Écologie : que proposent les 12 candidats à la présidentielle ?

Écologie : que proposent les 12 candidats à la présidentielle ?

L’écologie est la grande absente de la campagne électorale. Les candidats ont pourtant formulé – pour la plupart – des propositions à ce sujet. Résumé des orientations prises par les 12 candidats à la présidentielle sur les questions écologiques.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que 139 marches pour le climat sont prévues dans toute la France ce samedi 12 mars, l’environnement peine à s’imposer dans une campagne phagocytée d’abord par la crise sanitaire, puis par les thématiques identitaires, et maintenant par la guerre en Ukraine. À un mois du 1er tour, il semble que l’écologie devra passer le sien. D’où le thème de la marche pour le climat de cette année : « Look up ! Une manifestation pour ouvrir les yeux », en référence au film à succès sorti sur la plateforme Netflix en décembre dernier. Alors que le deuxième volet du rapport du GIEC, sorti le 28 février dernier, prédit des conséquences inquiétantes – même pour 1,5° de hausse des températures – le prochain quinquennat sera décisif pour que la France tienne ses objectifs climatiques. Nous vous proposons donc un tour d’horizon de ce que les candidats à l’élection présidentielle proposent en la matière.

  • Nathalie Arthaud : face au capitalisme, une « économie rationnelle et planifiée » pour sauver l’environnement

Pour la candidate de Lutte Ouvrière, le cœur du problème environnemental reste « la mainmise sur l’économie des grands groupes capitalistes. » Elle dénonce une écologie « qui fait maintenant partie de stratégies publicitaires » et qui se résume à des « taxes qui pèsent sur le budget des plus pauvres » ainsi qu’à des « subventions aux entreprises au nom de la transition énergétique. » Nathalie Arthaud entend mettre en place une « économie rationnelle, concertée et planifiée, à l’échelle de la planète » en « enlevant aux groupes privés la direction de l’industrie, des transports. »

  • Nicolas Dupont-Aignan : nucléaire, isolation du bâti et relocalisations

Le 6ème homme de la dernière présidentielle mise beaucoup sur l’énergie, et notamment l’électricité pour diminuer les émissions de CO2 françaises, avec une relance du nucléaire et un maintien d’EDF et des barrages dans « l’actionnariat public. » « NDA » met aussi en avant un plan d’isolation du bâti et de décarbonation du secteur du bâtiment et de l’automobile.

L’autre grand axe du programme écologique de Nicolas Dupont-Aignan, c’est la relocalisation de production en France, avec un conditionnement des traités de libre-échange au respect des normes environnementales.

Enfin, le candidat insiste sur le bien-être animal, avec l’obligation de mise en place de vidéosurveillance dans les abattoirs et la négociation avec les cultes d’un abattage avec étourdissement.

  • Anne Hidalgo : investissements et fiscalité écologique pour mener le « combat du siècle »

C’est la 2ème des 8 parties qui constituent le programme de la maire de Paris. Anne Hidalgo entend atteindre 100 % d’énergies renouvelables « aussi rapidement que possible » par la planification écologique, avec le nucléaire comme « énergie de transition » et donc sans construire de nouvelles centrales.

La candidate du PS souhaite ainsi électrifier le parc automobile (1 million de bornes électriques supplémentaires) et financer le « retour des petites lignes » pour développer le ferroviaire, avec un doublement du fret d’ici 2030 et une taxe sur l’avion quand une alternative ferroviaire existe. Les loyers devraient être encadrés en fonction de la performance écologique du logement et un grand plan pluriannuel de rénovation énergétique des bâtiments aura pour but de rénover 760 000 logements privés par an..

Dans cet esprit, Anne Hidalgo entend développer une « fiscalité écologique juste », avec un ISF climatique et un fléchage de la fiscalité écologique vers des investissements dans la transition et dans des « mesures sociales en faveur des ménages particulièrement impactés par la transformation de nos modes de vie. » Au niveau juridique, Anne Hidalgo défend l’inscription de la protection de l’environnement dans la Constitution ainsi que la reconnaissance par la loi du crime d’écocide.

