Commémorations : les temps forts de l’interview de François Hollande

Commémorations : les temps forts de l’interview de François Hollande

À l'occasion du 75e anniversaire du massacre d'Oradour-sur-Glane et des 99 otages exécutés à Tulle, François Hollande est l'invité exceptionnel de France 3 NoA (Nouvelle Aquitaine) et de Public Sénat.
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Dans un entretien de 30 minutes consacré en grande partie à la commémoration et au souvenir de ces massacres, l’ancien Président de la République revient notamment sur la première visite à Oradour-sur-Glane en 2013 d’un président allemand Joachim Gauck. François Hollande l’avait, à l’époque, accueilli sur place. Parmi les autres thèmes abordés : les attentats terroristes de 2015 et le projet de mémorial aux victimes du terrorisme à la lueur de la montée des nationalismes.

Cette interview est menée conjointement par Rébecca Fitoussi (Public Sénat) et Pascal Cagnato (France 3 NoA) sur le plateau de France 3 à Limoges.

L’interview sera diffusée vendredi 7 juin à 23 heures sur Public Sénat et France 3 NoA. Rediffusion le samedi 8 juin à 19h30 et dimanche 9 juin à 14h30 sur Public Sénat.

Martyrs de Tulle : « Le pardon ne peut pas avoir lieu, mais c’est un hymne à la réconciliation »

Martyrs de Tulle : pour François Hollande « Le pardon ne peut pas avoir lieu, mais c’est un hymne à la réconciliation »
01:28

En 1988, François Hollande est élu député de la Corrèze. C’est à donc il y a plus de trente ans, que l’ancien chef d’État participe pour la première fois aux commémorations en hommage aux 99 martyrs de Tulle, pendus le 9 juin 1944 par la deuxième division SS « Das Reich ». Il a depuis toujours participé à cette cérémonie même s’il a pu craindre qu’un jour « elle tombe en désuétude, faute de survivants ou de familles mobilisées ». « Au contraire, les familles ont toujours voulu qu’il y ait une perpétuation de cette cérémonie. Et il y a toujours cette marche très impressionnante, dans le silence, jusqu’au lieu où reposent les martyrs. La ville est en deuil le 9 juin » a-t-il expliqué.

Pour François Hollande, à cette date du 9 juin, chaque année, la ville de Tulle clame « cet hymne à la liberté ». « Le pardon ne peut pas avoir lieu, mais c’est un hymne à la réconciliation ». « Je me suis inscrit dans cette tradition » indique-t-il.

Lors de son célèbre discours de campagne en 2012, au Bourget, François Hollande avait fait référence aux martyrs de Tulle.

Massacre d’Oradour-sur-Glane : François Hollande raconte les commémorations de 2013 avec le président allemand, Joachim Gauck

Massacre d’Oradour-sur-Glane : François Hollande raconte les commémorations de 2013 avec le président allemand, Joachim Gauck
02:37

En 2013, sous le mandat de François Hollande, pour la première fois, un président de la République fédéral allemand, Joachim Gauck, se rendra sur les lieux du massacre d’Oradour-sur-Glane. « J’en avais parlé à Angela Merkel, elle y était prête (a s’y rendre) mais elle souhaitait que le geste soit encore plus symbolique et que ce soit les deux Présidents qui se rendent sur place à Oradour » se souvient François Hollande avant d’ajouter : « J’ai vu cet homme, Joachim Gauck, connaître une émotion indescriptible quand il était dans ces ruines ».

Réconciliation :  « Le processus a pris du temps »

François Hollande : "le processus du réconciliation entre la France et l'Allemagne a été long"
02:57

Interrogé sur le processus de réconciliation entre la France et l’Allemagne, François Hollande a rappelé que ce travail avait pris beaucoup de temps. « Il ne faut pas penser que les barbares qui ont commis ces actes, il ne faut pas penser qu’ils ont tous été jugés et châtiés, certains ont pu s’échapper de la justice. Il y a eu une volonté des associations que réparation soit faite. Donc ça a été long pour qu’il y ait ce travail de mémoire commun entre les différentes communes et puis surtout cette réconciliation », a-t-il expliqué, rappelant que le dernier acte de ce processus avait été la visite du président allemand Joachim Gauck en 2013 lors des commémorations du massacre d’Oradour-sur-Glane.

