Emmanuel Macron est intervenu lui-même samedi pour faire cesser la polémique: après le refus initial d'allonger le congé après le décès d'un...
Congé après la perte d’un enfant: Macron intervient, le gouvernement fait machine arrière
Emmanuel Macron est intervenu lui-même samedi pour faire cesser la polémique: après le refus initial d'allonger le congé après le décès d'un...
Par Jessica LOPEZ, Anne Pascale REBOUL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Emmanuel Macron est intervenu lui-même samedi pour faire cesser la polémique: après le refus initial d'allonger le congé après le décès d'un enfant, le gouvernement a admis une "erreur" et les députés LREM sont prêts à revoter.
Dans un rare rappel à l'ordre public, "le président a demandé au gouvernement de faire preuve d'humanité" sur le dossier, a indiqué l'Elysée.
De fait, cela revient à déjuger également la majorité, dont le vote jeudi à l'Assemblée nationale a suscité un tollé, de l'extrême gauche au patronat.
Suivant l'avis du gouvernement, les députés avaient rejeté une proposition UDI-Agir qui visait à porter de cinq à douze jours le congé d'un salarié venant de perdre un enfant.
La proposition a été retoquée de justesse par 40 voix contre 38, la majorité estimant notamment que le salarié endeuillé pouvait bénéficier de jours de congés offerts par ses collègues.
Le rapporteur Guy Bricout (UDI-Agir) avait jugé que cinq jours n'étaient "pas à la hauteur" pour "reprendre pied suite à la mort d'un enfant", en appelant à l'"humanité" de ses collègues. Il avait rappelé que chaque année en France, 4.500 enfants meurent avant d'avoir atteint la majorité.
La ministre du Travail Muriel Pénicaud, lors d'une conférence à Paris, le 15 octobre 2019
AFP/Archives
La ministre du Travail Muriel Pénicaud avait alors mis en avant que le texte tel que rédigé ne reposait pas sur la solidarité nationale, mais sur un congé "payé 100% par l'entreprise".
Ces propos avaient soulevé l'indignation dans l'hémicycle. "On parle de la tragédie des tragédies", avait lancé François Ruffin (LFI), dénonçant une majorité "mesquine", tandis que Pierre Cordier (LR) dénonçait une "honte".
Vendredi matin, c'est le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait demandé un nouveau vote en faveur des douze jours.
- "amateurisme" -
Francois Ruffin (LFI) à l'Assemblée nationale le 3 décembre 2019
AFP/Archives
Face à cette bronca, Muriel Pénicaud et le secrétaire d’État chargé de la protection de l'enfance, Adrien Taquet, avaient annoncé une "concertation" pour "déterminer les mesures pertinentes de soutien aux parents en cas de perte d'un enfant, y compris une meilleure organisation des congés".
La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, avait marqué son désaccord, disant à BFMTV souhaiter "qu'il y ait un nouveau vote, qui soit plus digne".
Après l'intervention samedi du chef de l'Etat, la réponse s'est accélérée. "Le gouvernement reconnaît une erreur qu'il entend rapidement corriger", a déclaré la ministre du Travail à l'AFP.
"Comme ministre et comme mère de famille, je crois qu’il n’y a pas de plus grand chagrin que la perte d’un enfant. Face au deuil, il faut du soutien psychologique et nous allons le renforcer. Mais il faut aussi un temps de répit", a-t-elle insisté.
le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, à Matignon le 10 janvier 2020
AFP/Archives
Mme Pénicaud s'engage "à trouver dans les tous prochains jours les solutions pour faire passer ce temps de répit de 5 jours aujourd’hui à 12 jours".
Les députés LREM, qui ont reçu sur les réseaux sociaux de nombreux témoignages de parents souvent outrés, se sont dits "prêts à revoter rapidement".
Le vote ayant eu lieu en première lecture à l'Assemblée, "on proposera, pour la première lecture qui aura lieu au Sénat, quelque chose, j'espère que tous les parlementaires de tous les bords s'y rallieront", a précisé Mme Pénicaud samedi soir sur BFM TV.
"Le projet de loi tel qu'il était rédigé ne clarifiait pas comment c'était financé, solidarité nationale ou entreprise", a-t-elle expliqué, ajoutant: "on va recevoir les partenaires sociaux, les parlementaires pour trouver la solution". Elle a dénoncé les critiques sur le manque d'humanité du gouvernement, qui la "blessent beaucoup", a-t-elle dit.
Vice-présidente de LR, Virginie Duby-Muller a épinglé sur Twitter "un rétropédalage qui illustre une nouvelle fois un amateurisme du gouvernement".
Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, a lui indiqué aussi qu'il proposerait "à l’ensemble des groupes politiques du Sénat de déposer en commun et de voter cette proposition de loi", "une question d’humanité".
Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin alerte sur la menace que fait peser la Chine sur l’industrie française. Le ministre plaide notamment pour un renforcement de la protection des entreprises européennes afin de développer les filières industrielles.
Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France
Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.
Les députés mettent en pause l’examen du projet de loi de finances pour étudier le budget de la Sécurité sociale. S’ils ne sont pas allés au bout de la partie recettes, ils ont néanmoins pu adopter un certain nombre de mesures absentes du projet initial. Certaines sont vues par le gouvernement comme des gains concédés aux socialistes, bien que ces derniers se montrent toujours insatisfaits. Pas suffisamment, pourtant, pour interrompre les négociations et l’examen budgétaire.