Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
De crises en crises, l’Europe fragilisée
Par Adrien BAGET
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Ce matin l’Italie s’est réveillée avec un nouveau gouvernement, et tourne un peu plus le dos à l’Europe. L’alliance gouvernementale du mouvement cinq étoiles, parti anti système, et de la Ligue parti d'extrême droite éloigne un peu plus ce pays fondateur du projet européen. « Malgré le fait qu’il y a déjà en Hongrie, en Pologne, au Danemark ou en Autriche des mouvements eurosceptiques au pouvoir qui s’opposent à certaines directives européennes, un gouvernement eurosceptique à la tête de la troisième puissance économique européenne est un fait inédit » prévient Sylvain Kahn, historien de la construction européenne.
Mais à y regarder de plus près, en 2002 déjà le gouvernement de Silvio Berlusconi comptait des ministres farouchement opposés aux principes européens, à commencer par Umberto Bossi le ministre des réformes institutionnelles de l’époque qui déclare qu'il « n’a rien à faire de l’Euro ». Pour Sylvain Kahn « cela nous rappelle que les leaders de la ligue sont au pouvoir depuis 1994 (…) il y a un malaise qui monte depuis 1990 ».
"Il y a un malaise qui monte depuis 1990".
Le début des oppositions à l’Europe
Une contestation ancienne. L’Europe de tout temps a rencontré des oppositions. A commencer par celle des gaullistes en France. En 1979 Jacques Chirac à la tête du RPR, tient déjà un discours antieuropéen et souverainiste à la tête d’une liste pour la défense des intérêts de la France en Europe il attaque la liste de Simone Veil. Le groupe RPR dépose même à l’époque un recours devant conseil constitutionnel sur l‘élection du Parlement européen au suffrage universel. L’élection est retardée d’un an mais a lieu et Simone Veil devient la première présidente du Parlement européen. « L’histoire a montré que c’est Simone Veil qui a gagné et que l’Europe a malgré tout progressé dans son intégration (…) que l’idée européenne est dans le cœur des gens » détaille Catherine Lalumière ancienne secrétaire d’État aux affaires européennes de 1984 à 1986.
En 1989, nouvelle épreuve. La Grande-Bretagne et son premier ministre disent non à l’euro, à la banque centrale européenne, et à une intégration plus importante dans l’Union. Même si quelques mois plus tard Margaret Thatcher est contrainte de démissionner, cette nouvelle crise va encore faire évoluer l’Union vers des statuts dérogatoires. Une Europe à la carte. « le Royaume-uni a orienté la construction européenne dans un sens de moins intégré. Ils n'ont pas bloqué le développement mais freiné un certain nombre d'évolutions sur l'approfondissement de la supranationalité (...) ils ont introduit dans l'Europe une géométrie variable que certains pays soit moins bien intégrés que d'autres et surtout dans le domaine politique ».
Le non de la France à la Constitution européenne
Mais le soir du 29 mai 2005, le non la Constitution européenne va probablement entamer durablement la crédibilité des Français dans le projet européen. Deux ans plus tard la ratification du traité de Lisbonne par le parlement, va donner le sentiment aux Français que leur choix n’est pas respecté. Une fracture démocratique durable qui résonne encore aujourd’hui.
La naissance d’un nationalisme européen
Dès 2015, une nouvelle crise met à rude épreuve le fonctionnement de l’Europe. La crise des migrants ébranle les fondamentaux humanistes de l’Union. Pour Sylvain Kahn, « il s’agit d’un retour du nationalisme et de la xénophobie au pouvoir, ce qui est nouveau c’est l’apparition d’un nationalisme européen, c'est-à-dire que l’on n’a plus des nationalismes au sens premier du mot, mais plutôt une convergence des luttes au pouvoir comme en Hongrie, en Autriche ou au Danemark, il y a un combat entre une Europe libérale et illibérale, entre l’Europe des Lumières et celle des anti-Lumières ». Si l’Union a pu jusqu’ici contenir les crises, pas sûr qu’elle puisse faire longtemps coexister des positions aussi éloignées.