Congrès de Marseille : « François Hollande a intérêt à ce qu’il y ait de la turbulence au PS »

Congrès de Marseille : « François Hollande a intérêt à ce qu’il y ait de la turbulence au PS »

Invité de Public Sénat vendredi 27 janvier, l’ancien socialiste Emmanuel Maurel a évoqué les divisions qui minent le congrès socialiste de Marseille. Pour cet eurodéputé, la survie du parti, en balance depuis la fin du quinquennat de François Hollande, exacerbe les tensions et les enjeux tactiques ont pris le pas sur les questions idéologiques.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Un week-end à couteaux tirés sous le soleil marseillais. Le Parti socialiste se rassemble dans la cité phocéenne, juste après la réélection contestée d’Olivier Faure au poste de Premier secrétaire avec 51,09 % des voix. Son principal adversaire, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol (48,91 %), qui a été rallié dans la dernière ligne droite par la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, a dénoncé un scrutin frappé de « fraudes et d’irrégularité », plongeant le parti à la rose dans une zone de turbulences dont il se serait bien passé après ses 1,7 % à la présidentielle. « En tant qu’ancien militant, ça me fait mal de voir le parti dans cet état-là », a réagi ce vendredi 27 janvier, au micro de l’émission « Extra local » sur Public Sénat, l’eurodéputé Emmanuel Maurel, désormais à la tête de sa propre formation politique, Gauche républicaine et socialiste (GRS).

La situation du Parti socialiste a été comparée aux moments de vives tensions déjà traversées en 2008 pendant le congrès de Reims, avec la bataille entre Martine Aubry et Ségolène Royal, mais aussi lors du congrès de Rennes, en 1990, lors duquel aucune majorité franche ne s’était dégagée. « La légère différence, c’est qu’à Rennes le parti était au pouvoir avec 200 000 adhérents. Aujourd’hui, il n’est plus au pouvoir et il y a 20 000 votants », relève Emmanuel Maurel pour qui la survie du PS entre désormais en ligne de compte. « Je pense que c’est une crise de décroissance. C’est un parti qui a été hégémonique à gauche pendant des décennies, qui a exercé le pouvoir, qui est habitué à l’exercice des responsabilités, et qui d’un seul coup se trouve confronté à des questions que je qualifierais d’existentielles », explique-t-il. « C’est un peu normal qu’il y ait une telle tension et une telle exacerbation du ressentiment. »

« Le problème de ce congrès, c’est qu’il n’y a pas de débat idéologique »

Le positionnement du parti par rapport à La France insoumise continue de cristalliser les débats en interne. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est devenu hégémonique à gauche depuis la présidentielle et les législatives, mais affiche un programme en nette rupture avec la ligne sociale-démocrate longtemps mise en avant au PS, notamment par François Hollande. « Le problème de ce congrès, c’est qu’il n’y a pas de débat idéologique. Ce qui faisait la richesse du PS, c’était ses querelles de fond », relève encore Emmanuel Maurel. « Or là, c’est : est-ce que tu es Nupes ? Un peu Nupes ? Ou pas Nupes ? Donc un débat tactique », résume le député européen.

Certaines figures socialistes, particulièrement critiques vis-à-vis de l’accord électoral passé avec les autres formations de gauche en vue des législatives, sont accusées d’attiser en sous-main les tensions, pour déstabiliser la direction actuelle et reprendre la main sur le parti. Sur notre antenne en début de semaine, Olivier Faure avait ainsi taclé les « professionnels de la déstabilisation » gravitant autour de Nicolas Mayer-Rossignol, allant même jusqu’à citer le sénateur David Assouline et l’ancien président François Hollande. « François Hollande était plutôt derrière Hélène Geoffroy. C’est-à-dire les nostalgiques du hollandisme, les derniers des Mohicans », rappelle Emmanuel Maurel. « Mais ils se sont alliés avec Nicolas Mayer-Rossignol car je pense que François Hollande a intérêt à ce qu’il y ait de la turbulence au PS, son affrontement avec Olivier Faure n’est plus un secret. »

Dans la même thématique

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le

Congrès de Marseille : « François Hollande a intérêt à ce qu’il y ait de la turbulence au PS »
2min

Politique

Départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel : « Dans un monde normal, celle qui aurait dû partir, c’est l’élève », dénonce Bruno Retailleau

Menacé de mort après une altercation avec une élève à qui il avait demandé de retirer son voile, le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel a quitté ses fonctions. Une situation inacceptable pour le président des Républicains au Sénat, qui demande à la ministre de l’Éducation nationale d’« appliquer la loi jusqu’au bout ».

Le