrière des femmes, dû notamment aux congés maternité, qui sont par exemple moins pris en compte dans le public que dans le privé, commandent une remise à plat, concède Olivier Dussopt : « Le débat sur les femmes est extrêmement compliqué, il s’appuie sur des éléments et des droits qui ont été créés à une époque très différente. Il faut un vrai débat sur les droits familiaux. »

Le ministre du Travail renvoie ce « débat » à l’année prochaine et aux débats lors du budget de la Sécurité sociale 2024 : « Nous devrons repenser ce système dans le PLFSS de 2024, dans une période où le taux d’emploi des femmes a progressé. Tous les parlementaires veulent travailler sur le sujet. »

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