Confinement dans les Alpes-Maritimes : « Emmanuel Macron a perdu son pari »
Confinement partiel, accélération des vaccinations, fermeture des commerces et des galeries marchandes de plus de 5 000 m2, après un week-end de concertation avec les élus, le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé un durcissement des mesures dans le département où le taux d’incidence de l’épidémie de covid-19 est le plus élevé de France métropolitaine.

Confinement dans les Alpes-Maritimes : « Emmanuel Macron a perdu son pari »

Confinement partiel, accélération des vaccinations, fermeture des commerces et des galeries marchandes de plus de 5 000 m2, après un week-end de concertation avec les élus, le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé un durcissement des mesures dans le département où le taux d’incidence de l’épidémie de covid-19 est le plus élevé de France métropolitaine.
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C’est une première depuis le début de la crise sanitaire sur le territoire métropolitain, le département des Alpes-Maritimes va connaître un confinement local.

Lors d’un point presse tenu à la mi-journée, ce lundi, le préfet Bernard Gonzalez n’a fait que confirmer une mesure pressentie depuis plusieurs jours. Elle fait suite à la visite du ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran à Nice et à une longue concertation entre les élus et le préfet samedi soir.

Pour les deux prochains week-ends, sur le littoral qui relie Théoule-sur-Mer à Menton, où se concentre 90 % de la population, les déplacements seront interdits du vendredi 18 heures au lundi 6 heures. Des sorties d’une heure maximum, dans un rayon de 5 km autour du domicile seront autorisées sur attestation pour des motifs dérogatoires (courses, médecin, sortie des animaux et promenades), comme lors du premier confinement.

« C’est la zone où se concentre majoritairement la population du département et on a voulu éviter d’infliger une double peine aux habitants de la vallée, qui ont été frappés par la tempête Alex », souligne la sénatrice LR du département, Dominique Estrosi Sassone.

Le préfet a également mis l’accent sur une montée en puissance de la vaccination. 4 500 doses de vaccins Pfizer seront livrées en urgence ainsi que plusieurs milliers de doses de vaccins AstraZeneca à destination des personnes âgées de 50 à 64 ans, atteintes de comorbidités.

Vaccin : « On est en train de créer une attente forte auprès de la population », regrette Dominique Estrosi Sassone

« Il faut arrêter de parler d’une montée en charge de la vaccination. On est en train de créer une attente forte auprès de la population, alors que le nombre de vaccins annoncés ne couvrira pas les besoins d’un département d’1,1 million de personnes. En ce qui concerne le vaccin AstraZeneca, on nous a parlé de 10 000 doses dans l’immédiat et de 90 000 doses à la fin du mois. Le compte n’y est pas. On revient toujours au point de départ. Le gouvernement pèche sur la vaccination et sur la stratégie d’isolement », s’alarme la sénatrice.

Les autres mesures annoncées ce lundi concernent les commerces. A compter de mardi, les surfaces de plus de 5,000 m2, à l’exception des pharmacies et des commerces alimentaires, seront fermées. Pour les commerces de plus de 400 m2, la jauge passera de 10 à 15 m2 par visiteur. Le préfet a également encouragé les exploitants à se doter « d’un médiateur Covid » chargé de faire respecter les règles, notamment le port du masque qui est généralisé à l’ensemble du département. Enfin, les contrôles à la frontière italienne seront renforcés, comme les contrôles dans les aéroports.

Dans ce département où le taux d’incidence est « le plus élevé de France » (588 pour 100.000 habitants), ces restrictions ont été globalement favorablement accueillies par les élus locaux aux premiers desquels le maire de Nice, Christian Estrosi ou encore Renaud Muselier le président de la région Sud. Les maires de Grasse, Cannes, Mandelieu-la-Napoule y étaient néanmoins opposés.

« À Nice il y a 500 personnes qui tombent malades par jour. Donc il fallait des mesures fortes, je m’y étais engagé », a commenté depuis Villefranche-sur-Saône, ce lundi, Olivier Véran.

« Les élus ne décident de rien car ils ne disposent pas des données pour le faire »

En visite à Nice samedi dernier, le ministre avait mis en avant une forme de gestion décentralisée de la crise en appelant le préfet à continuer la concertation avec les élus locaux durant le week-end. « Ça fait partie de la communication stratégique de l’Elysée » soupire Jean-Marc Todeschini sénateur PS de Moselle, un département également fortement touché par l’épidémie et où Olivier Véran s’était rendu une semaine plus tôt. « Les élus ne décident de rien car ils ne disposent pas des données pour le faire. En Moselle, on nous a annoncé l’arrivée de 30 000 vaccins supplémentaires, mais on ne savait pas combien on devait en recevoir au départ. Il y a un manque de transparence total sur la stratégie vaccinale ».

Vers des confinements locaux ?

A la fin du mois de janvier, lors de l’examen du projet de loi de prolongation de l’état d’urgence, le groupe socialiste du Sénat avait défendu, contre l’avis d’Olivier Véran, un amendement sur la territorialisation du confinement selon la densité urbaine.

« Cibler les mesures plus restrictives en fonction d’un certain nombre de critères, c’est très bien mais à condition de développer la stratégie de traçage et d’isolement derrière. On a bien compris que dans les Alpes-Maritimes, c’est le brassage de la population sur un territoire frontalier qui a posé problème », relève René-Paul Savary sénateur LR de la Marne.

« La question d’un confinement généralisé se pose maintenant »

Bernard Jomier, président PS de la mission d’information du Sénat sur les « effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités », se désole de ce « refus d’obstacle » décidé par Emmanuel Macron le 29 janvier dernier. « J’avais employé cette expression il y a un mois, car on a fait croire aux Français qu’ils pouvaient se passer de mesures plus restrictives. C’était une posture idéologique du chef de l’Etat qui pensait que les Français ne l’accepteraient pas. Ce délai pour agir, ce refus d’obstacle, nous conduit, aujourd’hui, à affronter le haut de la vague épidémique, avec plus 3 000 personnes dans les lits de réanimation. Le vaccin ne peut pas être un outil de gestion à 10 jours. Il faut du temps pour vacciner la population », s’alarme ce médecin généraliste de formation, qui militait il y a un mois pour une approche basée « sur la différentiation » des territoires (voir notre article). « Il y aura d’autres mesures restrictives, c’est inévitable. Le Président a perdu son pari. La question d’un confinement généralisé se pose maintenant » conclut-il.

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