François Hollande s’est exprimé à propos des commémorations du D-Day, qui se sont déroulées cette semaine. Il est revenu sur le 70e anniversaire qui s’était déroulé lors de son quinquennat. « J’avais voulu qu’il y ait tous les représentants des pays qui étaient en conflit à ce moment-là. Je voulais que l’Allemagne puisse être présente. Mais aussi la Russie. J’avais un différend très profond avec Vladimir Poutine, parce qu’il venait de commettre un acte inadmissible par rapport à l’Ukraine, mais je ne voulais pas l’inviter parce que c’était Vladimir Poutine, mais parce que la Russie a joué un rôle déterminent pour nous permettre de nous libérer de la barbarie nazie. S’il y a eu le débarquement, c’est parce qu’il y a eu aussi sur le front de l’est des victoires que les Russes ont obtenu ».

Concernant l’absence de Vladimir Poutine lors des commémorations du D-Day, François Hollande a néanmoins tempéré : « Sur une cérémonie comme celle-là, chacun peut choisir de donner un éclairage, il a été fait essentiellement sur les alliés cette année ».

François Hollande : « Le nationalisme détruit l’esprit européen »

François Hollande : « Le nationalisme détruit l’esprit européen »
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Si François Hollande pense que « la paix est installée pour longtemps sur le continent européen », « en revanche le nationalisme n’a pas été évacué » observe-t-il. L’ancien chef d’État note « qu’il ne s’agit plus d’un nationalisme de conquête mais de repli ». « Un processus » qui selon lui « détruit l’Europe » et même « l’esprit européen ». « Ce qui est intéressant dans la campagne (des européennes) qui vient de se terminer, c’est qu’aucun parti, en France, aucun pays en Europe, n’a demandé à quitter l’Union européenne. Il faut dire que l’exemple du Brexit est assez illustratif de ce qu’il ne faut pas faire » considère-t-il.

Toutefois, fort de ce constat, François Hollande relève que si aucun État ou parti ne souhaite quitter l’UE, plusieurs veulent la « déconstruire ». « C’est-à-dire toujours vivre avec les avantages que procure l’Union européenne mais sans les obligations » explique-t-il en citant comme exemple, l’accueil des réfugiés, le respect des droits de l’Homme, de l’indépendance de la Justice, ou de politique énergétique. « Le risque d’une Europe où chaque pays vit dans la même maison mais dans des chambres séparées ». Raison pour laquelle, il plaide pour « qu’il puisse y avoir quelques pays qui puissent avancer beaucoup plus rapidement et notamment la France et l’Allemagne ».

 

« C’est toujours un problème quand il y a une discordance entre la France et l’Allemagne »

« C’est toujours un problème quand il y a une discordance entre la France et l’Allemagne » selon François Hollande
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François Hollande a aussi réagi sur l'état des relations franco-allemandes, alors que pour l’ancien président de la République, travailler avec les Allemands sur le devoir de mémoire et d’éducation est une « obligation ». « C’est toujours un problème quand il y a une discordance entre la France et l’Allemagne. Ça peut arriver, il y a des sujets qui nous opposent. Moi-même, je n’avais pas la même conception de la politique économique qu'Angela Merkel, mais il y avait cette idée que nous devions « faire ensemble » », a-t-il expliqué.

« Et si la France et l’Allemagne, précisément parce qu’il y a l’Histoire, aussi parce que nous sommes voisins, aussi parce que nous sommes les deux plus grands pays, si nous ne marchons plus au même rythme et avec la même destinée, alors l’Europe peut se diluer », avertit François Hollande

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