Cinq « fake news » qui se sont immiscées dans la campagne présidentielle
Sur les réseaux sociaux, intox et autres rumeurs alimentent les argumentaires de certains internautes dans le débat politique. Ces informations non vérifiées sont propagées et amplifiées à vitesse grand V.

Cinq « fake news » qui se sont immiscées dans la campagne présidentielle

Sur les réseaux sociaux, intox et autres rumeurs alimentent les argumentaires de certains internautes dans le débat politique. Ces informations non vérifiées sont propagées et amplifiées à vitesse grand V.
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La diffusion de canulars et de « hoax » est aussi vieille que le web. La récente campagne électorale américaine a montré une accélération de la pratique et une utilisation politique des informations bidonnées. Les « fake news ». Le phénomène est jugé si préoccupant que Nathalie Goulet en a fait son combat. Dans une proposition de loi déposée au Sénat le 22 mars, la sénatrice UDI de l’Orne veut sanctionner pénalement les auteurs de ces fausses informations.

Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, des intox ont été lancées et relayées, sans précaution ni vérification. Florilège.

Emmanuel Macron, « candidat préféré de l’Arabie saoudite »

Fin février, début mars, un faux site reprenant l’habillage du site d’information belge Le Soir, affirmait que la campagne d’Emmanuel Macron était financée à « plus de 30% » par « le royaume d’Arabie saoudite ». De l’adresse URL, jusqu’à la signature de l’article attribuée par le faussaire à l’Agence France Presse, les détails avaient été soignés pour apporter de la crédibilité à « l’information ». L’intox s’appuyait même sur un prétendu témoignage d’un député socialiste belge, Philippe Close, qui s’était empressé de démentir :

Relayé à plusieurs reprises sur des sites d’extrême droite, l’article factice a même été partagé le 2 mars sur Twitter par la députée Marion Maréchal-Le Pen, avant de le supprimer. La rédaction en chef du quotidien belge avait tenu à prévenir ses lecteurs en les alertant sur ce « plagiat ».

La « Rolex » de Jean-Luc Mélenchon

Un assemblage de photos, apparu sur les réseaux sociaux en avril 2016, a connu une seconde vie ces derniers jours. Le tweet, relayé des centaines de fois, affirme que la montre portée au poignet du leader de la France insoumise est une Rolex d’une valeur de 18.000 euros. L’intéressé avait démenti sur son blog en 2016 être en possession d’une montre de luxe :

« Je démens formellement. Je n’ai pas de Rolex et je n’en désire point. J’informe mes lecteurs que ce genre de rumeurs à mon sujet va se développer à mesure que je talonnerai Hollande et que je progresserai. »

À l’époque, le site France Tv Info avait expliqué qu’il s’agissait en réalité d’un modèle dont le prix est compris entre 70 et 200 euros.

Des infirmières agressées dans un « hôpital français »

La vidéo a été visionnée plus de quinze millions de fois depuis le 18 mars. Sur ces images saisies par une caméra de vidéosurveillance, on y voit un homme porter des coups au personnel hospitalier dans un couloir. Deux femmes sont visées. « On les soigne et ils en sont reconnaissants, la preuve », indique la description de la séquence postée sur la page Facebook « Sos racisme anti-blanc », avant de promouvoir un autre contenu avec cette mention : « une autre vidéo pour vous faire découvrir la France ». Relayée des dizaines de milliers de fois sur les réseaux proches de l’extrême droite, plusieurs descriptifs insinuent que les faits se déroulent dans un hôpital français et que l’homme est un étranger.

En réalité, la scène a eu lieu à Novgorod, en Russie, comme le précise la version russe de Metronews, qui indique que l’agresseur était alcoolisé.

Un militant Front national, « employé de Canal+ »

« Le fameux militant raciste et homophobe du documentaire de C8 est en vérité ingénieur du son pour Canal+ », dénonçait le 16 mars le maire Front national d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, en réaction à un passage de « La face cachée du Front national », qui montrait un militant FN raciste et homophone. L’accusation, lancée par un responsable des jeunes du FN, Cyril Martinez, capture d’écran à l’appui, a été reprise par plusieurs cadres du parti.

L’émoi provoqué par cette accusation de reportage bidonné a même atteint le sommet du parti. «Voilà le genre de manœuvres qui sont utilisées par les médias. C’est honteux et j’espère qu’ils vont être lourdement condamnés», avait déclaré Marine Le Pen auprès de l'AFP

Sauf que le jeune identifié n’a jamais travaillé pour le groupe Canal+. La capture d’écran de son profil Facebook a été modifiée pour y faire apparaître la mention « ingénieur du son à Canal+ » et publiée sur un forum de discussion. Joint par Libération, Cyril Martinez, à l’origine de la méprise, a avoué son erreur : « J’ai eu le malheur de relayer cette source sur un forum Discord mais j’aurais dû attendre confirmation ».

C8 avait réagi à l’intox en dénonçant des « affirmations fausses et sans fondement ». Le directeur de la boîte de production Jacques Aragones avait expliqué que la capture d’écran n’était qu’un « faux grossier ». Gilbert Collard a depuis reconnu l’erreur. « L’honnêteté commande de dire que cette info est bidon », avait-il écrit à propos de la fausse capture d’écran dans un tweet, qui n’est aujourd’hui plus en ligne.

Les accusations de François Fillon contre les médias

Présidentielle : selon Fillon, les médias ont annoncé le suicide de sa femme
01:16

« On a annoncé le suicide de ma femme mercredi matin sur des chaînes de télévision », s’était indigné François Fillon dans le 20 Heures de France 2 du dimanche 5 mars, après son rassemblement au Trocadéro. Or, une telle information n’a jamais été évoquée dans les éditions spéciales à la télévision ce fameux mercredi 1er mars, ce jour marqué par le report de la visite du candidat au Salon de l’agriculteur et l’annonce de sa convocation devant les juges. Seuls quelques journalistes ont exprimé la possibilité d’un événement « grave », « privé » ou « personnel » pour expliquer ce soudain changement dans l’agenda du candidat, comme le rappelle le Huffington Post.

Se défendant de diffuser des « fake news », François Fillon s’en était expliqué le 13 mars sur l’antenne d’Europe 1, pointant le rôle des réseaux sociaux :

« Ce n'est pas moi qui l’ai inventé, c'est ma fille qui a découvert sur les réseaux sociaux qu’une ambulance était devant la maison pour emmener sa mère qui avait fait une tentative de suicide […] Vous pensez que quand on entend une nouvelle comme celle-là, on est dans une stratégie de campagne ? »

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