  • Yannick Jadot : énergies renouvelables, fiscalité écologique et investissements dans les transports et la rénovation thermique

Sur l’énergie, Yannick Jadot propose de sortir « à terme » du nucléaire en fermant 10 réacteurs d’ici 2035 et de développer les énergies renouvelables par un aménagement décentralisé (« projets citoyens »), avec 3000 éoliennes et 25 GW de solaire supplémentaires sur le quinquennat.

L’écologiste veut mettre fin à la vente de véhicules thermiques neufs dès 2030 et interdire les lignes aériennes si le trajet en train dure moins de 4h. La construction de 700 000 logements sociaux et la rénovation de 5 millions de logements devraient permettre d’en finir avec les passoires thermiques. Yannick Jadot veut aussi mettre fin à l’élevage industriel et diviser par deux l’usage des engrais et des pesticides de synthèse d’ici 2027.

Le principe de conditionnement des aides publiques aux entreprises à des engagements écologique structure le programme de Yannick Jadot. La fiscalité aussi devrait suivre ce principe, avec notamment un ISF climatique et une augmentation de la TVA sur les transports polluants. À l’inverse, le candidat d’EELV veut réduire la TVA sur les produits et les services écologiques. Enfin, Yannick Jadot entend limiter la publicité pour les produits polluants (alimentation ultra-transformée, vols low cost, SUV) et fixer un objectif de 50 % de vente en vrac.

  • Jean Lassalle : le nucléaire, et c’est tout

Le mot « écologie » ne figure pas dans le programme de Jean Lassalle. Il a tout de même déclaré vouloir prolonger de 25 ans les centrales nucléaires en fin de vie tout en stoppant l’éolien et le photovoltaïque. Le candidat veut aussi mettre en place un « ticket paysan » pour favoriser les circuits courts et interrompre les négociations des accords de libre-échange.

  • Marine Le Pen : nucléaire, anti-éolienne, soutien à l’agriculture française et droit des animaux

Dans ses « 22 mesures pour 2022 », la candidate du RN veut relancer la filière nucléaire, arrêter les projets éoliens et même « démanteler progressivement les parcs existants » pour « rendre aux ménages les 5 milliards de subventions versées notamment aux éoliennes. »

Marine Le Pen insiste aussi sur l’agriculture, où elle veut « lutter contre l’artificialisation des terres agricoles » et mettre en place un « plan de soutien à l’agriculture biologique. » De même, la candidate souhaite exclure l’agriculture des traités de libre-échange et protéger les producteurs face aux aléas climatiques par un système d’assurance. Enfin la candidate du RN souhaite favoriser les produits français par de l’affichage d’origine et un quota de 80 % de produits français dans les cantines.

Eleveuse de chats agrémentée, Marine Le Pen met en dernier lieu en avant la protection des animaux, avec une reconnaissance juridique et de droit civil des animaux, et un soutien aux associations.

  • Emmanuel Macron : relance du nucléaire après un quinquennat en demi-teinte sur l’action climatique

Le Président de la République n’a pas encore formellement de programme, mais on peut considérer son discours à Belfort du 10 février dernier comme des annonces pour un éventuel second quinquennat au niveau politique énergétique : un « pari industriel » reposant sur 6 EPR2 pour 2035, 8 à l’étude, ainsi que sur une baisse du rythme de développement de l’éolien terrestre pour privilégier l’éolien flottant, et surtout le solaire, avec 100 GW en 2050.

Pour le reste des questions qui touchent à l’écologie, le candidat Macron n’a pas encore fait d’annonce, mais son mandat a été marqué par des dispositifs comme Ma Prime Rénov' pour la rénovation thermique du bâti et la Convention citoyenne pour le climat, dont la portée concrète a fait débat.

