Décès d’Edmond Simeoni, figure de l’autonomisme corse
Edmond Simeoni, 84 ans, figure emblématique du mouvement autonomiste corse et père de Gilles Simeoni, actuel homme fort de l'île,...

Décès d’Edmond Simeoni, figure de l’autonomisme corse

Edmond Simeoni, 84 ans, figure emblématique du mouvement autonomiste corse et père de Gilles Simeoni, actuel homme fort de l'île,...
Public Sénat

Par Maureen COFFLARD

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Edmond Simeoni, 84 ans, figure emblématique du mouvement autonomiste corse et père de Gilles Simeoni, actuel homme fort de l'île, est décédé vendredi à l'hôpital d'Ajaccio.

Son décès a suscité une pluie d'hommages insulaires pour un "éveilleur de consciences", "père du nationalisme corse moderne".

Edmond Simeoni, qui souffrait de problèmes cardiaques depuis le début des années 80, était hospitalisé en soins intensifs à l'hôpital d'Ajaccio depuis le week-end dernier, selon l'entourage de son fils. "Il s'est éteint tranquillement auprès des siens", a déclaré à l'AFP Jean-Baptiste Calendini, directeur de cabinet de Gilles Simeoni.

Son corps a quitté Ajaccio vendredi soir pour rejoindre l'oratoire Saint Roch à Bastia où la famille recevra les condoléances pendant le week-end, a indiqué à l'AFP son entourage. Il sera ensuite transféré à Lozzi (Haute-Corse), son village d'enfance, où une cérémonie religieuse aura lieu lundi à 11h avant son incinération dans l'après-midi à Bastia, selon la même source.

A Bastia vendredi soir, de grands portraits du défunt ont été installés sur le kiosque de la place Saint-Nicolas, la principale de la ville.

Né le 6 août 1934 à Corte (Haute-Corse) et élevé à Lozzi (Haute-Corse), ce médecin gastroentérologue se présentait sur son site internet, sur lequel il commentait quotidiennement l'actualité, comme un "défenseur du peuple corse", "passionné de la famille, de la médecine, du sport, de la politique" et souffrant d'une "allergie grave à l’injustice". Il était engagé dans la lutte d'émancipation de la Corse depuis 1961.

"Il a été un éveilleur de consciences et un combattant", a réagi Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse. Evoquant les événements d'Aleria, M. Talamoni dit d'Edmond Simeoni qu'il "était le vrai représentant du peuple corse, face aux blindés de l’Etat français".

Le 21 août 1975, Edmond Simeoni avait occupé, avec une douzaine de militants nationalistes armés de fusils de chasse, une cave agricole près d'Aléria (Haute-Corse) pour dénoncer l'attribution par l'Etat de terres viticoles aux rapatriés d'Algérie. Quelque 1.500 gardes mobiles avaient donné l'assaut et deux membres des forces de l'ordre avaient été tués. Edmond Simeoni avait été condamné en juin 1976 à cinq ans de prison dont trois ferme pour ces événements qu'il a publiquement regrettés.

- "une vie de lutte" -

"À présent, il entre dans l’Histoire. Les Corses, de tous âges, dans la diversité de leurs convictions, savent ce qu’ils lui doivent. Quant à moi, je perds un ami", a poursuivi M. Talamoni.

La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, d'origine corse, Marlène Schiappa a également adressé ses "plus sincères condoléances" sur Twitter, assurant qu'"au delà des divergences politiques, sa personnalité, sa volonté de dialogue, son amour pour la Corse nous manqueront".

"Une immense figure de la Corse vient de nous quitter", a écrit la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo. Ségolène Royal a, quant à elle, rendu hommage à une "grande figure incarnant un idéal, un humanisme, une fierté".

Le parti de Gilles Simeoni, Femu a Corsica, dont le secrétaire général est le député nationaliste Jean-Felix Acquaviva, a salué sur Twitter, en corse, "une vie de lutte consacrée à la liberté, la paix et la démocratie" et évoqué la "perte d'un grand homme".

Les maires d'Ajaccio et Bastia ont également réagi ainsi que les trois députés corses dont Paul-André Colombani qui a rendu hommage au "père du nationalisme corse moderne". La Ligue des droits de l'homme de Corse parlait d'"un homme empreint d'humanisme, un militant de la fraternité et de la dignité".

Edmond Simeoni était marié, père de deux fils et grand-père de cinq petits-enfants.

Son premier combat avait été écologiste, à partir de 1960, contre le projet gouvernemental d'effectuer des essais nucléaires dans le massif de l’Argentella, près de Calvi, dans le nord-ouest de la Corse.

Europe Ecologie les Verts (EELV) a salué vendredi "la disparition d’une grande conscience". Cécile Duflot, l'ancienne ministre écologiste, aujourd'hui directrice générale d'Oxfam France, lui a dit "adieu et merci" en corse et Yannick Jadot, eurodéputé écologiste, a fait part de son "respect" pour "un inlassable partisan du dialogue, un amoureux de la paix et des territoires aux identités fortes".

Après sa sortie de prison en janvier 1977, le Dr Simeoni avait été élu en août 1982 à la première Assemblée de Corse et en 1983 conseiller municipal de Bastia.

Partager cet article

Dans la même thématique

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le

Décès d’Edmond Simeoni, figure de l’autonomisme corse
3min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », indique le sénateur RN Aymeric Durox

Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.

Le