Climat: déception des écolos qui espéraient des mesures “concrètes” de Macron

Climat: déception des écolos qui espéraient des mesures “concrètes” de Macron

"Pas d'annonces concrètes": la déception était grande jeudi soir chez les défenseurs du climat, perplexes face à la création de...
Public Sénat

Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"Pas d'annonces concrètes": la déception était grande jeudi soir chez les défenseurs du climat, perplexes face à la création de nouveaux "comités Théodule" par Emmanuel Macron pour répondre à l'"urgence climatique".

Répétant le constat "d'état d'urgence climatique" et sa volonté de "mettre le climat au coeur du projet national et européen", le président a annoncé la création d'un "Conseil de défense écologique" lors de la présentation devant la presse de ses réponses au grand débat.

Comme il existe un "Conseil de Défense et de sécurité nationale", ce nouveau conseil présidé par le chef de l'Etat devra "prendre les choix stratégiques et mettre au cœur de toutes nos politiques cette urgence climatique", a-t-il expliqué.

En parallèle, "la première mission" dès le mois de juin des 150 citoyens tirés au sort pour siéger dans le futur Conseil de participation citoyenne sera de "redessiner toutes les mesures concrètes d'aide aux citoyens sur la transition climatique".

Ils devront plancher pour rendre "plus efficaces" les aides aux citoyens (aide au changement de véhicule, de chaudière...), parfois "trop complexes".

Mais ils pourront aussi "définir si besoin" d'autres mesures "incitatives ou contraignantes" et "proposer des financements", a ajouté le président, sans évoquer la taxe sur les carburants qui avait déclenché le mouvement des "gilets jaunes".

"Ce qui sortira de cette convention, je m'y engage, sera soumis sans filtre, soit au vote du Parlement soit à référendum, soit à une application réglementaire directe", a-t-il promis.

La mise en place en janvier d'un Haut Conseil pour le climat avait déjà suscité un certain scepticisme de la part des ONG environnementales.

Alors que le président se pose en champion du climat sur la scène internationale, son annonce de deux nouvelles structures ne les a pas non plus convaincues de son ambition en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Plutôt que des mesures concrètes, le président annonce la création d'un nouveau comité. Décidément, le temps de l'action climatique, ce n'est pas encore pour aujourd'hui...", a dénoncé sur Twitter Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

- "Aveuglement indigne" -

Même son de cloche du côté de la Fondation Nicolas Hulot, qui a déposé avec Greenpeace, Oxfam et Notre Affaire à tous un recours contre l'Etat pour inaction climatique soutenu par deux millions de pétitionnaires.

"Nous appelions à un tournant social et écologique du quinquennat. Aujourd’hui, il est clair que le gouvernement ne changera pas de cap", a dénoncé l'ONG qui a retrouvé à sa tête Nicolas Hulot après sa démission fracassante du gouvernement, dénonçant l'absence d'"annonces concrètes" et de "moyens".

"Le dérèglement climatique s’aggrave. Il faut absolument diviser par deux nos émissions CO2 d’ici 2030. @EmmanuelMacron décide de ne rien faire pour le climat sauf un nouveau comité Théodule. Aveuglement indigne", a également dénoncé l'économiste Pierre Larrouturou, candidat aux européennes sur la liste PS-Place publique.

"Les solutions pour réaliser cette transition sont connues: investir dans le bio pour mieux manger, soutenir les mobilités propres et les transports en commun pour mieux respirer et sortir de notre dépendance au pétrole, éradiquer les passoires énergétiques pour lutter contre la précarité ou encore, renoncer aux projets périmés comme Montagne d’Or en Guyane", a commenté de son côté la présidente du WWF France Isabelle Autissier.

Sans des actions "structurantes", les défenseurs du climat estiment que la France ne sera pas à la hauteur des engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat qui vise à limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle.

La lutte contre le changement climatique ne pouvant pas se faire seulement à l'échelle nationale, Emmanuel Macron a d'autre part assuré que cet objectif serait au cœur de l'"ambition européenne" de la France.

Il a notamment répété sa volonté de "défendre au niveau européen" un prix minimum de carbone, la mise en place d'une taxe carbone aux frontières et "une finance verte plus ambitieuse".

Dans la même thématique

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le

Operation Wuambushu a Mayotte : Demolition en cours d’un vaste bidonville – Operation Wuambushu in Mayotte: Ongoing demolition of a vast slum
8min

Politique

« Mayotte place nette » : « La première opération était de la communication et la deuxième sera de la communication », dénonce le sénateur Saïd Omar Oili

Le gouvernement a annoncé ce mardi 16 avril le lancement du dispositif « Mayotte place nette », un an après le maigre bilan de l’opération baptisée « Wuambushu ». Saïd Omar Oili, sénateur de Mayotte, regrette le manque de communication du gouvernement avec les élus du département et met en doute l’efficacité de ce « Wuambushu 2 ».

Le

Paris : Question time to the Prime Minister Gabriel Attal
6min

Politique

100 jours à Matignon : « La stratégie Attal n’a pas tenu toutes ses promesses », analyse Benjamin Morel

Le Premier ministre marquera jeudi le passage de ces cent premiers jours au poste de chef du gouvernement. Si Gabriel Attal devait donner un nouveau souffle au deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, sa stratégie n’est néanmoins pas payante car il « veut en faire trop sans s’investir fortement sur un sujet », selon Benjamin Morel, maître de conférences en droit public.

Le