Congrès LR : Eric Ciotti arrive en tête du premier tour avec 25,59 % des voix, suivi par Valérie Pécresse à 25 %

Congrès LR : Eric Ciotti arrive en tête du premier tour avec 25,59 % des voix, suivi par Valérie Pécresse à 25 %

Le verdict est tombé : Eric Ciotti et Valérie Pécresse se sont qualifiés jeudi pour le second tour du congrès LR. Un duel serré. Douche froide pour Xavier Bertrand qui n’arrive qu’à la 4ème place. Le nom du vainqueur pour l’élection présidentielle, sera dévoilé samedi.
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Fumée blanche et scrutin serré. Ils ne sont plus que deux encore en lice. Eric Ciotti est arrivé en tête du premier tour du vote du congrès Les Républicains jeudi après-midi, avec 25, 59 % des suffrages exprimés, suivi par Valérie Pécresse, qui recueille 25 % des voix, a annoncé Christian Jacob, le Président du parti. Les deux compétiteurs sont donc qualifiés pour le second tour, prévu vendredi et samedi, et qui permettra de désigner le candidat officiellement investi par le parti pour l’élection présidentielle. Sur la troisième marche du podium : Michel Barnier, avec 23,93 % des voix. C’est la douche froide pour Xavier Bertrand qui arrive 4ème en recueillant 22,36 % et Philippe Juvin, est à la dernière place du podium avec 3,13 % des suffrages.

139.742 adhérents à jour de cotisations étaient virtuellement appelés aux urnes (le vote s’effectue par Internet). Fort taux de participation pour ce premier tour qui est de 89,89 %.

Le nom du vainqueur qualifié pour la course à la présidentielle sera connu samedi à 14h30.

Eliminé, Xavier Bertrand appelle d’ores et déjà à voter pour Valérie Pécresse. Le Président des Hauts-de-France, a tweeté juste après l’annonce des résultats :

 

Tout comme Philippe Juvin et Michel Barnier:
 

Ciotti renverse la table

Il est incontestablement la (très) grosse surprise de ce premier tour. La qualification d’Éric Ciotti (25,59 %) déjoue la plupart des pronostics, qui voyaient les deux finalistes de ce congrès LR sélectionnés parmi le trio Barnier-Bertrand-Pécresse. Le député des Alpes-Maritimes, longtemps étiqueté « monsieur sécurité » des Républicains, a fait campagne sur une ligne identitaire, revendiquant une proximité idéologique avec Éric Zemmour, qu’il s’est dit prêt à soutenir si celui-ci devait se retrouver au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron.

Durant les quatre débats télévisés, Éric Ciotti a tiré son épingle du jeu avec plusieurs propositions iconoclastes : la fin de la dégressivité de l’impôt, le remplacement du droit du sol par le droit du sang, le rétablissement du service militaire, la suppression de 250 000 postes d’agents publics, ou encore la construction d’un « Guantánamo à la française » pour les personnes condamnées pour terrorisme. Un programme qui a donc convaincu les militants.

Le parcours d’Éric Ciotti dans cette élection n’est pas sans rappeler celui de François Fillon en 2016 - auquel il a d’ailleurs rendu plusieurs fois hommage durant les débats -, et qui était parvenu à supplanter les deux grands favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, après avoir déporté la campagne très à droite. Toutefois, les prises de position du Niçois n’ont pas manqué de mettre à mal l’unité que les Républicains ont tenté de maintenir ces dernières semaines. Fin novembre, le président de la région PACA, Renaud Muselier, après plusieurs attaques contre Eric Ciotti, a quitté le parti, fustigeant sa « porosité avec l’extrême-droite ».

« Nous ne nous sommes jamais moqués d’Éric Ciotti, nous l’avons toujours pris au sérieux », a déclaré quelques minutes après l’annonce des résultats, Daniel Fasquelle, le maire LR du Touquet, et soutien de Michel Barnier.

 

Valérie Pécresse en embuscade

Retour gagnant pour Valérie Pécresse, arrivée en deuxième position (25 %) du premier tour de ce congrès dématérialisé, avec moins de 700 voix d’écart sur Éric Ciotti, deux ans et demi après avoir quitté un parti qu’elle jugeait « trop cadenassé ». Certes, avec moins de fracas que Xavier Bertrand. Consciente qu’une campagne présidentielle se mène difficilement sans le soutien financier et logistique d’une grosse machinerie, la fondatrice de Libres ! a toujours dit qu’elle se plierait au mode de désignation choisi par LR, une manière aussi de jouer la carte de l’unité, et de cultiver un profil rassembleur au sein d’un parti miné par les tensions depuis la déroute des dernières présidentielles.

