Construction de prisons : la droite crie au «renoncement»

Construction de prisons : la droite crie au «renoncement»

Mesure emblématique du projet de loi de programmation de la justice, l’objectif de création de 15.000 places supplémentaires de prison, sera finalement tenu sur deux quinquennats. La garde des Sceaux, qui défendra ce texte au Sénat à partir de ce mardi, dément toute reculade.
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« Nous construirons 15.000 nouvelles places de prison ». L’engagement du candidat Emmanuel Macron était écrit noir sur blanc sur son programme début 2017. Associée à une révision de l’échelle des peines, la construction de nouveaux établissements d’incarcération doit mettre un terme à la surpopulation carcérale. La droite, particulièrement au Sénat, qui examine à partir de ce mardi le projet de loi programmation 2018-2022 et la réforme de la justice, accuse l’exécutif de prendre trop de libertés avec cette promesse.

La Chancellerie l’avait reconnu dès le mois de novembre 2017, l’objectif s’étalera en réalité sur deux quinquennats. Ce sont seulement 7.000 places qui seront effectivement livrées avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. La semaine dernière, Philippe Bas, le président (LR) de la commission des lois du Sénat s’offusquait encore sur notre antenne d’un « renoncement à plus de la moitié du programme présidentiel ».

« Il faut du temps », se justifie Nicole Belloubet

La garde des Sceaux martèle que l’objectif sera tenu, et que toutes les mises en chantier auront lieu avant la fin du quinquennat. « Le Président de la République a dit que nous construirions 15.000 places de prison et nous les construirons : c’est l’objectif. Il y aura 7.000 places de prison livrées avant 2022 et 8.000 qui seront commencées avant 2022 », a-t-elle expliqué dans notre émission politique « Audition publique ».

Interpellée par les sénateurs lors de son audition le 25 septembre dernier, qui ont vu dans ces nouveaux chiffres une « diminution des ambitions » du président de la République, Nicole Belloubet a répété que ses propos avaient été mal compris, tout en invoquant en même temps des contraintes immobilières. « Nous avons regardé un peu sur le temps long le délai qu’il fallait pour construire une place de prison. Nous sommes autour de six ou sept ans. Vous savez très bien qu’il faut acheter des terrains, il faut les repérer, il faut faire les études, il faut construire, donc il faut du temps », a précisé la ministre de la Justice.

« Le président de la République ne pouvait pas ignorer les difficultés », réplique un sénateur LR

La justification n’a en tout cas pas convaincu les sénateurs, à l’image de François Bonhomme (LR), qui a « sursauté sur sa chaise » durant l’audition :

« Le président de la République ne pouvait pas ignorer les difficultés que votre prédécesseur Jean-Jacques Urvoas avait notées dans les questions foncières pour construire de manière effective – et surtout rapide – de nouvelles places de prison. »

Construction de prisons : Macron ne "pouvait pas ignorer les difficultés", pour le sénateur Bonhomme
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Cette « modification » du programme a deux significations pour le sénateur du Tarn-et-Garonne : « Soit on découvre les difficultés existantes, APRÈS l’élection, soit c’est un mensonge délibéré ».

En mars, l’Ufap Unsa Justice, le syndicat majoritaire au sein du ministère de la Justice et de l’administration pénitentiaire, craignait un « rétropédalage carcéral ».

Consciente que le projet de loi arrive « tardivement » dans le quinquennat – le Sénat est la première chambre saisie sur ce texte – la commission des Lois espère toutefois « rétablir un programme de 15 000 places ».

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