Selon un sondage Ifop, seuls 44 % des électeurs français prévoient de se rendre aux urnes le 9 juin. Dans un scrutin européen marqué par l’abstention, le vote des jeunes sera particulièrement scruté. En 2019, leur mobilisation tardive avait fait grimper le vote écologiste. Feront-ils mentir les sondages en 2024 ?
Échanges musclés autour de la libéralisation du marché agricole
Par Héléna Berkaoui
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« Nous, tout ce qu’on défend, c’est vivre dignement de notre métier, quel que soit le pays où on travaille », martèle Pierre Priolet, cofondateur de C’Just, auteur de Les fruits de ma colère. Plaidoyer pour un monde paysan qu’on assassine. Invité sur le plateau de Public sénat, Pierre Priolet s’emporte contre les travers du libéralisme qui conduisent à ce que « nos revenus français » financent « des productions agricoles produites par des gens qui sont sous-payés voire mal payés soit, même souvent, en esclavage ».
Une position défendue avec force sur notre plateau, organisé autour d’une problématique : Producteurs / distributeurs : comment assurer un juste prix ? Pierre Priolet, qui s’exprime sous le regard dubitatif du président de l’Observatoire des prix et des marges, poursuit son coup de colère. « Aujourd’hui on est tellement libéral qu’on arrive plus à se dire : est-il normal que, pour avoir plus de rendement, je mette plus de pesticides ? Est-il normal que je mette plus d’engrais ? Est-il normal que je prenne le risque d’empoisonner la population que je suis censé nourrir uniquement par l’appât du gain ? »
« Sur le marché mondial ce ne sont pas des petits Bengalis que nous avons en face de nous ! »
« Vous caricaturez ! », s’emporte à son tour Philippe Chalmin, le président de l’Observatoire des prix et des marges. « Sur le marché mondial ce ne sont pas des petits Bengalis que nous avons en face de nous ! Le concurrent de Monsieur Roquefeuil, c’est un producteur de lait néozélandais qui a le même niveau de vie que le producteur de lait breton », soutient-il. Une analyse divergente qui n’empêche pas le président de l’Observatoire des prix et des marges de rejoindre Pierre Priolet sur un point : le « c’était mieux avant ».
« Là où vous avez raison c’est que vous parlez du monde, malheureusement, d’hier, le monde d’hier c’était le monde la politique agricole commune », poursuit-il. Selon Philippe Chalmin, « cette politique agricole commune a été balayée par un grand vent libéral » même si « on en a gardé des aides directes ». À deux ans de la 6ème réforme de la PAC, son constat est sans appel : « Pour le meilleur et pour le pire (…) on est passé à une logique d’économie de marché et je ne crois pas que l’on pourra revenir en arrière (…) je ne crois pas qu’aujourd’hui on pourra recréer la politique agricole commune que nous avons connue dans les années 60 ».