Congrès du PS : Olivier Faure souligne que « seuls 20 % des militants ont souhaité sortir de la Nupes »

Congrès du PS : Olivier Faure souligne que « seuls 20 % des militants ont souhaité sortir de la Nupes »

A trois jours d’un vote déterminant pour l’avenir du PS, le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, contesté par le maire de Rouen, a répété lors de ses vœux que « c’est dans la Nupes que le PS doit s’affirmer ». Si des irrégularités ont été constatées lors du vote sur les textes d’orientation, il assure qu’il n’a pas « pas voulu mettre de l’huile sur le feu ».
François Vignal

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Il est déjà dans le prochain combat. Celui contre la réforme des retraites. Mais Olivier Faure a au préalable une autre bataille à remporter. Celle pour la campagne interne pour la direction du parti. Olivier Faure sera opposé jeudi au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, pour le poste de premier secrétaire.

Si le texte d’orientation mené par le premier secrétaire sortant est arrivé jeudi dernier largement en tête, avec 49,15 % des voix, contre 30,51 % pour son challengeur de Rouen et 20,34 % pour Hélène Geoffroy, qui a appelé à voter pour Nicolas Mayer-Rossignol, les choses ne sont pas faites. Sur le papier, en additionnant les scores de ces deux dernières motions, on dépasse de justesse les 50 %. Mais comme souvent, la politique n’est pas de l’arithmétique. Et la direction se dit sûre d’être majoritaire dans les instances du parti, c’est-à-dire au Conseil national, pensant avoir plus de 50 fédérations à l’issue du vote pour les responsables départementaux, prévu en février. Reste que le scrutin de jeudi pourrait être serré, surtout si des abstentionnistes se déplacent.

« On ne peut pas être ni pour, ni contre. Le "ni, ni" nous a conduits dans un mur », pointe Olivier Faure

Quant au débat sur la ligne, pour Olivier Faure, c’est tout vu. « Le débat stratégique a été tranché. Seuls 20 % des militants ont souhaité sortir de la Nupes (la ligne défendue par Hélène Geoffroy, ndlr) », a-t-il souligné lundi matin, lors de ses vœux à la presse, depuis le siège du Parti socialiste, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). « C’est dans la Nupes que le PS doit s’affirmer », insiste le député de Seine-et-Marne.

Lire aussi » Climat tendu au PS : Olivier Faure en tête… suivi de Nicolas Mayer-Rossignol, qui s’imagine l’emporter

Alors que la direction a annoncé hier qu’elle refusait un nouveau débat télévisé, que demande Nicolas Mayer-Rossignol, Olivier Faure pointe le flou qui émane du nouvel attelage entre le maire de Rouen, favorable à l’union de la gauche mais en donnant plus de poids au PS, et Hélène Geoffroy, la plus opposée à La France Insoumise. « On ne sait plus très bien ce qu’il dit, et il cherchera à entretenir la confusion jusqu’à jeudi. Or il faut de la clarté », demande Olivier Faure. Dimanche, le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, ironisait : « Les militants seraient intéressés de savoir si Nicolas a débattu avec Mayer-Rossignol pour trancher la ligne ». Le numéro 1 du PS en remet une couche ce lundi. « On ne peut pas être ni pour, ni contre. Le « ni, ni », ce n’est pas la bonne façon de procéder. Ça nous a conduits dans un mur. A un moment, il faut faire un choix. […] C’est à force de ne pas choisir, que les Français ont fini par ne plus identifier le PS », soutient le responsable socialiste, alors que le Parti socialiste se caractérisait sous l’ère Hollande par son art de la synthèse.

Nicolas Mayer-Rossignol est « celui qui peut rassembler les socialistes » selon François Hollande

Dans cette dernière ligne droite, le maire de Rouen a justement vu arriver ce matin un soutien de marque – mais sera-t-il un soutien de poids dans le PS actuel ? – en la personne de François Hollande. L’ancien chef de l’Etat socialiste a montré, au micro de France Inter, qu’il n’avait pas perdu la main pour lancer quelques saillis politiques. « Il y a cinq ans, le PS, c’était à peu près 80.000 adhérents. Aujourd’hui, c’est la moitié, à peu près 40.000. Il y a la moitié qui est venue voter, 20.000. Sur les 20.000, il y a à peu près la moitié qui est venue voter pour Olivier Faure… Vous parlez d’une performance ! » a ironisé l’ex-Président. Celui qui a toujours sa carte au PS votera « pour Nicolas Mayer-Rossignol », qui lui paraît « être celui qui peut rassembler les socialistes, tout en étant attaché à l’union de la gauche ». Et d’ajouter :

Redresser la gauche, ça suppose une force centrale qu’a longtemps été le PS, qui ne se confond pas avec LFI. (François Hollande)

Une prise de position de François Hollande en plein congrès socialiste qui peut s’avérer à double tranchant, aux yeux des militants. Olivier Faure le sait et appuie dessus : « Dis-moi qui sont tes soutiens, je te dirai qui tu es », rétorque le premier secrétaire sortant.

