Delevoye confirme l’âge de départ à la retraite à 62 ans avec « un mécanisme d’incitation » à travailler plus longtemps
Dans un entretien accordé à l'Est Républicain, le Haut-Commissaire en charge de la réforme des retraites assure que l'âge légal de départ ne serait pas reculé tout en affirmant qu’il faut inciter à travailler plus longtemps notamment avec un possible système de bonus.

Delevoye confirme l’âge de départ à la retraite à 62 ans avec « un mécanisme d’incitation » à travailler plus longtemps

Dans un entretien accordé à l'Est Républicain, le Haut-Commissaire en charge de la réforme des retraites assure que l'âge légal de départ ne serait pas reculé tout en affirmant qu’il faut inciter à travailler plus longtemps notamment avec un possible système de bonus.
Public Sénat

Par Yann Quercia

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La fin de la concertation sur la réforme des retraites connaît des turbulences. Depuis septembre 2017, le gouvernement a confié à Jean-Paul Delevoye, en tant que Haut-commissaire, la délicate mission de discuter avec les partenaires sociaux de la réforme des retraites. Interrogé hier par l’Est Républicain, Jean-Paul Delevoye assure que le gouvernement ne touchera pas à l’âge légal de départ actuellement fixé à 62 ans : « J’ai souhaité une clarification apportée par le Premier ministre qui a confirmé mon mandat : l’âge légal ne changera pas », a-t-il fait savoir.

Ces dernières semaines, un grand flou régnait au sein l’exécutif sur la question de l’âge de départ légal. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait dit ne « pas » être « hostile » à l'idée de retarder l'âge de départ en retraite, n'excluant pas de « proposer un allongement de la durée de travail ». La ministre était vite épaulée par son collègue du Budget, Gérald Darmanin. Emmanuel Macron avait pourtant fait du maintien de l’âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans, une promesse de campagne.

Distinguer « l’âge d’ouverture des droits » de l’âge à taux plein

Les choses sont désormais claires sur l’âge de départ légal à 62 ans. Pourtant cela ne signifie pas que les Français ne devront pas travailler plus longtemps. « Il ne faut pas se tromper de débat » affirme l’entourage de Jean-Paul Delevoye qui insiste sur le fait qu’un départ à 62 ans à taux plein n’est pas ce qui est garanti.

« Il faut distinguer l’âge légal d’ouverture des droits, de l’âge de départ à taux plein et l’âge d’équilibre du système », précise le Haut-Commissaire dans son entretien. « Notre engagement est de préserver la liberté de partir à 62 ans, tout en sachant que l’intérêt de l’équilibre du système est que vous partiez de préférence à 63 ans, 64 ans, d’où les idées de surcote et de décote », détaille Jean-Paul Delevoye. « Il faut mettre en place un mécanisme d’incitation pour laisser la liberté de choisir » précise son entourage. La piste d’un bonus est envisagée pour les futurs retraités liquidant leurs droits après 62 ans pourraient bénéficier d'un « coefficient majorant ».

Jean-Marie Vanlerenberghe, rapporteur général de la commission des affaires sociales explique que « dans le système actuel, l’équilibre n’est pas assuré. Dans un système par point, on est forcément dans un cas différent. On a un ajustement qui peut se faire. Ce n’est plus l’âge qui est déterminant, même s’il faut un âge plancher, qui est actuellement de 62 ans ».

René-Paul Savary, sénateur LR et rapporteur du budget de l’assurance vieillesse, ne voit pas forcément d’inconvénient avec un départ à 62 ans mais pose une question : « « Partir à 62 ans, âge minimum légal, mais avec quelle retraite ? Il faudra voir la proposition mais pourquoi pas. Cela veut dire que l’on part avec un âge minimum à 62 ans avec de la surcote. Derrière il faut voir quelle retraite va correspondre à ça. Tant que nous n’avons pas les propositions, c’est difficile de prendre position. »

La confirmation du maintien de l’âge de départ à 62 ans va à l’encontre de la position du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. « Il faut que le départ effectif en régime normal soit de 64 ans » d’ici 2028, soutenait-il la semaine dernière. Un départ à 62 ans avec une décote sur les points revient « à faire travailler les Français plus longtemps, mais sans leur dire » ajoutait-il.

Pas de contre-projet dans le dos de Delevoye

Hier, le Canard Enchainé évoquait une possible « réforme des retraites dans le dos de Delevoye ». « Inconcevable » répond ce matin l’entourage du Haut-commissaire qui précise « avoir besoin de travailler avec l’administration ». Le Canard Enchainé affirme que la Direction de la sécurité sociale a « concocté dans son coin un projet de loi portant sur la création d’un système universel de retraite. » L’hebdomadaire précise que ce projet de loi diffère « sensiblement de celui que porte le haut-commissaire. »

« Le Canard Enchainé s’est procuré un plan et ils en ont tiré des conclusions. Le squelette existe mais n’est le projet de loi n’est pas encore écrit. » Jean-Paul Delevoye aura à nouveau l’occasion de s’expliquer ce soir à Nancy sur cette réforme dans un dialogue avec des Français dans le cadre d’un cycle de débats organisé par la Fondation Jean Jaurès.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Statement on national defence at National Assembly
6min

Politique

Budget : après la loi spéciale, la perspective du recours au 49-3 se dessine

Sébastien Lecornu a acté le recours à une loi spéciale, présentée ce soir en Conseil des ministres. Mais cette solution ne peut être que temporaire, a rappelé le Premier ministre aux représentants des groupes parlementaires qu’il a reçus ce lundi. L’équation impossible demeure : comment faire adopter un budget sans majorité et sans recourir au 49-3 ?

Le

Delevoye confirme l’âge de départ à la retraite à 62 ans avec « un mécanisme d’incitation » à travailler plus longtemps
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le