Déconfinement :  « On a le sentiment d’avoir été entendus »
Alors que le gouvernement a précisé les contours de la première phase du déconfinement, sénateurs et élus locaux estiment plus ou moins avoir obtenu gain de cause sur certains aspects de l'après-11 mai.

Déconfinement : « On a le sentiment d’avoir été entendus »

Alors que le gouvernement a précisé les contours de la première phase du déconfinement, sénateurs et élus locaux estiment plus ou moins avoir obtenu gain de cause sur certains aspects de l'après-11 mai.
Public Sénat

Par Fabien Recker

Temps de lecture :

4 min

Publié le

A J-4 avant le déconfinement, les annonces du gouvernement n’ont pas créé la surprise. « C’était une conférence de précisions » rappelle Hervé Marseille, le patron des sénateurs centristes. « La confirmation à partir de nos débats au Sénat » constate Patrick Kanner, président du groupe socialiste.

Restent des questionnements. La carte d’une France coupée en deux présentée par Olivier Véran n’est pas du goût de tout le monde. Dans le quart Nord-Est, classé rouge, le déconfinement sera plus strict. « Est-ce que c’était utile de flêcher cela ? » s’interroge Patrick Kanner. Il pointe le caractère anxiogène de cette distinction. « Sachant que la seule différence entre le rouge et le vert est l’ouverture des collèges et des parcs et jardin, donc seulement deux critères ».

Vert ou rouge

« On comprend très bien qu’il y ait un distingo à ce stade entre les zones rouges et vertes » juge au contraire Jean-Marie Bockel, sénateur (LR) du Haut-Rhin, département rouge. « Il faut accepter cela et on sait que les choses peuvent évoluer dans le bon sens assez rapidement. »

La réouverture des écoles primaires, sujet majeur du déconfinement, continue aussi de faire débat. Jean-Michel Blanquer a annoncé que « 80 à 85% des écoles » allaient reprendre. Suite à une circulaire en date du 6 mai, les maires auront finalement le dernier mot pour rouvrir ou non une école. « Il y a davantage de progressivité » se félicite Agnès Le Brun, vice-présidente de L’Association des maires de France (AMF) et maire de Morlaix. « Les maires étaient prêts à rouvrir progressivement, mais pas forcément  le 12 mai. Ils ont fait le bras de fer pour que la réouverture ne soit pas coercitive. A Morlaix, ca fait 3 jours qu’on ne dort plus pour organiser la reprise. »

L’accès aux plages, une « victoire »

L’élue locale constate en tout cas un « fléchissement » de l'exécutif. « On a le sentiment d’avoir été entendus, comme sur le sujet des 100 km. » Comme l’a indiqué Christophe Castaner, cette limitation de déplacement (qui se calcule à vol d’oiseau) ne sera pas appliquée tant que l’on ne franchit pas les frontières de son département. 

L’autre « victoire » des élus locaux concerne les plages. Leur accès pourra être autorisé par le préfet sur demande du maire. « C’était inique! Quand vous habitez un département avec 1300 kilomètres de côte, la plage c’est pas pour se mettre de la crème à bronzer. C’est une activité » affirme Agnès Le Brun. « L’ouverture des plages n’est pas anecdotique » souligne Patrick Kanner. « Il faut aussi redonner une perspective aux Français. »

Masques

Des Français qui s'apprêtent à reprendre les transports en commun. Le port du masque y sera obligatoire, sous peine d’une amende de 135 euros. « Avant de verbaliser, créons les conditions pour que tout le monde puisse avoir un masque » réagit la sénatrice communiste du Val-de-Marne Laurence Cohen. Dans sa ville de Gentilly, elle constate des difficultés d’approvisionnement. « Avec la raréfaction des rames, on constate déjà qu’il y a du monde dans les transports. Lundi, il va y avoir un nombre plus important de voyageurs. Je ne trouve pas que les annonces qui sont faites permettent d’être totalement rassuré. »

Pour Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, il faut encore étendre l’obligation du port du masque.  « C’est un vrai moyen de lutte, car il est très pédagogique. C’est un signal. A partir du moment où il est obligatoire dans les gares, dans les transports publics, de nombreux magasins, il faut qu’il soit obligatoire dans l’espace public. »

Les maires en première ligne

Si le gouvernement a passé en revue de nombreux aspects concrets du déconfinement, certains sujets ont été passés sous silence. Comme la responsabilité pénale des élus locaux, en première ligne pour gérer la reprise. « Le Sénat avait demandé que leurs responsabilités soient clarifiées » rappelle Hervé Marseille. Le gouvernement s’y est opposé. « On peut le regretter. »

Patrick Kanner juge de son côté que « la préoccupation sociale n’a pas été affichée, alors qu’on sait qu’il va y avoir un drame social. Ce n’était peut être pas le but de cette conférence de presse, mais on aurait pu émettre un message vis-à-vis des Français qui bien sûr s’inquiètent du coronavirus, mais aussi s’inquiètent s’ils vont retrouver du boulot ». 


 

Partager cet article

Dans la même thématique

Déconfinement :  « On a le sentiment d’avoir été entendus »
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Déconfinement :  « On a le sentiment d’avoir été entendus »
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le