C’est un chiffre qui a dû redonner le sourire à Bercy en plein marathon législatif pour l’adoption du projet de loi pouvoir d’achat. Au deuxième trimestre, la croissance française est meilleure que prévue : le PIB a progressé de 0,5%, c’est plus que les 0,2% attendus par la Banque de France. Une « victoire de l’économie française » pour Bruno Le Maire. A l’issue du dernier Conseil des ministres avant les vacances, ce vendredi, il a affiché sa confiance dans la capacité du pays à atteindre l’objectif de 2,5% de croissance en 2022. Sur la même période, la croissance allemande a stagné, et les Etats-Unis frôlent désormais la récession.
Bruno Le Maire : « Nous ferons les 2,5% de croissance en 2022 »
Des « performances inespérées »
Autre bonne nouvelle sur le front économique : le chômage a reculé de 0,8% au deuxième trimestre. Seule ombre au tableau, l’inflation progresse - 6,1% en juillet sur un an - mais reste bien dessous de la moyenne de la zone euro à 8,9%. « L’économie Française résiste bien, on a des performances relativement inespérées sur l’emploi. Jusqu’à présent, la France a fait les bons choix » reconnaît Henri Sterdyniak. « On a limité l’inflation grâce au blocage des prix de l’électricité et du gaz, et du soutien massif apporté aux entreprises en 2020 et 2021 » rajoute le co-fondateur des Economistes Atterrés, association pourtant critique de la politique d’Emmanuel Macron.
Les vertus du « quoiqu’il en coûte »
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l’Etat français a débloqué 41 milliards d’euros d’aide aux entreprises à travers le Fonds de solidarité. « Le "quoiqu’il en coûte" a permis de préserver l’outil industriel. De ce point de vue-là, c’est un succès » juge également Jean-Dominique Giuliani. Le Président de la Fondation Robert Schuman (think-tank libéral) en veut pour preuve la comparaison entre Air France-KLM et la Lufthansa. Au deuxième trimestre, l’entreprise franco-néerlandaise a dégagé un bénéfice de 324 millions d’euros, premier résultat positif depuis 2019. Un contraste avec la compagnie aérienne allemande. « Lufthansa a licencié à tour de bras pendant la crise (…) et a annulé 3 000 vols cet été » rappelle l’économiste.
Un automne à risques
La France finira-t-elle par être rattrapée par la crise qui semble s’installer chez ses voisins ? « Il ne faut jamais se réjouir trop vite » prévient Jean-Dominique Giuliani. A terme, il craint un effet à retardement de la politique du « quoiqu’il en coûte ». « Dans la restauration, beaucoup ferment parce qu’ils ne trouvent plus de personnel qui a pris l’habitude d’être payé sans travailler. Ça peut remettre en cause la croissance à l’automne ». Henri Sterdyniak se montre plus optimiste. « Tout dépend de l’évolution du prix de l’énergie. S’il y a un blocage des importations de gaz russe, ça aura un impact sur l’Allemagne et l’Autriche, et la France en subira le contre-coup. Mais le plus probable, c’est qu’on aura une croissance modérée qui nous permettra de limiter la croissance du chômage ».