Déploiement de la 5G : « La vraie raison de la précipitation est économique », dénonce Ronan Dantec

Déploiement de la 5G : « La vraie raison de la précipitation est économique », dénonce Ronan Dantec

Tandis que plusieurs élus écologistes demandent la tenue d’un moratoire sur le déploiement de la 5G en France, le président de la République a assuré, ce lundi, que ce « tournant » aurait bien lieu. Une précipitation expliquée par des motifs économiques, selon le sénateur Ronan Dantec.
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« J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ». Cette déclaration du président de la République, datée de ce lundi, intervient suite au débat lancé sur la mise en place de la 5G en France. Le 11 septembre, une soixantaine d’élus, dont les maires écologistes de Lyon, Bordeaux, ou Marseille, ont publié une tribune, dans les colonnes du JDD, pour demander au gouvernement un moratoire sur le déploiement de la 5G. « Cette décision intervient sans étude d'impact climatique et environnemental, ni aucune consultation publique préalable », soutiennent les élus, qui redoutent des conséquences environnementales et sanitaires. « Pendant ce moratoire, nous demandons la tenue d'un débat démocratique décentralisé sur la 5G et sur les usages numériques. » Ce lundi, Emmanuel Macron a assuré que la France prendrait bel et bien « le tournant de la 5G ».

Dans un communiqué, publié ce mardi, suite à la remise du rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G, issu d'une mission d'information mise en place par le gouvernement, le gouvernement détaille ses engagements concernant le déploiement de la 5G. Dans ses conclusions, le rapport soutient que « dès lors que les valeurs limites d’exposition (ndlr : aux ondes), correspondant à la réglementation actuellement en vigueur, sont respectées, les effets sanitaires de la 5G sont non avérés ». Les experts invitent toutefois à poursuivre les recherches « en particulier sur les bandes de fréquence dites millimétriques, et singulièrement 26GHz, qui ne seront pas employées en France à court terme ». S'appuyant sur ces conclusions, le gouvernement confirme sa volonté de déployer la 5G, tout en appliquant un certain nombre de recommandations préconisées par le rapport. L'exécutif s'engage ainsi à rendre public les informations dont il dispose s'agissant de la 5G, à limiter l'impact environnemental en impliquant Agence de la transition écologique (ADEME) et à l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) qui réaliseront un point d'étape en novembre. Le gouvernement entend aussi impliquer les élus locaux en mettant en place un comité de suivi et de transparence, et continuer le travail de recherche pour disposer de connaissances scientifiques sur les effets de l'exposition aux ondes. 

« C'est l'éternel débat des gens qui ont peur de tout progrès »

Il y a un an, déjà, le déploiement de la 5G avait été érigé en grande priorité par le gouvernement. Arguant de la nécessité de rattraper le retard de la France sur le sujet, l’exécutif avait prié le Parlement de se presser sur l’examen du projet de loi. En août 2019, la loi « 5G » qui instaure un régime d'autorisation préalable à l'exploitation de certains équipements des réseaux mobiles de cinquième génération « afin de protéger les intérêts de la défense et de la sécurité nationale » est donc votée. « Le débat a un an de retard », estime la rapporteure du projet de loi au Sénat Catherine Procaccia. « On reproche d’ailleurs à la 5G ce que l’on reprochait à la 4G, et à la 3G avant elle. C’est l’éternel débat des gens qui ont peur de tout progrès. » Pour la sénatrice Les Républicains, la crise sanitaire et la période de confinement ont montré, plus que jamais, « la nécessité du haut débit partout en France, notamment sur le télétravail. » D’un revers de main, elle balaie les arguments des détracteurs de la 5G. « Les déclarations ridicules des élus écologistes se succèdent », estime-t-elle. « Ce n’est pas parce qu’ils sont maires qu’ils détiennent la vérité scientifique et sont autorisés à raconter n’importe quoi pour faire peur à tout le monde. Le déploiement de la 5G ne présente pas plus de risques que celui de la 4G. »

« Je suis très irrité de la tirade démagogique du président »

Dans son rapport préliminaire, publié en janvier dernier, cependant, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) déplorait « un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition » aux ondes générées par la 5G. Le rapport définitif, quant à lui, est attendu pour la fin de l’année. Une raison suffisante, pour certains élus, de retarder le déploiement de la 5G sur le territoire. Au Sénat, une mission d'information relative à l'empreinte carbone du numérique a d'ailleurs été créée, en janvier dernier. « Je suis vraiment très irrité de la sortie du président de la République, qui ne répond, par sa tirade démagogique, à aucune des vraies questions que l’on se pose », réagit le sénateur écologiste Ronan Dantec. « D’abord : pourquoi débloque-t-on la 5G avant de se concentrer sur la réduction de la fracture numérique ? -Un problème soulevé de nombreuses fois au cours du quinquennat. Ensuite, pourquoi ne pas attendre simplement l’avis de l’Anses, pour être fixés sur les réels risques sanitaires ? ».

L’élu de Loire-Atlantique pointe du doigt « une offensive anti-écolo pour masquer un vrai débat ». Il cite l’audition de Martin Bouygues au Sénat, par la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, au cours de laquelle le président de Bouygues a soutenu que le déploiement de la 5G n’était pas une priorité. « La véritable raison de l’entêtement du gouvernement est économique », soutient le sénateur. « Emmanuel Macron, en agitant le spectre du retour à la bougie, cherche à masquer la raison de la précipitation du gouvernement, qui est de toucher le pactole de la mise aux enchères des fréquences de la 5G y compris contre l’avis des opérateurs qui considèrent qu’on a du temps ».

Martin Bouygues demande le report des enchères sur la 5G
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