Chez LR, la participation des militants centristes à la primaire fait débat

Chez LR, la participation des militants centristes à la primaire fait débat

L’organisation de la primaire fait encore débat chez LR. Soit elle sera ouverte aux sympathisants, soit limitée aux seuls militants LR. Mais certains voudraient inviter aussi l’UDI ou Libres ! de Valérie Pécresse. Le sujet divise le parti. Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, ne ferme pas la porte, sans exclure une candidature de son parti à la présidentielle… « Si c’est pour figurer, il n’y a pas de raison de refréner la volonté des uns et des autres, y compris nous-mêmes », prévient le centriste.
Public Sénat

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

Les LR ont du mal à se mettre d’accord sur leur primaire. Mais aussi sur les « partis amis » qui pourraient y participer. Hier, la question a fait l’objet de débats, lors d’un comité stratégique, où deux options ont été mises sur la table pour la désignation du candidat (lire ici). Soit une primaire ouverte aux sympathisants de la droite et du centre. Soit une désignation uniquement par un vote des adhérents LR. Elles doivent encore être officiellement arrêtées lors d’un bureau politique, le 22 septembre, qui s’annonce déjà compliqué.

C’est la seconde option qui est à la source de nouvelles tensions. Si le candidat n’est désigné que par les militants, faut-il limiter ce vote aux adhérents LR ou inviter aussi les membres des partis alliés, comme les centristes de l’UDI, du Nouveau centre d’Hervé Morin, mais aussi Libres ! de la candidate Valérie Pécresse, Force Républicaine de Bruno Retailleau ou La Manufacture de Xavier Bertrand ? Comme le raconte Politico et L’Opinion, un vote a été organisé. Une courte majorité de 9 voix contre 8 s’est d’abord prononcée pour ouvrir aux partis amis, avant que le parti ne fasse savoir qu’il y aurait eu erreur, annonçant 9 voix contre 9… « Il y a eu un débat, un vote. On a finalement gagné mais le vote a été remis en question », confirme à publicsenat.fr l’un des participants, partisan d’une solution ouverte. « On était furieux avec Larcher », confie le même, « la présidentielle a toujours été avec nos amis centristes. Et on va commencer à discuter des législatives avec le centre ».

« Le centre n’a pas la capacité à gagner des élections tout seul, mais la droite non plus »

De son côté, le président du groupe Union centriste du Sénat, Hervé Marseille, défend cette ligne. « Je pense que Gérard Larcher, comme toujours, est dans le vrai quand il parle de « la droite et du centre », car le centre n’a pas la capacité à gagner des élections tout seul, mais la droite non plus. Historiquement, on sait très bien qu’il faut rassembler et que la droite et le centre ont un chemin devant eux », soutient le sénateur UDI des Hauts-de-Seine, qui pense aussi aux « législatives, après la présidentielle, et le propre d’une élection, c’est de rassembler ».

Le Conseil stratégique n’a été qu’un tour de chauffe. Les regards se tournent maintenant vers le bureau politique. « Est-ce qu’il va confirmer cette proposition ? Je pense que ce serait une bonne chose. Je ne vois pas l’intérêt de se recroqueviller et de laisser les gens concernés par le choix du candidat être écartés pour des raisons de purisme ou des stratégies, que je préfère ignorer », affirme Hervé Marseille. Le centriste rappelle cependant que « pour l’instant, à l’origine, l’UDI avait choisi de ne pas participer à la primaire, telle que présentée avant l’été, car on ne voulait pas se laisser enfermer par un choix qui se faisait à l’intérieur de LR ».

