Convention citoyenne : un week-end décisif pour l’environnement

Convention citoyenne : un week-end décisif pour l’environnement

Les 150 citoyens tirés au sort pour participer à une Convention inédite sur le climat ont passé tout le week-end à voter les mesures de lutte contre le réchauffement climatique qu'ils ont remises ce dimanche, en clôture, à la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne.
Public Sénat

Par Béatrice Fainzang

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Le premier jour de l'été marque une journée décisive pour le climat et pour la démocratie participative. Après 9 mois de travail, des heures de débats, de réflexions et de votes, la Convention citoyenne pour le climat dont l'objectif était de proposer une série de mesures pour réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre en France « dans un esprit de justice sociale » d'ici 2030, a rendu son rapport au gouvernement. Et non sans émotion. Pour de nombreux participants, ce groupe de travail a été une « véritable aventure humaine et une prise de conscience de l'urgence sociale et environnementale qui menace la survie de l'humanité ». Certains, comme Saïd, « peu soucieux de l'environnement il y a encore quelques mois », ont radicalement changé durant l'expérience de la Convention citoyenne. Tous sont désormais convaincus de « la nécessité d'un changement profond et rapide de la société française ». Une position qui se retrouve d'ailleurs dans les mesures adoptées presque toutes à l'unanimité.

Une seule mesure écartée

Samedi, ils ont finalement rejeté à 65% la mesure concernant la réduction du temps de travail à quatre jours par semaine, soit 28h. La mesure était controversée et certains avaient peur de « passer pour des guignols » risquant de remettre en cause tout le reste du travail effectué par la Convention. C'est l'exception puisque l'ensemble des mesures ont été adoptées quasi à l'unanimité, à part celle très clivante sur la réduction de la vitesse sur l'autoroute de 130 à 110 km/h, finalement votée à 60%.

Soumettre à référendum le crime d'écocide

C'est la première mesure que la Convention citoyenne propose de soumettre à référendum. Dimanche matin, les 150 citoyens réunis physiquement et virtuellement au Conseil économique, social et environnemental ont adopté à 63,4% la proposition de soumettre la création du crime d'écocide à référendum. Pour rappel, l'écocide est un acte de destruction d'un écosystème par l'homme. L'ensemble des membres de la Convention se sont aussi prononcés en faveur d'un référendum visant à inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution.  En revanche, les 150 citoyens tirés au sort ont rejeté en bloc l'idée d'utiliser la voie du référendum pour d'autres mesures spécifiques. « Constitution et écocide, oui pour un référendum. Pour le reste, que le pouvoir prenne ses responsabilités », a déclaré l'un des participants qui a résumé d'une seule voix les arguments avancés par la majorité des intervenants.

Interrogée la veille dans le Journal du dimanche, la ministre de la Transition écologique et solidaire s'est déclarée « à titre personnel », « favorable à un référendum ». Pour Elisabeth Borne « Des questions multiples permettraient de faire partager les travaux » de la Convention « avec tous les Français ».

Emmanuel Macron devra convaincre

Lors de la cérémonie de remise du rapport à Elisabeth Borne, dimanche après-midi, le président du Conseil économique, social et environnemental, Patrick Bernasconi a félicité l'ampleur du travail effectué : « Vous avez fait des propositions plus ambitieuses que ce que n'importe quel gouvernement français n'a jamais fait ». Le garant de la Convention a également insisté sur l'après : « Maintenant, aux politiques de faire leur travail. Ce qui vous attend, c'est de défendre ce travail là devant les Français ». Et Elisabeth Borne a poursuivi : « Vos mesures dérangent certains, elles enthousiasment d'autres. On peut dire qu'elles ne laissent pas indifférent ». « Je me réjouis de voir que votre prise de conscience a été aussi rapide. Elle va permettre des mesures jugées impossibles il y a quelques années », a déclaré la ministre.

Prochaine étape, le 29 juin. Le chef de l'Etat recevra les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, « afin d'apporter une première réponse à leurs propositions », a indiqué l'Elysée vendredi. Le président s'est dit ouvert de nombreuses fois à l'idée d'interroger directement les Français sur les questions environnementales, remises au centre du débat public par la crise du coronavirus.  Et l'exercice risque de ne pas être évident pour Emmanuel Macron qui est attendu au tournant. Les membres de la Convention n'entendent pas arrêter leur mission au 21 juin et l'ont spécifié dans la conclusion de leur rapport final, voté à 94% : « Nous souhaitons continuer à être associés aux restitutions et surtout au suivi de la mise en œuvre de nos propositions » et ont ajouté : « Nous considérons que la réussite de cette Convention dépendra du respect par l'exécutif de son engagement de transmettre nos propositions sans filtre ». Le ton est donné ; à l'exécutif d'être désormais à la hauteur du défi qui lui a été lancé.

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