Du Nord au Sud, les sympathisants du RN aspirent au « changement »
Des Ardennes au Var, les sympathisants du RN aspirent au "changement" lors des européennes du 26 mai pour que, cette fois, Marine...

Du Nord au Sud, les sympathisants du RN aspirent au « changement »

Des Ardennes au Var, les sympathisants du RN aspirent au "changement" lors des européennes du 26 mai pour que, cette fois, Marine...
Public Sénat

Par Anne RENAUT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Des Ardennes au Var, les sympathisants du RN aspirent au "changement" lors des européennes du 26 mai pour que, cette fois, Marine Le Pen batte Emmanuel Macron, les sorte de leur "galère" et "chasse les migrants".

"C'est la seule qu'on n'a jamais goûtée", explique Jean, un bûcheron au chômage de 55 ans habitant à Draguignan, dans le Var, bastion du parti où Marine Le Pen a tenu un meeting vendredi soir.

Très remonté contre Emmanuel Macron, "un technocrate de l'Europe qui n'aime que les riches" et "s'en fout des Français", il votera sans hésitation pour le Rassemblement national dans deux semaines.

Emmanuel Macron, en disant qu'il était "prêt à tout" pour battre le RN, "met son avenir entre les mains des électeurs, oui ou non ?", a demandé Marine Le Pen à ses militants. "Oui" a répondu en chœur la salle.

Même son de cloche 900 km plus au nord, à Rocquigny, un village des Ardennes qui a voté à 60% pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. "Il faut du changement, ce n'est qu'avec elle qu'il y en aura", y assure Bernard, boucher à la retraite de 73 ans, venu main dans la main avec sa femme Marie-José voir la cheffe du Rassemblement national à la salle des fêtes du village.

- "Même galère" -

"Marine mérite de passer" devant Macron cette fois "parce que quand je vois tous ceux en haut de l'échelle qui s'en mettent plein les fouilles !", s'exclame-t-il, ajoutant qu'il "soutient à fond" les "gilets jaunes".

Au pied de la forêt, les vallons ardennais sont verdoyants. "Notre grande richesse, c'est la verdure et le calme, mais ça ne remplit pas le porte-monnaie", explique le maire, Marcel Bertaux, qui en fut le boulanger pendant 50 ans. La boulangerie est toujours là, mais plus l'épicerie. Il n'y a pas de médecin, et deux classes de primaire sont menacées de fermeture.

Il est "étonné" que ses administrés aient voté Marine Le Pen "alors qu'il n'y a pas d'Arabe ou d'immigré ici".

Mais l'essence "c'est au moins 300 euros par mois", quand la première station-service est à 20 minutes de voiture, a calculé Violette, assistante familiale de 56 ans, venue en curieuse.

"On a déjà eu la gauche, la droite et le centre, et c'est la même galère", déplore sa collègue Nadine. Alors le RN, "ça ne peut pas être pire", ajoute Violette, ressortie du meeting convaincue "d'aller voter", alors qu'elle comptait s'abstenir, comme plus de la moitié des Français selon les sondages.

Lunettes fumées et traits tirés, cette retraitée attend dans sa voiture avec sa mère âgée. "Les Européennes ça ne m'intéresse pas plus que cela, mais il faut montrer à Macron qu'il y en a beaucoup qui ne sont pas d'accord".

- "Souks islamiques" -

Marie-Claude, 62 ans, qui a travaillé auprès des personnes âgées, n'a plus de voiture "et ça n'est pas facile sans, ici". Déçue par l'échec de Marine Le Pen à la présidentielle, elle veut "reprendre espoir".

Chez les électeurs du RN à Draguignan, c'est moins le pouvoir d'achat que l'immigration qui préoccupe, selon le patron de la fédération locale Frédéric Boccaletti.

Jordan Bardella, tête de liste du RN, s'est rendu vendredi au Luc, une ville du Var gérée par le parti d'extrême droite qui avait contesté en 2017 l'implantation d'un centre d'accueil de migrants.

Il y a dénoncé "les effets de la répartition obligatoire" des migrants "votée aussi bien par les alliés de Macron que par les eurodéputés LR", avant de fustiger en meeting "la transformation de certains marchés provençaux du Var en souks islamiques".

"Les immigrés ont tout et nous on ne peut même pas se faire réparer les dents", s'indigne un couple d'artisans du Loir-et-Cher à la retraite, Claude et Maryse Auchapt, de passage à Draguignan. "Il y a toujours les mêmes au pouvoir et Macron c'est le pire des pires".

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le

Paris: Salon europeen de l Education
4min

Politique

Budget 2026 : Un rapport du Sénat dénonce « un coup dur porté à la jeunesse », avec une réduction de l’enveloppe dédiée au service civique

Comme en 2025, la mission sport, jeunesse et vie associative subie une sérieuse coupe dans le budget. Le service civique voit son enveloppe budgétaire réduite de 20 %, soit 114,4 millions d’euros par rapport à l’année dernière. « Se priver d’un dispositif qui fonctionne au moment où on a besoin de faire du lien social, c’est incompréhensible », regrette le rapporteur des crédits, Éric Jeansannetas (PS).

Le