« Je ne vois aucune raison pour que l’UDI ne défende pas son projet présidentiel, à l’exception de la situation où ça nuirait à l’alternance », prévient Jean-Christophe Lagarde

Du côté de la présidence de l’UDI, on attend de voir. « Quand il y aura une question, j’y répondrai. Ils ont délibéré entre eux et ne sont pas d’accord », affirme à publicsenat.fr Jean-Christophe Lagarde. Il apprécie que Christian Jacob l’ait appelé avant le Conseil stratégique. « Il m’a prévenu qu’il allait proposer soit un système ouvert ou un congrès, et m’a demandé si ça ne me dérangeait pas qu’il pose la question à ses amis pour qu’on puisse, le cas échéant, y participer », confie-t-il. Mais face à l’incertitude qui règne chez LR, le député de Seine-Saint-Denis n’exclut pas que l’UDI ait aussi son propre candidat… « Le processus de sélection, c’est fait pour terminer avec un seul candidat et se donner les moyens de gagner. Si c’est pour figurer, il n’y a pas de raison de refréner la volonté des uns et des autres de montrer son projet, y compris nous-même… »

« Un deuxième mandat de Macron serait très mauvais pour le pays, car il sera un Président par défaut. Je ne vois aucune raison pour que l’UDI ne défende pas son projet présidentiel, à l’exception de la situation où ça nuirait à l’alternance. Et pour l’instant, tant qu’ils sont autant de prétendants, je ne vois pas comment ça conduirait à l’alternance », ajoute Jean-Christophe Lagarde. Le patron de l’UDI ne se voit pas participer à « un mode de sélection qui aboutirait à ce qu’il en reste deux ». Mais « s’il n’en reste qu’un, on en débattra entre nous ».

« Laisser tomber la primaire ouverte » ?

Au sein des LR, les partisans de la primaire s’inquiètent à nouveau. « On va de surprise en surprise, c’est très désespérant. On n’avance pas. Ils essaient de fermer au maximum », lâche un élu qui prône d’intégrer les partis amis. Un député pense même qu’ils « vont laisser tomber la primaire ouverte ».

Ce qui ne ferait pas le jeu de la présidente de la région Ile-de-France. Les partisans de Valérie Pécresse sont évidemment favorables à ce que Libres ! participent, si l’option vote des militants est retenue. On imagine mal, en effet, que Valérie Pécresse soit candidate sans que les membres de son mouvement participent au scrutin. Mais certains notent que l’adhésion à Libres est gratuite… De quoi jouer dans la balance le jour du vote, face à une base LR qui pourrait se rappeler qu’elle a quitté le parti, à la différence de Michel Barnier.

« Il faut régler ça rapidement car on voit bien qu’il y a la candidature Zemmour et nous, on patauge… »

La Manufacture, le mouvement de chez Xavier Bertrand, aura-t-elle aussi sa place ? « Oui bien sûr, forcément », répond l’un des sénateurs proches du président des Hauts-de-France. Il ne voit cependant « pas comment, aujourd’hui, les militants LR accepteraient une ouverture aux autres partis. Dans ce cas, il n’y aurait plus de raison de proposer cette primaire ». C’est du moins ce dont rêvent les soutiens de Xavier Bertrand…

Pour l’heure, la précampagne est bien avancée et LR est encore dans le flou. Hervé Marseille souligne, avec la pointe d’ironie qu’il affectionne, qu’il faudrait peut-être sans soucier : « Il serait souhaitable de savoir les choses assez rapidement, car les électeurs doivent être un peu fascinés qu’on ne sache pas trop pour l’instant quelles seront les conditions du choix ». Un responsable LR ne préfère pas en rire et s’inquiète des tergiversations sans fin de son parti : « Il faut régler ça rapidement. Car on voit bien qu’il y a la candidature Zemmour et nous, on patauge… »

Dans la même thématique

European Parliament in Strasbourg
7min

Politique

Européennes 2024 : les sondages peuvent-ils encore bouger ?

Les rapports de force vont-ils rester globalement stables jusqu’au scrutin du 9 juin ? La liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann peut-elle dépasser celle de la majorité présidentielle de Valérie Hayer ? Marion Maréchal va-t-elle devancer la liste LR de François-Xavier Bellamy ? Les Français vont-ils se décider au dernier moment ? Eléments de réponses avec quatre sondeurs.

Le

France Migration
6min

Politique

Convocation de Mathilde Panot : pourquoi les poursuites pour « apologie du terrorisme » sont en hausse ?

La présidente des députés LFI, Mathilde Panot a annoncé, mardi, sa convocation par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme » en raison d’un communiqué de son groupe parlementaire après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre. Depuis la loi du 13 novembre 2014, les parquets poursuivent plus régulièrement au motif de cette infraction. Explications.

Le