De Versailles à Davos, la double offensive de Macron auprès du gotha économique mondial

De Versailles à Davos, la double offensive de Macron auprès du gotha économique mondial

Emmanuel Macron veut faire coup double cette semaine pour séduire le gratin de l'économie mondiale: il réunit lundi à Versailles...
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Par Laurence BENHAMOU

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Emmanuel Macron veut faire coup double cette semaine pour séduire le gratin de l'économie mondiale: il réunit lundi à Versailles 140 dirigeants de multinationales avant d'exposer mercredi au Forum de Davos, en Suisse, sa vision d'une mondialisation plus équilibrée.

Préparé en quelques semaines, le sommet de lundi sur l'attractivité, baptisé en anglais "Choose France" (choisissez la France), n'est pas neuf sur son principe mais inédit par son ampleur.

Il réunira en effet quatre fois plus de patrons que le Conseil de l'attractivité organisé en 2014 par François Hollande à l'Elysée (34 dirigeants) ou que celui réuni par Nicolas Sarkozy en 2011 (25). Pour les accueillir, le gouvernement vient en force avec 15 ministres présents.

Emmanuel Macron en a convaincu quatre ou cinq de choisir ce jour-là pour annoncer des investissements significatifs en France et espère en outre une petite dizaine d'annonces d'autres projets de moindre ampleur.

Ce sera le cas du constructeur japonais Toyota qui annoncera un investissement de 400 millions d'euros pour agrandir son usine d'Onnaing, près de Valenciennes, avec plusieurs centaines d'emplois à la clé - 700 selon Les Echos.

Pour célébrer l'événement, le chef de l'Etat passera trois heures lundi après-midi sur le site, avant de s'adresser à ses invités dans le cadre prestigieux de Versailles, déjà choisi pour recevoir en grande pompe Vladimir Poutine.

Alors qu'il compte réduire l'impôt sur les bénéfices des sociétés à 25% à la fin de son quinquennat contre 33,3% en 2017, le chef de l'Etat doit montrer que ce cadeau fiscal entraînera des investissements et des créations d'emplois, de quoi faire oublier l'échec du pacte de responsabilité de François Hollande.

Pour donner le plus large impact à son initiative, Emmanuel Macron l'organise à la veille du Forum de Davos, presque comme une soirée d'ouverture à cette grand-messe de la mondialisation où afflueront cette semaine les dirigeants de 60 pays et de 1.700 entreprises.

"Sur la route de Davos, nous avons profité du fait que les leaders économiques venaient en Europe pour faire un stop à Paris et inviter 100 pdg des plus grands groupes mondiaux et construire avec eux 100 projets pour la France", a commenté l'Elysée.

Le président de la République a fait de ces sommets prestigieux, comme lors du "One Planet Summit" en décembre sur la finance verte, un moyen pour pousser le secteur privé à annoncer des actions concrètes en rafale, gage de succès et de visibilité pour eux comme pour lui.

"Ces sommets sont des accélérateurs, il y a des choses qu'on est capable de faire et de cristalliser le jour J, d'autres sur lesquels on continuera à travailler", explique son entourage, qui attend aussi deux annonces dans le numérique et l'intelligence artificielle.

- "Vision internationale" -

Emmanuel Macron plaidera mercredi pour une mondialisation mieux organisée devant l'élite mondiale rassemblée à Davos. Il parlera le même jour que la chancelière Angela Merkel et deux jours avant Donald Trump, attendu vendredi.

Le chef de l'Etat, qui place son action en France dans le cadre d'un projet européen et mondial, utilisera cette tribune pour "proposer sa vision internationale pour le monde de demain", une vision autant économique que politique, explique son entourage.

Il exposera "les trois défis majeurs auxquels nous sommes confrontés: l'accroissement des inégalités -le thème de Davos cette année- la lutte contre le dérèglement climatique et l'érosion de la biodiversité et la gouvernance mondiale, face à la montée des nationalismes et des extrémismes", selon l'Elysée. Depuis son élection, il défend la mondialisation mais fustige régulièrement "les excès du capitalisme financier".

Pour l'instant, les milieux économiques sont enthousiastes de l'action de l'ancien banquier d'affaires qui dirige la France depuis huit mois. L'image de la France après des investisseurs a remonté en flèche grâce à ses réformes libérales (baisse des impôts sur les bénéfice et sur la fortune, flexibilité du travail).

Selon un baromètre réalisé en novembre par la Chambre de commerce américaine en France et le cabinet Bain & Company, 72% des investisseurs américains escomptent une évolution positive du contexte économique en France, un record, contre 30% en 2016.

Mais la croissance française, quoique meilleure depuis quelques mois, reste faible, de même que les créations d'emplois.

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