Congrès des maires : pas de discours pour Emmanuel Macron mais une déambulation « pour un contact plus direct et plus fort avec les élus »

Congrès des maires : pas de discours pour Emmanuel Macron mais une déambulation « pour un contact plus direct et plus fort avec les élus »

Emmanuel Macron se rendra mercredi au rassemblement annuel des maires de France, Porte de Versailles à Paris. Cette année, le chef de l’Etat ne montera pas à la tribune mais privilégiera un contact direct avec les élus, à travers une déambulation au milieu des exposants. Il entend défendre les dispositifs mis en place depuis son arrivée à l’Elysée pour accompagner les communes en difficulté, notamment en zone rurale, mais devrait aussi faire face aux inquiétudes des élus sur l’inflation et la crise de l’énergie.
Romain David

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Pas de discours d’Emmanuel Macron devant les maires de France cette année. Le président de la République ne clôturera pas vendredi le 104e Congrès des maires qui s’ouvre ce lundi, mais passera la main à sa Première ministre Élisabeth Borne. Pour autant, le chef de l’Etat se rendra bien au parc des expositions de la Porte de Versailles, mercredi, pour une déambulation parmi les quelque 1 300 exposants de ce grand rassemblement annuel piloté par l’Association des maires de France (AMF). « C’est un choix politique différent qui permet d’avoir un contact bien plus direct et plus fort avec les élus », fait-on valoir du côté de l’Elysée, en rupture avec l’exercice « un peu formel et sans échange » du discours. Il faut dire que ce rendez-vous reste un moment délicat pour le chef de l’Etat, depuis qu’il y a été hué en 2017. Six ans plus tard, les relations entre l’exécutif et les maires restent complexes, avec deux principaux griefs du côté des édiles : un exécutif jugé trop autoritaire et une remise à plat de la fiscalité locale vécue comme une perte d’autonomie.

Malgré tout, l’exécutif se félicite d’entretenir des relations « assez apaisées » avec les maires. Ce lundi matin, au micro de Public Sénat, David Lisnard attribuait en partie ce changement de ton à la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon. « Elle a une façon de travailler plus respectueuse des corps intermédiaires que ses deux prédécesseurs », estime le président de l’AMF.

Inquiétudes budgétaires

S’il ne monte pas à la tribune, Emmanuel Macron ne manquera certainement pas d’être interpellé au cours de sa déambulation dans les salons du Congrès, assume-t-on du côté de l’Elysée. Le chef de l’Etat est d’ailleurs réputé pour apprécier ces moments de confrontation et de débats sur le vif. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement ne manque pas de rappeler que le budget 2023, actuellement en discussion au Sénat après une adoption par 49.3 à l’Assemblée nationale, accuse une hausse inédite de la dotation globale de fonctionnement (DGF), portée à 320 millions d’euros. Un chiffre jamais atteint en treize ans. Les élus, toutefois, continue de réclamer la réindexation de cette enveloppe sur l’inflation. Toujours sur Public Sénat, David Lisnard, a parlé d’« esbroufe » : « Comme disait Emmanuel Macron, c’est de la poudre de perlimpinpin ! », accuse l’élu cannois, qui tient à rappeler que la DGF n’est « pas un don mais un dû au titre des transferts de compétences, donc des transferts de charges et de recettes ».

En outre, l’AMF entend démontrer dans les prochaines semaines que, sur la compensation de la suppression de la taxe d’habitation, « il manque un milliard ». La hausse de la DGF ne devrait pas non plus suffire à faire oublier le retour des contrats de confiance dans le projet de loi de finances, destinés à mieux encadrer les dépenses locales. Le dispositif rappelle celui des « contrats de Cahors », présenté en 2018 et destiné à faire contribuer les collectivités au redressement des finances publiques.

« Il n’est pas illogique de considérer que tous ceux qui font ce pays participent à l’effort de maîtrise des dépenses publiques », assume-t-on du côté de l’Elysée. « Cela a suscité quelques rebonds, mais cela fait partie des engagements pris par le président de la République pendant la campagne. Le sujet est intégré depuis septembre aux discussions engagées par Christophe Béchu ». Le Palais défend un dispositif « beaucoup moins infantilisant que le contrat de Cahors », qui permet aux maires de choisir « le levier » par lequel ils souhaitent atteindre l’objectif de réduction de dépenses fixé. De son côté, David Lisnard estime que la mesure n’est pas constitutionnelle puisqu’elle « porte atteinte à la libre administration des collectivités ». Il n’est pas dit que le Sénat, chambre des territoires, n’assouplisse le texte, voire ne parvienne à trouver un compromis avec l’exécutif.

La « méthode du ‘avec vous’ »

En résonance avec le thème de ce 104e congrès – « pouvoir agir » -, et face aux inquiétudes générées par l’explosion de l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie, Emmanuel Macron entend faire valoir le rôle d’« accompagnateur » de l’exécutif, à travers le bouclier tarifaire et un mécanisme-amortisseur sur l’énergie, qui devrait permettre de prendre en charge environ 25 % des surcoûts. « Je pense que l’on peut rassurer David Lisnard, l’Etat est bien aux côtés des élus, l’Etat les accompagne et va les aider à franchir cet obstacle », assure-t-on à l’Elysée. Tout en reconnaissant que la complexité de certains dispositifs appelle « à la mise en place d’outils de simplification ».

L’Elysée rappelle que cette « méthode du ‘avec vous’ » se décline depuis 2017 avec une série de programmes lancés pour réduire la fracture territoriale et revitaliser certaines communes : Action cœurs de ville, Petites villes de demain, l’agenda rural… dont Emmanuel Macron ne devrait pas manquer d’assurer le service après-vente mercredi. Sur les 1 000 maires qui seront reçus à l’Elysée dans la soirée, un tiers a d’ailleurs été sélectionné parmi les édiles qui se sont particulièrement engagés dans ces dispositifs.

À cette liste s’ajoute également le fonds vert de 50 millions d’euros pour soutenir les communes sur le chemin de la transition écologique. Sur ce sujet, l’Elysée souhaite travailler sur des projets, plutôt que des objectifs. « Nous sommes très attachés à ce que la conversation sur la transition écologique s’engage sur des sujets très concrets », souligne-t-on.

Le retour des services

Autre axe qu’entend défendre Emmanuel Macron lors de sa visite au Congrès des maires de France : le retour des services de l’Etat dans les territoires. Le président de la République s’était engagé sur l’installation de 35 préfectures dans des zones aux forts enjeux démographiques, écologiques et économiques. Six devraient ouvrir leurs portes avant la fin de l’année. « Le quinquennat de François Hollande a été l’époque de la grande régionalisation, on a fermé des préfectures. Le président de la République a fait le travail inverse », se félicite un conseiller élyséen. En parallèle, le réseau France Service, qui combine en un seul point d’accueil plusieurs services administratifs, devrait compter 2 600 guichets d’ici 2023, un peu au-dessus de l’objectif initial des 2 500. Enfin, la création de 200 nouvelles brigades de gendarmeries, fixes ou mobiles, dans le cadre de la loi de programmation du ministère de l’Intérieur, est vantée comme un « dispositif assez innovant » : « On est vraiment dans la sécurité du bas de chez vous. »

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le