Damien Abad nommé ministre des Solidarités, une prise de guerre qui affaiblit encore la droite

Damien Abad nommé ministre des Solidarités, une prise de guerre qui affaiblit encore la droite

Président du groupe LR de l’Assemblée depuis 2019, Damien Abad fait son entrée au gouvernement. Il était pressenti depuis quelques semaines. Il entend « dépasser les clivages pour changer la vie de millions de Français ». Pour les LR, c’est un nouveau coup dur.
François Vignal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

On s’y attendait, c’est fait. Damien Abad fait son entrée au gouvernement. Il est nommé ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Celui qui était président du groupe LR de l’Assemblée nationale jusqu’à hier a donc franchi le Rubicon. C’est une belle prise politique pour Emmanuel Macron.

Une image de modéré à droite

Le député de l’Ain était sous pression de son désormais ancien camp. Mardi, les députés du groupe LR lui avaient sommé de « clarifier sa position sur son engagement au sein des Républicains ». Christian Jacob, à la tête du parti, lui avait demandé jeudi de quitter la présidence du groupe. Hier soir, il annonce finalement au Figaro quitter ses fonctions. « Je reste un homme de droite mais je ne me reconnais plus dans la démarche de LR » explique-t-il. Après la réélection d’Emmanuel Macron, Damien Abad avait souhaité « cinq années de réussite » au Président. Un signe avant-coureur. Encore plus clairement, il s’abstient lors d’un vote interne où le parti réaffirme son indépendance face au chef de l’Etat.

Quelques minutes après sa nomination, Damien Abad a réagi sur Twitter, « très honoré d’être appelé à servir la France auprès d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne ». Il entend « dépasser les clivages pour changer la vie de millions de Français ».

Le ministère des Solidarité, de l’Autonomie et des Personnes handicapées correspond au profil de Damien Abad, qui jouit d’une image de modéré à droite. Un symbole aussi d’inclusion pour cet ancien de l’UDF, qui est lui-même touché par le handicap du fait de l’arthrogrypose, une maladie rare dont il est atteint.

Comme un venin insidieux, qui fragilise toujours un peu plus les LR

Pour la droite, c’est un nouveau coup dur. Après avoir déjà attiré en 2017 plusieurs figures des LR – Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Edouard Philippe – Emmanuel Macron enfonce un coin de plus dans la maison LR, déjà extrêmement fragilisée après le terrible échec de la candidate Valérie Pécresse à la présidentielle. Il continue l’élargissement à droite, ou plutôt il l’entretient. Comme un venin insidieux, qui fragilise toujours un peu plus les LR. Ils n’en avaient pas besoin pour la campagne des législatives.

Au-delà du symbole politique, il appartient maintenant à Damien Abad de faire oublier l’image de trahison et d’incohérence, alors qu’il a passé 5 ans à critiquer, avec les députés LR, la politique d’Emmanuel Macron. Il réussira à le faire en faisant ses preuves comme ministre. Son ministère aura une importance dans le dispositif du chef de l’Etat, qui a mis l’accent sur le social et la solidarité durant l’entre-deux tour de la présidentielle.

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le