Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
Congrès : « Avec Emmanuel Macron, nous sommes bien dans une hyperprésidence », selon Pascal Perrineau
Par Pierre de Boissieu
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Si le Parlement était réuni en Congrès à Versailles le 3 juillet prochain, il aurait lieu la veille du discours de politique générale que prononcera le Premier ministre, Edouard Philippe, le 4 juillet prochain, à l’Assemblée nationale - une manière de saper l’autorité du chef du gouvernement.
« Avec Emmanuel Macron, nous sommes bien dans une hyperprésidence ou super présidence, avec une très forte verticalité » explique le politologue, Pascal Perrineau. « Au début, nous avons découvert une verticalité symbolique, précise-t-il, mais nous assistons maintenant à un ramassement du pouvoir autour de l’Elysée. Des signes multiples le montrent. »
« Les ministres qui ne sont pas de la République en Marche ont tous un secrétaire d’Etat de la REP, qui est en quelque sorte l’”oeil du président” » explique par exemple le politologue. « La présidence d’Emmanuel Macron est très surplombante et interventionniste, nous assistons à une présidentialisation du régime, portée à son point d’orgue. »
Edouard Philippe : « un simple répétiteur » ?
Les réactions à cette rumeur ont été immédiates, ce lundi. Le député socialiste Olivier Faure a jugé que la réunion du Congrès la veille du discours de politique générale « serait surtout une humiliation pour le Premier ministre. » « Jusqu'ici nous avions avec le général De Gaulle un Premier ministre qui dirigeait le gouvernement, avec Nicolas Sarkozy nous avons eu un Premier ministre qui est devenu son collaborateur, cette fois-ci on observe que ça pourrait devenir, si le président de la République parlait avant lui le 3 juillet, un simple répétiteur », a-t-il ironisé.
Le député Thierry Solère, cheville ouvrière du groupe « LR constructifs-UDI-indépendants », a, quant à lui, salué cette initiative d’Emmanuel Macron, ne la jugeant pas contradictoire avec le discours de politique générale d’Edouard Philippe, prévue le lendemain. « Que le président de la République nous donne les grandes lignes et qu'ensuite le Premier ministre vienne expliquer, avec un vote de confiance derrière, sa méthode, ses priorités, son calendrier, je crois que ce n'est pas contradictoire », a expliqué Thierry Solère.
Qu’en est-il de la relation entre le président de la République et son premier ministre, Edouard Philippe ? Pour Pascal Perrineau, « pour l’instant, nous avons l’impression qu’il n’y a pas de couacs, même s'il y a une tutelle forte de l’Elysée qui n’est pas toujours simple à vivre pour un premier ministre. » Dans ce domaine, l’exemple de Nicolas Sarkozy et de François Fillon est dans toutes les têtes.