  • Jean-Luc Mélenchon : 100 % renouvelables et sobriété énergétique, planification écologique et règle verte

Au niveau énergétique, le candidat de l’Union populaire mise sur un mix énergétique 100 % renouvelable pour « sortir des énergies fossiles et du nucléaire. » Cette transition se base sur la sobriété et l’efficacité énergétique – dans les transports et le bâtiment notamment (rénovation thermique de 700 000 logements par an) – pour réduire la consommation, tout en déployant des énergies renouvelables.

Cette transition devra se faire sous l’égide d’un pôle public de l’énergie, constitué d’EDF et d’Engie renationalisés, en lien avec des coopératives locales produisant des énergies renouvelables. C’est la fameuse « planification écologique » au cœur du programme de Jean-Luc Mélenchon depuis 2017, tout comme l’inscription dans la Constitution de la « règle verte » qui consiste à ne pas prélever sur la nature plus que ce qu’elle peut reconstituer et ne pas produire plus de pollution et de déchets que ce qu’elle peut supporter.

Pour ce faire, le candidat LFI veut interdire immédiatement les plastiques à usage unique et interdire la publicité pour des produits et services les plus polluants.

  • Valérie Pécresse : nucléaire, freinage du développement de l’éolien et simplification des normes environnementales

Sur la politique énergétique, Valérie Pécresse propose de construire 6 nouveaux EPR2, mais veut permettre aux habitants de refuser des projets d’implantation d’éoliennes. La candidate LR entend aussi électrifier les transports en commun et le parc automobile, en mettant fin à la vente de véhicules thermiques neufs en 2035.

Valérie Pécresse entend aussi « simplifier » les normes environnementales, « limiter les recours en justice » contre les grandes infrastructures et refuser la sortie des pesticides. Elle promeut la création d’un label « produit en France » et veut favoriser les produits locaux dans la commande publique, et défend la taxe carbone aux frontières de l’UE que la Commission européenne a commencé à mettre en place.

  • Philippe Poutou : sortie du nucléaire à 10 ans, socialisation de l’énergie et transports gratuits

Pour le NPA, la transition écologique passe par une socialisation de secteur de l’énergie et au développement de la sobriété énergétique (isolation thermique du bâti). Philippe Poutou défend une sortie du nucléaire en 10 ans (avec fermeture immédiate des réacteurs de plus de 40 ans) et des énergies fossiles vers une « alternative écosocialiste », avec 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050.

Le candidat du NPA défend aussi une « agriculture libérée du productivisme et du marché » (interdiction des intrants chimiques, circuits courts, tout bio dans 10 ans et moratoire sur les dettes). De même, Philippe Poutou veut développer des transports 100 % publics et gratuits, avec une augmentation du versement transport et une priorité au fret fluvial et ferroviaire et une « réduction drastique » du transport aérien.

  • Fabien Roussel : nucléaire, réindustrialisation et gastronomie française

Le candidat du PCF propose un mix énergétique « 100 % public et 100 % décarboné », avec un pôle public de l’énergie, la construction de 6 EPR supplémentaires et investissement dans les renouvelables (« solaire, éolien, et surtout dans l’hydraulique »).

Le candidat communiste insiste sur la réindustrialisation, tout en maintenant la nécessité de « réduire notre empreinte carbone », en favorisant les transports écologiques et collectifs, par un plan d’investissement, notamment dans les trains du quotidien. Fabien Roussel met aussi en avant une agriculture locale et la défense de la gastronomie française.

  • Éric Zemmour : nucléaire, « rationalisation » des énergies renouvelables et développement durable « positif »

Sur l’énergie, le candidat de Reconquête propose de relancer la filière nucléaire, en prolongeant la durée de vie du parc existant à « 60 ans au moins » et en construisant 14 EPR2 à horizon 2050. Éric Zemmour veut aussi « rationaliser le développement des énergies renouvelables » en « mettant fin aux projets éoliens qui saccagent nos paysages », pour rediriger le soutien public vers la géothermie.

Éric Zemmour défend des « politiques positives de développement durable », privilégiant les circuits courts et le recyclage. Au niveau fiscal, la taxe carbone proposée par Éric Zemmour correspond aussi au projet envisagé par la Commission européenne de taxe carbone aux frontières de l’UE.

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