Souvent décrite comme libérale, la présidente de la région Île-de-France, réputée proche des centristes, a dû faire campagne à droite pour mener à bien son opération de reconquête. Une formule omniprésente dans ses prises de parole : « Remettre la France en ordre », avec des positions fermes sur la dépense publique (suppression de 200 000 postes de fonctionnaires), la justice (élargissement du délit d’intelligence avec l’ennemi au terrorisme) ou encore l’immigration (mise en place de quotas). La recette s’est avérée payante pour celle qui a choisi comme directeur de campagne Patrick Stefanini, l’un des principaux artisans du succès de François Fillon à la primaire de 2016.

Valérie Pécresse devient également ce jeudi la première femme à aller aussi loin dans un processus d’investiture pour la présidentielle à droite. Cinq ans plus tôt, Nathalie Kosciusko-Morizet avait échoué à atteindre le second tour de la primaire. Les voix de Xavier Bertrand, qui a donc appelé au rassemblement derrière elle juste après l’annonce des résultats, laisse croire qu’elle pourrait s’imposer au second tour.

>> Lire aussi: Congrès LR : « Je veux être une Présidente écologiste », affirme Valérie Pécresse

 

Michel Barnier, au pied du podium

Fort d’un parcours politique qui additionne une bonne partie des mandats électoraux de la Ve République, ainsi que quatre postes de ministre, Michel Barnier, 70 ans, s’est imposé comme la force tranquille de cette course à l’investiture. Mais l’élan a manqué pour atteindre le second tour, il finit à la troisième place avec 23,93 % des suffrages. Peu connu du grand public, malgré son rôle de négociateur en chef de l’UE dans le cadre du Brexit, il n’a eu de cesse de faire valoir sa fidélité au parti, une manière de dénoncer le retour opéré par certains de ses concurrents en vue de la présidentielle. Un temps présenté comme le favori de ce congrès, il avait déposé début novembre 702 parrainages, ce qui semblait confirmer sa popularité auprès des élus, et sa capacité à bousculer le duo Pécresse-Bertrand. Mais cet ancien ministre des Affaires étrangères n’est pas parvenu à transformer l’essai.

En retrait durant les quatre débats télévisés, il passe d’Européen à eurocritique, avec des propositions très radicales, conscient certainement que la campagne se joue sur une ligne très droitière. Sur l’immigration notamment, il a défendu l’idée d’un moratoire via un « bouclier constitutionnel » afin, selon lui, de passer outre le droit européen.

 

Xavier Bertrand relégué à la quatrième place

Pari raté pour le candidat des Hauts-de-France, qui, trois ans après avoir quitté avec fracas LR, fustigeant une ligne trop droitière à son goût, n’a pas réussi à convaincre sa famille politique du bien-fondé de son retour. Sa quatrième place (22,36 %) est un coup de tonnerre.

Fermement opposé à l’idée d’une primaire ouverte, Xavier Bertrand, qui a longtemps menacé de faire campagne en solo, avait finalement accepté début octobre de participer à un congrès ouvert aux seuls militants LR, sans doute poussé par des sondages qui ne lui permettaient guère de creuser l’écart avec ses principaux concurrents de droite. Tâche complexe dans un parti où les rancœurs ne s’effacent jamais complètement. Sans doute n’est-il pas parvenu à faire oublier aux sympathisants l’affront qu’il avait adressé en décembre 2017 à Laurent Wauquiez, tout juste élu à la tête de LR, en annonçant son départ sur France 2, alors que le nouveau patron de la droite répondait au même moment aux questions de TF1.

Au fil de cette campagne éclaire, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a bien tenté de s’imposer comme un interlocuteur et un challenger naturel d’Emmanuel Macron, à travers plusieurs face-à-face improvisés avec le chef de l’Etat ; le 19 novembre à Guise, à propos de l’aciérie Ascoval et des tarifs de l’électricité, et il y a une dizaine de jours à Amiens, sur le bilan du quinquennat dans les Hauts-de-France. Mais la marche était trop haute pour Xavier Bertrand, qui n’a pourtant eu de cesse de répéter qu’il était le seul candidat capable de battre Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

 

Philippe Juvin, tout juste au-dessus des 3 %

Fin de partie pour Philippe Juvin, arrivé bon dernier de ce premier tour (3,3 %). Le maire de La Garenne Colombe, aussi anesthésiste-réanimateur et chef des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, a porté une candidature atypique au sein des Républicains, oscillant entre le social et le conservatisme. S’il a fait montre de la même fermeté que ces concurrents sur l’immigration, il s’est érigé en défenseur des services publics, refusant les suppressions de postes de fonctionnaires, et prônant un redéploiement des effectifs, en particulier à l’hôpital. Progressiste sur les questions de société, notamment l’ouverture de la PMA pour toutes et l’allongement du délai de l’IVG, Philippe Juvin avait fait bondir de nombreux commentateurs en lançant durant le troisième débat : « Nous avons un modèle de civilisation supérieur aux autres. »

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