Dans cette guéguerre socialiste, la journée de vendredi dernier, passée à recompter les résultats de chaque fédération, aurait peut-être pu mal finir. Si les représentants des opposants étaient entrés dans la « commission de récolement » remontés comme des coucous, voire prêts à en découdre, tout le monde a signé en fin de journée le procès-verbal qui atteste des résultats officiels. Mais une partie d’entre eux a fait débat.

Points litigieux en Seine-Maritime, en Occitanie ou à La Réunion

La direction, qui avait annoncé dans la soirée de jeudi le chiffre de 50,5 % sur une bonne partie des bulletins dépouillés, arrive finalement à 49,15 %. C’est « l’évolution de la soirée » en fonction des remontées, minimise aujourd’hui le patron du PS, qui note « qu’on est très au-dessus des 47,5 % qui nous étaient prédits par Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy. Ensuite, il y a eu un point d’accord sur les sections que nous prenions en compte et pas en compte. Et nous avons été extrêmement cléments, nous n’avons pas voulu mettre de l’huile sur le feu. Donc nous avons laissé passer un certain nombre de situations », affirme Olivier Faure, interrogé sur le sujet par publicsenat.fr.

De source interne au PS, on explique que les points litigieux concernaient notamment la Seine-Maritime ou l’Occitanie, avec des taux de participation étonnants dans certaines zones de la région dirigée par Carole Delga, qui a soutenu le maire de Rouen. En Ariège, 90 % des personnes à jour de cotisation sont ainsi venues voter. Un taux de participation « suspect », au regard des 56 % à l’échelle nationale. Du côté de la direction, on cite aussi le Gard. La palme revient à la fédération de l’île de La Réunion, qui n’a tout simplement pas été validée. Alors que la « fédé » compte 160 adhérents « validés », il y a eu 783 inscrits le jour du vote, « dont 500 votes pour le texte d’orientation 3 », soit celui du maire de Rouen, affirme-t-on du côté de la direction du PS. Un décalage qui serait lié à l’existence de micro-partis locaux, où les adhérents prennent leur carte, sans la prendre au PS.

Si les socialistes ont malgré tout, collectivement, validé les résultats, ce n’est pas seulement parce que le scrutin est dans sa grande majorité régulier. C’est aussi parce que les socialistes ne peuvent plus se permettre de s’envoyer à la figure, et publiquement, des accusations de fraude, comme par le passé.

« Si jeudi, c’est le signal de la division de la gauche, alors nous aurons rendu un fier service à Emmanuel Macron »

Olivier Faure entend pour l’heure se montrer combatif sur la bataille des retraites, à trois jours d’un premier mouvement de grève. Il annonce se joindre à la proposition de résolution communiste, qui appelle à trancher la réforme par référendum. Et défend « un mixte entre ce que Marisol Touraine avait réalisé », c’est-à-dire le passage à 43 années de cotisations, tout en défendant la volonté de « ramener l’âge légal à 60 ans », conformément à l’accord de la Nupes. Au passage, Olivier Faure met sur la table un chiffre issu du dernier rapport de l’ONG Oxfam : « Une taxe de 2 % sur la fortune des milliardaires français, soit 42 personnes, suffirait à financer les 12 milliards d’euros annuels finançant le déficit des retraites ».

Mais ce combat, qui unit la gauche, comme les prochains, pourrait être mis à mal si la direction sortante est défaite. Olivier Faure met en garde : « Si jeudi, […] c’est le signal de la division de la gauche, alors nous aurons rendu un fier service à Emmanuel Macron. […] La Macronie attend impatiemment que le PS se divise et divise la gauche ». Reste que les rapports de force issus du scrutin expriment clairement un message envoyé à la direction. Le premier secrétaire le sait. En cas de victoire, il devra en tenir compte s’il veut garder un PS uni.

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