Comme ses prédécesseurs, Macron face aux 100 premiers jours décisifs

Comme ses prédécesseurs, Macron face aux 100 premiers jours décisifs

A peine un mois après son élection à la présidentielle, Emmanuel Macron s’emploie déjà à instaurer l’une de ses promesses de campagne, la mise en place d’une loi de la moralisation de la vie politique, présentée le 1er juin par François Bayrou. Les cent premiers jours du quinquennat sont en effet décisifs pour le nouveau président, comme ils l’ont été pour ses prédécesseurs. Retour sur les mesures prises par les présidents de la Ve République en début de mandat.
Public Sénat

Par Béatrix Moreau

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1974 : Valérie Giscard d’Estaing instaure le droit de vote à 18 ans

Elu président de la République à 48 ans, Valéry Giscard d’Estaing souhaite dès le départ placer son septennat sous le signe de la jeunesse et de la modernité. « Avec lui, on a eu l’impression d’un changement d’époque » confirme l’historien Michel Winock. Dès le 12 juin 1974, le nouveau chef de l’Etat prend ainsi une mesure symbolique et annonce sa décision d’abaisser l’âge de la majorité civile et électorale à 18 ans. « En tant que conservateur, il prenait des risques » estime l’historien, « les études d’opinion donnait la jeunesse majoritairement acquise à la gauche ».
En effet, ironie de l’histoire, la défaite de Valéry Giscard d’Estaing face à François Mitterrand sept ans plus tard s’explique en partie par le vote des 18-21 ans.

1974 Valérie Giscard d'Estaing annonce le droit de vote à 18 ans
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1981 : Bilan des trois premiers mois de François Mitterrand à l’Elysée

Août 1981, c’est l’heure du bilan des trois premiers mois de mandat de François Mitterrand. « Nous avons réussi à gommer un peu les inégalités creusées depuis 20 ans par les gouvernements de droite successifs » se félicite Henri Delisle, député socialiste du Calvados, interviewé le 21 aout dans le journal télévisé Normandie Soir. Pour le socialiste Jean-Pierre Bel, président du Sénat de 2011 à 2014, « la mesure forte des premiers jours de François Mitterrand, c’est la nationalisation », cette décision « a concrétisé l’arrivée de la gauche aux responsabilités ». Economiquement, s’annonçait aussi la « parenthèse de la rigueur » comme le rappelle Jean-Pierre Bel, « une parenthèse d’ailleurs qui ne s’est jamais fermée ».

1981 Bilan des premiers mois de François Mitterand à l'Elysée
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1988 : François Mitterrand dissout l’Assemblée Nationale

Une semaine après sa réélection en 1988, François Mitterrand prend la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale. Un choix peu surprenant pour estime Jean-Pierre Bel : « personne n’en doutait » car suite à l’échec de la gauche aux législatives de 1986, la droite était majoritaire, le président voulait donc changer la donne : « bien sur qu’il allait partir sur une nouvelle majorité ».Au final, la victoire obtenue n’est que relative comme le rappelle Michel Winock, mais « il a réussi cependant à composer tantôt avec les communistes, tantôt avec le centre ». 

1988 François Mitterrand dissout l'Assemblée Nationale
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2007 : Nicolas Sarkozy mène les réformes au pas de course

Nouveau Président, nouveau style, dès son arrivée au pouvoir Nicolas Sarkozy joue l’hyperprésident  et décide de mener les réformes au pas de course. En un mois, quatre projets de lois sont adoptés : le paquet fiscal, la réforme des universités, le service minimum et la lutte contre la récidive. Jean-Pierre Bel, parlementaire à cette l’époque, témoigne : « au-delà de cette activité législative, c’est sa manière d’exercer le pouvoir qui a impacter, même peut-être de manière excessive, la suite du quinquennat ». Sur le fond, l’ancien président du Sénat critique certaines mesures « motivées par des faits divers », or « la précipitation en matière législative n’est pas bonne conseillère », « il faut procéder par étapes et être en phase avec l’opinion ».

2007 Nicolas Sarkozy réforme au pas de course
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2012 : défaire avant de faire

A peine élu, François Hollande tient l’un des engagements de sa campagne et s’attaque à l’une des mesures phares de la présidence Sarkozy : la défiscalisation des heures supplémentaires. Le nouveau président « avait en effet une question favorite, celle des impôts et de la fiscalité » explique Jean-Pierre Bel. Avec la majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat, François Hollande avait les moyens, en principe, de mener les réformes désirées, mais rapidement une opposition se forme dans son propre camp. Une « indiscipline » dont témoigne Jean-Pierre Bel, président du Sénat à cette époque, « sans leur mettre toutes les responsabilités sur le dos, ces frondeurs ont largement contribué aux difficultés que nous avons alors connues ».

2012 François Hollande détricote la politique de Nicolas Sarkozy
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 « Les cents jours sont devenus un critère d’évaluation du président » conclut Jean-Pierre Bel. L’occasion donc de marquer le coup et de donner le ton du quinquennat.

 

1er diffusion vendredi 2 juin à 23h

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