Drapeaux corses et poignée de gilets jaunes pour accueillir Macron dans l’île

Drapeaux corses et poignée de gilets jaunes pour accueillir Macron dans l’île

Drapeaux corses à foison, banderoles sur les écoles, perturbations dans les liaisons aériennes et poignée de gilets jaunes déterminés à...
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Par Maureen COFFLARD, Manon PERELLI

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Drapeaux corses à foison, banderoles sur les écoles, perturbations dans les liaisons aériennes et poignée de gilets jaunes déterminés à approcher le président: pour l'ultime débat d'Emmanuel Macron en Corse où les nationalistes ont appelé à une "île morte", le mécontentement veut se faire entendre.

La route sinueuse de montagne qui mène au village de Cozzano (Corse-du-Sud) où à lieu le débat, est décorée de têtes de Maure noires sur fond blanc, la "bandera", le drapeau corse, sur une trentaine de kilomètres entre le village et Ajaccio. Accrochés sur les arbres, scotchés sur les poubelles ou les rideaux de fer à Ajaccio, ils sont là pour signifier au président Macron sur quelle terre il met les pieds.

Au fil des villages traversés pour rejoindre la salle des fêtes du débat, peu d'habitants s'aventurent dehors, quelques cochons occupent pacifiquement l'entrée du village de Corrano, à une dizaine de kilomètres de Cozzano, environ 300 habitants, épicentre des activités présidentielles.

"C'est toujours comme ça ici en hiver", lance un riverain sans vouloir en dire plus.

Au col St George, à 25 km d'Ajaccio, une trentaine de nationalistes dont Hyacinthe Vanni, président à l'Assemblée de Corse du groupe Femu a Corsica, le parti de Gilles Simeoni, ont agité leurs drapeaux au passage du convoi présidentiel, sans parvenir à le faire ralentir.

Des drapeaux corses à Belvédère-Campomoro en Corse le 4 avril 2019
Des drapeaux corses à Belvédère-Campomoro en Corse le 4 avril 2019
AFP

A la sortie de Sampolo où il était prévu que le président s'arrête dans le bar du village avant que cette étape ne soit annulée, les arbres calcinés de l'incendie de fin février donnent au lieu une atmosphère lugubre, sous un ciel bas et gris et une pluie fine.

Au barrage filtrant installé par les forces de l'ordre, à six kilomètres de Cozzano, une quinzaine de "gilets jaunes", drapeaux corses sur les épaules, tentent de trouver le moyen d'entrer dans le périmètre sécurisé. Après avoir essayé une vaine percée à travers le maquis, bloqués par l'important dispositif de sécurité, ils ont rebroussé chemin, a constaté l'AFP.

À Ciamannacce, juste avant Cozzano, les rues sont désertes. Seul va et vient: les rotations des navettes qui amènent les journalistes et les élus du stade du village jusqu'à la salle des fêtes où un immense drapeau français recouvre l'un des quatre murs à côté d'un petit drapeau corse.

- Lonzo et coppa pour Emmanuel Macron -

Angèle Aliotti, habitante septuagénaire de Ciamannacce, regrette que le débat ne se tienne pas dans sa commune: "J'aurais voulu voir le président Macron pour pouvoir faire une photo avec lui et avoir une dédicace", soupire-t-elle. Quant aux tiraillements avec les dirigeants nationalistes, elle lâche simplement à l'AFP : "A chacun ses opinions. Moi je n'ai pas de reproche à lui faire".

En attendant la navette qui l'amènera à Cozzano, Jean-Pierre Arrii, maire de Loretto di Tallano, fort de 50 habitants, qui se présente comme un démocrate régionaliste libéral, juge "tout naturel que les élus invités aillent à sa rencontre" et espère "l'amorce de l'ouverture d'un dialogue" et "quelques mesures spécifiques, compte tenu de la désertification de l'intérieur de la Corse et son insularité".

Emmanuel Macron visite les locaux de la salaison de Dominique Cesari à Cozzano en Corse le 4 avril 2019
Emmanuel Macron visite les locaux de la salaison de Dominique Cesari à Cozzano en Corse le 4 avril 2019
POOL/AFP

A Cozzano, le président a fait étape dans la charcuterie de Dumè Cesari, haut lieu des lonzos et autres coppas corses qu'il "vend jusqu'à Singapour", confie-t-il au chef de l’État.

Au même moment, quelque 200 manifestants se sont rassemblés, sous la pluie, devant la préfecture de Corse à Ajaccio, à l'appel à la fois d'une intersyndicale pour dénoncer la politique du gouvernement et du puissant syndicat des travailleurs corses (STC) pour "s'opposer au mépris de l'Etat français vis-à-vis de la Corse".

Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse qui boycotte le débat de Cozzano, s'est joint aux manifestants alors que, là aussi, les "bandera" flottaient, nombreuses.

A l'appel de la coalition nationaliste Pè a Corsica, la demi-journée "île morte", prévue entre 12H et 18H, se traduit notamment par des transports ferroviaires et aériens perturbés. "Il n'y a aucun mouvement entre 12H et 18H mais tous les vols prévus sur ce créneau ont été reportés soit avant soit après", a précisé à l'AFP le directeur de l'aéroport d'Ajaccio où s'est posé, peu après 11H15, l'avion du président.

Devant plusieurs lycées à Bastia et Ajaccio, de grands drapeaux corses ou affiches marquent le soutien à la mobilisation: "Lingua viva" ou "isula morta pa un populu vivu!", peut-on lire sur le lycée Fesch d'Ajaccio. A Bastia, devant la préfecture de Haute-Corse, le rouge des drapeaux de la CGT décore les grilles.

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