Corée du Nord: le moratoire prôné par Pékin n’est “pas la bonne approche” pour Le Drian

Corée du Nord: le moratoire prôné par Pékin n’est “pas la bonne approche” pour Le Drian

Seules des sanctions peuvent forcer une Corée du Nord "autiste" à négocier, a estimé vendredi Jean-Yves Le Drian, jugeant que la...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Seules des sanctions peuvent forcer une Corée du Nord "autiste" à négocier, a estimé vendredi Jean-Yves Le Drian, jugeant que la proposition de Pékin d'une suspension simultanée des essais nucléaires de Pyongyang et des exercices militaires américano-sud-coréens n'est "pas la bonne approche".

Il s'agit d'un "point de désaccord" entre la France et la Chine, même si les deux pays ont voté ensemble au Conseil de sécurité de l'ONU les résolutions renforçant les sanctions contre le régime de Kim Jong-Un, a dit à Pékin le ministre français des Affaires étrangères.

La Chine, principal soutien économique de Pyongyang, assure appliquer strictement les nouvelles sanctions internationales mais défend vigoureusement l'option d'un règlement de la crise "par le dialogue", via une "double suspension" ou "double moratoire".

L'idée serait que la Corée du Nord accepte d'interrompre ses essais nucléaires et balistiques en échange d'une suspension par la Corée du Sud et les Etats-Unis de leurs manoeuvres militaires communes -ce que Washington refuse farouchement.

"Je ne crois pas beaucoup à (cette) stratégie (...) Je ne crois pas que ce soit la bonne approche", a insisté M. Le Drian, au cours d'une brève conférence de presse au côté de son homologue chinois Wang Yi.

"Je ne vois pas la Corée (du Nord) d'aujourd’hui prête à négocier le principe même de son programme nucléaire, et, compte tenu de l’aggravation de la menace", Washington et Séoul "peuvent difficilement accepter une réduction de leurs exercices conjoints, qui sont une sorte de réassurance pour la population sud-coréenne", a-t-il fait valoir.

"Etant donné une forme d'autisme des autorités nord-coréennes, seule la pression et donc les sanctions peuvent ramener (le pays) à la négociation", a poursuivi le ministre français, jugeant la Chine "bien placée pour pousser".

Les Etats-Unis, de même, estiment que le géant asiatique, fort de son levier économique et de ses exportations pétrolières vers la Corée du Nord, pourrait intensifier encore davantage la pression sur son turbulent voisin.

Mais Pékin défend la reprise de pourparlers au plus vite, et s'insurge contre les sanctions unilatérales adoptées par Washington contre des entreprises aussi bien nord-coréennes que chinoises.

Le "double moratoire" est une "proposition réaliste et faisable", car l'escalade des tensions est nourrie par "l'absence de négociations", a martelé vendredi Wang Yi, en réplique à Jean-Yves Le Drian. "Si on navigue à contre-courant et qu'on n'avance pas, c'est qu'on recule", a-t-il commenté.

Certes, "il faut ramener (Pyongyang) à la table des pourparlers par des sanctions nécessaires", a-t-il reconnu, mais il faut également "faire au moins le premier pas" pour "arrêter les essais" nord-coréens.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le